Reseñas

Roca Rey empereur de Bilbao

Roca Rey a conquis Bilbao en coupant trois oreilles dans une atmosphère de drame. Au delà du triomphe important du péruvien, cette corrida a montré une fois de plus que quand il y a des toros exigeants, l’émotion est au rendez-vous. Bien armés, sans excès de poids mais avec du tamaño, les Victoriano del Rio par leur exigence, leur complexité et leur caste ont fait que le public a vécu un grand moment de tauromachie.

El Juli a construit deux faenas dominatrices avec un très grand sens de la lidia. Malheureusement, il a mal tué. Manzanares, avec ses moyens actuels, a salué deux fois après des faenas honnètes à des toros sérieux. A son premier, le péruvien a fait du Roca Rey avec de très bons passages sur la corne droite, la meilleure du toro. Sur un extraño, il prend une rouste monumentale. Il part à l’infirmerie après avoir coupé une oreille. Un être normal serait parti à l’hôpital. Contre l’avis de la faculté, Andrès revient en piste pour lidier le dernier. Le toro est sérieux, le torero , physiquement diminué, est souvent en danger. La suite n’est qu’art, courage et tauromachie. Roca Rey, empereur de Bilbao. Ses sujets espèrent qu’il pourra être au cartel de la corrida de demain. Roi, empereur, peu importe, Bilbao attend Roca Rey, son torero.

Roca Rey n’a pas pu sortir en triomphe car il a rejoint l’infirmerie après avoir reçu les deux oreilles du sixième.

Fiche technique
  • Plaza de toros de Vista Alegre (Bilbao): sixième festejo des « Corridas Generales » de 2023
  • 6 toros de Victoriano del Rio dont un sobrero (3bis) pour
    • El Juli: salut au tiers (un avis), salut au tiers (avis).
    • José Maria Manzanares : salut au tiers (un avis), salut au tiers (un avis).
    • Roca Rey: une oreille, deux oreilles.
  • Treize piques
  • Président : l’indestructible Matias Gonzalez
  • 3/4 d’arène
  • Viruta salue au troisième et Antonio Chacon au sixième
  • Des gouttes
Toro à toro

Pour commencer l’après-midi sort en piste un toro castaño. Il met mieux la tête dans la cape de El Juli à droite qu’à gauche. Le bicho met les reins mais ne bouge pas le cheval à la première rencontre. Comme souvent, hélas, la seconde consiste en un simple picotazo. Avec sérénité, Julian Lopez amène le toro au centre de la piste. Le Victoriano suit la muleta mais il est court de charge. Avec professionnalisme, le torero enchaîne de bons derechazos. A gauche, le toro n’est ni meilleur, ni moins bon. El Juli reprend la droite et réduit les terrains. C’est bien fait, le torero fait des passes et domine mais il manque de l’émotion car le toro ne transmet rien. Le madrilène tue d’une demie caidita longue à faire effet, salut au tiers.

En suivant, entre en piste un toro léger mais bien armé. Il humilie dans la cape de José Maria Manzanares mais il est juste de forces. Il pousse sur une corne à la première rencontre. Manzanares recule et se fait accrocher le leurre sur les premiers derechazos. Le toro est noble, le torero d’Alicante baisse la main et toréé avec temple. Les naturelles déclenchent la musique. La faena, à gauche et à droite, est élégante mais manque de chispa. Elle va à menos. Le toro avait probablement plus de choses à nous montrer. Manzanares, qui n’a pas abusé du pico pour une fois, salue au tiers après une mise à mort en deux temps. Salut au tiers.

Le troisième est renvoyé au toril, corne HS . Le sobrero est du même fer. Il entre en piste en marchant. Il ne transmet pas grand-chose à la cape.  Trois piques mais pas grand-chose à retenir du tercio de piques, le toro n’est pas brave et se défend sous le fer sans pousser. Viruta salue après avoir banderillé. Sous la pluie Roca Rey débute sa faena par statuaires, cambiadas et pechos sans perdre un pouce de terrain. Le public apprécie. A droite, le péruvien cite de loin et pèse sur le toro.

