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Séville, la classe selon Santiago Domecq

Séville va probablement signer un bail de très longue durée avec la ganaderia de Santiago Domecq. Nous avons mangé notre pain blanc ce mardi. Il n’y aura pas beaucoup de lots mieux présentés, plus complets avec autant de classe, caste, bravoure et race cette temporada. Ou alors nous vivrons la temporada du second millénaire.

José Garrido a été très sincère et appliqué. Les aciers l’ont privé d’une sortie à hombros par la Porte des Cuadrillas.

Sortie à hombros pour David de Miranda, le torero de Huelva a su se mettre au niveau de l’exceptionnel 5ème. On peut discuter la seconde oreille compte tenu de la mise à mort en deux temps.

Leo Valadez est un torero appliqué mais fade. Il est resté en dessous de ses deux toros.

Les toreros

En bon Santiago Domecq, le premier charge avec noblesse et répète avec alegria. José Garrido exploite la très bonne corne droite du toro et construit une faena sincère, propre plus efficace qu’artistique. L’épée est efficace et permet au torero de couper le premier trophée de la tarde.  

Le torero de Badajoz a perdu à l’épée l’oreille qu’il avait gagné par son application et sa sincérité face à un nouveau toro encasté et noble de Santiago Domecq.

Bien débutée à droite, la faena de David Miranda va à menos. Le toro a de la caste et de la fixité. Le torero ne pèse pas assez sur un bicho qui demande plus de poder. Pour compenser, il réduit les distances et le rythme de la faena tombe. L’épée contraire est longue à agir. Salut après un avis. De Miranda coupe deux oreilles à un toro de grande classe de Santiago Domecq. La faena élégante mais sur le bout de la muleta au début est allé à mas quand le torero s’est centré. On a alors vécu un grand moment de tauromachie avec un grand troisième tiers du toro et un torero qui s’est mis au niveau.

Certes le troisième était plus réservé que les deux premiers mais il était noble et humiliait. La faena de Léo Valadez , brouillonne, a manqué de transmission et a été très mal conclue à l’épée. Le torero, bousculé à deux reprise, est parti à l’infirmerie à l’issue de sa prestation. Faena appliquée mais fade à un dernier toro qui pourtant permettait.

Les toros

Après Madrid, les toros de Santiago Domecq ont triomphé sur la sable de la Maestranza. Si on pouvait mélanger la bravoure du quatrième et la classe « sublime » du cinquième, on aurait devant nous le toro parfait. Un toro de grande classe (5ème), un très brave (4ème) et quatre autres nobles qui répétaient avec alegria, cela constitue un très grand lot de toros. Si l’indulto du cinquième ne s’imposait pas à cause du premier tiers, il est incompréhensible que le président n’ait pas sorti le mouchoir bleu. Le ganadero a été ovationné à l’issue de la course.

Pour rappel, les Santiago Domecq seront à Saint Sever au moins de juin face à Castella, Luque et Adrian.

Fiche technique
  • Arènes de Séville, première corrida de la Féria 2024. Troisième festejo de l’abonnement. Six toros de Santiago Domecq pour
    • José Garrido : oreille, silence (avis)
    • David de Miranda : salut (avis) , deux oreilles (avis)
    • Leo Valadez : silence , silence
  • Douze piques, ovation à Aitor Sanchez auteur d’un très bon tercio de varas au 4ème
  • Président : José Luque Teruel
  • Petite entrée, une demi-arène
  • Soleil, 20°
Toro par toro
Saleroso José Garrido

José Garrido est motivé. Il accueille le premier de rodillas à porta gayola et enchaîne par véroniques. Sans mise en suerte, le Santiago Domecq prend un premier puyazo dans le terrain du toril. Vuelta de campana puis mise en suerte plus orthodoxe, la seconde pique est brève mais prise avec bravoure. David de Miranda prend son tour pour un bon quite. Le toro, très Santiago Domecq, montre de bons principes lors des deux premiers tiers. Il a cette énergie et cette entrega caractéristique de ce fer. Le torero entame sa faena par des derechazos cités à mi-distance. Le toro est noble et répète avec alegria, musique . Garrido continue à droite profitant de la très bonne corne droite du « Santi ». A gauche, la première série à gauche est applaudie. Final par derechazos puis manoletinas en réduisant la distance, le toro charge avec toujours autant d’envie mais avec un peu moins de chispa.  José Garrido conclut cette faena sincère, appliquée et efficace par une entière engagée, légèrement basse, rapide d’effet. Le public demande et obtient une oreille pour le torero de Badajoz. Ovation pour le toro.  

Diestro.  David de Miranda

Le second est lui aussi dans le type de la ganaderia. Il alterne, à la cape, charges franches et d’autres un peu moins claires. Tardo, il se défend lors de la première rencontre avec le groupe équestre puis sort seul. Il ne s’emploie pas mieux à la seconde. Leo Valadez réalise un quite par chicuelinas auquel répond David de Miranda par tafalleras. Le début de faena par doblones est efficace et élégant. Le toro, cité de loin, charge avec beaucoup de caste. De Miranda le toréé sur le piton droit avec temple mais sans vraiment peser à partir de la mi-faena. A gauche, il cite de plus près. Le torero de Huelva baisse la main et tire une bonne série de naturelles à un toro qui humilie. Final encimiste, terrain raccourci, dommage car le toro transmet plus quand il est cité de loin.  Une série plus sévillane, puis le torero conclut par une entière contraire qui, forcément, est un peu longue à faire effet. Un avis sonne. Palmas au toro.

Listillo. Leo Valadez

Leo Valadez attend, lui aussi, son premier toro à porta gayola. Le Santiago Domecq, bien présenté, met bien la tête dans la cape du mexicain. Il s’emploie lors de la première rencontre mais juste de forces il ne bouge pas le cheval monté par Tito Sandoval.  Il est économisé lors de la seconde rencontre. Au tour de José Garrido d’instrumenter un bon quite par véroniques. Au début du troisième tiers, le toro semble s’être repris. Il charge avec noblesse et répète.  Le mexicain démarre à droite en citant de près le Santiago Domecq puis il donne plus de distance lors de la seconde série.  Les muletazos ne pèsent pas sur le toro et sont parfois brouillons. A gauche, le torero reste marginal et sa tauromachie est fade et transmet peu. Dommage car le bicho a un peu moins de rythme que les deux premiers mais il est noble, presque suave, et noble. Sur une faute de placement, Valadez se fait bousculer. Il prend l’épée et place une épée de gendarme dans les côtes du toro tout en subissant une nouvelle voltereta. Le Domecq tombe au second descabello et le mexicain rejoint l’infirmerie.

Coronado. José Garrido

Le quatrième est applaudi à son entrée en piste. Très bien piqué, il prend un premier puyazo en poussant. José Garrido le met en suerte, au centre, par chicuelinas. L’arracanda du toro est superbe, dommage que le puyazo soit trasero. Après de bons capotazos de Garrido, de Miranda donne un bon quite. Le picador est ovationné. Le toro poursuit les banderilleros au second tercio. Il y a matière à faire une faena avec de la transmission. Début de faena, par derechazos dans le terrain des planches, le « Santi » est noble. Il humilie et répète avec classe. Garrido en profite pour baisser la main et lier de très bons muletazos. A gauche, le bicho a un peu moins de rythme mais toujours autant de classe. Nouvelle faena sincère, propre et avec de la transmission d’un torero qui a su mettre en évidence son toro. Malheureusement il pinche lors de la première entrée à matar, la seconde est basse et la troisième tombée (avis).

Tabarro David de Miranda

Le cinquième s’endort sous le fer lors de la première et de la seconde rencontre. Fernando Sanchez est applaudi après avoir posé une bonne paire de banderilles. David de Miranda commence sa faena en alternant derechazos et pechos et arrucina au centre de la piste. Ill cite de de loin un toro qui charge avec bravoure et beaucoup de classe. De Miranda toréé sur le bout de la muleta un grand toro qui mériterait plus de sincérité et de poder. Le public apprécie les naturelles mais c’est le Santiago Domecq qui transmet le plus.  De Miranda se centre enfin et la faena prend une autre dimension. Pétition d’indulto, on a un peu oublié le premier tercio.  A prolonger la faena, le bicho part dans les tablas puis revient au centre. De Miranda continue la faena de fort belle manière. Le Président demande que le toro soit tué. De Miranda joue la montre puis entre à matar. Il pinche la première épée. Le torero prend un coup de corne en mettant une seconde épée entière et efficace.  Deux oreilles et pas de vuelta au toro qui pourtant la méritait largement.

Dormitido Leo Valadez

Le dernier est le plus lourd du lot. Il remate dans les planches à sa sortie du toril. Il pousse sur une corne lors de la première rencontre. La seconde se limite à un simple picotazo. Le quite par véroniques de Garrido est excellent. Leo Valadez répond par zapopinas. Il débute sa faena par doblones. Le toro est noble. Cité de loin, il charge avec alegria et répète. Après une bonne série à droite, le mexicain enchaîne par des naturelles. Le torero est appliqué mais il lui manque cette étincelle qui donnerait plus de transmission à sa prestation face à un toro qui ne demande qu’à suivre la muleta. La faena va, par la faute du torero, à menos. Valadez tue d’une demie et un descabello.

Thierry Reboul (corrida vue sur One Toro TV)

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