Dommage qu’il ne se croise pas un peu plus.  A gauche, la faena est plus hachée, ce n’est pas le meilleur piton du Victoriano. Sur un derechazo, le torero se fait désarmer. Final encimiste et trémendiste pour compenser le manque de transmission du bicho, le public adhère. Sur un extraño, Roca Rey subit une voltereta, prend un coup de patte dans la tête.  Commotionné, il reprend la muleta pour un final par manoletinas. Le péruvien tue d’une entière caîdita, en avant et efficace. Une oreille, Matias, gardien du temple, résiste avec rigueur à la pétition du public qui réclame un second trophée. Après sa vuelta, Roca Rey gagne l’infirmerie.

Le quatrième, le plus léger, met en difficulté El Juli à la cape. Première rencontre, il sort seul. A la seconde, il se défend sous le fer. El Juli le double en début de faena. Le Victoriano envoie des coups de tête violent aussi bien à droite qu’à gauche.  En une série de naturelles, le torero lui fait baisser la tête.  Retour à droite, le toro est loin d’être simple.  On revient à gauche, la pluie redouble, le torero a dominé, sur ce piton, son adversaire. Il en est de même à droite. Les derechazos suivants sont excellents. Pour finir, grandes naturelles et derechazos dominateurs, El Juli est vraiment un grand lidiador. Il pinche à la première entrée à matar. Un tiers de lame à la seconde, deux descabellos sont nécessaires. Grande faena face à un toro exigeant mais mise à mort laborieuse, Julian Lopez peste. Salut au tiers.

Le cinquième est un castaño sérieux de présentation. Il pousse à la première rencontre avec le groupe équestre. La seconde pique est plus légère mais le toro pousse encore. Lui aussi joue des cornes à la sortie des premiers derechazos. C’est mieux sur les suivants. Jose Maria Manzanares le toréé sur le bout de la muleta. C’est mieux sur la série suivante. Très bon enchaînement à droite, la musique joue.  A gauche, le toro exige. Manzanares se fait toucher la muleta. Le torero profite de la corne droite du Victoriano. Le toro va à menos. L’estocade est superbe et rapide d’effet. Malheureusement le puntillero relève le bicho. Salut au tiers.

Contre l’avis des médecins, Roca Rey sort de l’infirmerie pour lidier le sixième. Il le reçoit par de belles véroniques templées. Le toro pousse un peu à la première rencontre. La seconde est un simple picotazo. Antonio Chacon salue après deux très belles paires de banderilles. Roca Rey brinde au public qui se lève pour le remercier. Début de faena de rodillas, le torero semble gêner par sa blessure. Désarmé, il a du mal à regagner le burladero et n’échappe à la blessure que grâce à l’intervention d’Antonio Chacon et Paco Algaba. Le péruvien reprend par cambiadas et pechos.

Il y a une atmosphère de triomphe et de drame. Le péruvien prend rapidement la mesure de son adversaire, un toro noble.  Bonne série à droite, à gauche le toro est compliqué et bouscule le torero. Le péruvien prend sa revanche en tirant une série de naturelles sincères. Le Victoriano va à menos, le torero n’insiste pas, juste un adorño sur un terrain réduit. L’épée entière, un peu an avant, est fulminante. Sans hésiter Matias sort les deux mouchoirs. Bilbao a fait de Roca Rey son empereur.

Thierry Reboul : Corrida vue à la télévision sur Toros TV

2 réflexions sur “Roca Rey empereur de Bilbao

  • L’ambiance qui régnait hier à Bilbao est difficile à relater. En fait nous avons vécu hier une tarde historique grâce à ROCA REY et à un encierro intéressant de Victoriano del Rio. Le péruvien spectaculaire, dramatique, frôlant souvent l’inconscience et au final héroique, signe après Malaga un nouveau moment fort de la temporada Sur le plan strict du toreo et de la lidia, leçon magistrale du Juli au 4. Inutile d’aller chercher plus loin et de se perdre en palabres pour refaire venir le public de Vista Alegre.

    • Effictevement le résultat est là quand on réunit quand caste et toreria

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