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Magescq: un fief de la novillada non piquée

Magescq, dans les Landes, est un fief de la novillada non piquée. Il y a 10 ans ce village de moins de 1800 habitants à l’époque acceuillait plus de 1200 aficionados pour l’ouverture de la temporada française. De nombreux enfants accompagnés de leur parents descendaient en piste pour assumer et défendre leur aficion .Quelques jours avant l’édition 2023 , Tertulias a rencontré Eric Darrieumerlou, président du Club Taurin « Cape et Corde » organisateur depuis 2007 de cette novillada.

Tertulias : « Quelle est l’histoire de la tauromachie espagnole à Magescq ?»

Eric Darrieumerlou : « En 1991, il y a eu un spectacle de tauromachie espagnol à Magescq. C’était un festival. Se sont déroulés par la suite, 2 ou 3 festivals ou fiestas camperas.

Le club taurin a démarré en tauromachie espagnole en 2007, mais sa première organisation, c’est en 1996 avec une course landaise. Il s’appelle d’ailleurs « Cape et Corde ». Nous avons démarré en novillada non piquée en 2007. Après, nous nous sommes structurés et cantonnés à la novillada non piquée. Et depuis cette date, nous n’avons jamais arrêté sauf COVID. Nous sommes restés sur ce créneau. Il nous convient bien par rapport à nos moyens et au type d’arène que nous avons. Pour cela, notre équipe est composée de 16 personnes. Michel Bertrand nous aide en tant que consultant, et nous prodigue beaucoup de conseils. Nous avons tissé avec lui une relation de partenariat et d’amitié qui fonctionne très bien. »

Tertulias : « Sur quels principes construisez-vous votre journée taurine ? »

Eric Darrieumerlou : « Pour construire notre journée, nous essayons toujours de mettre 2 jeunes confirmés. Ils sont accompagnés d’un torero moins mûr dans le métier, mais qui a déjà suffisamment de bagage pour pouvoir évoluer dans la temporada. Nombreux sont les matadors de toros actuels, ou en retraite, qui sont passés par Magescq. Il y a eu Thomas Dufau, Clémente, Adrien Salenc, José Garrido, Ginès Marin, Roca Rey…. »

Tertulias : « Et pour les toros ? »

Eric Darrieumerlou : « Pour les toros, on essaye d’alterner entre les élevages français et espagnols. Surtout que compte tenu de la date avancée dans la temporada, les élevages français n’ont pas toujours le bétail disponible. Beaucoup d’élevages du sud-ouest ont foulé les arènes de de Magescq par exemple, Alma Serena, Casanueva ou bien Jean-Louis Darré avec ses toros du Camino de Santiago. Pour les espagnols, nous avons fait venir Victorino Martin, Santafé Marton, Galache , El  Tajo y La Reina l’élevage de Joselito entre autres. »

Tertulias : « Quel est le programme de la journée taurine 2023 ? »

Eric Darrieumerlou : « Nous avons toujours structuré notre journée en la commençant par une matinale. Matinale qui, jusqu’à maintenant était une tienta avec des élèves de l’école taurine Adour aficion. Je souligne au passage que cette école effectue un travail admirable. Cette année, la particularité, c’est que nous intégrons une partie course landaise. Nous avons voulu ainsi associer à une autre tauromachie à notre journée. Les arènes ont été inaugurées en 1989 par une course landaise. C’est la ganaderia qui était présente qui reviendra cette année pour faire une démonstration. Il s’agit de la Ganaderia Aventura de Richard Lataste. La matinée sera ainsi partagée entre une tienta et cette démonstration de course landaise. Cela permet de réunir plusieurs tauromachies. Dans le contexte que nous vivons, le fait de se resserrer les coudes entre les différentes pratiques taurines est important. »

Tertulias : « Après cette matinale ? »

Eric Darrieumerlou : « À midi, il y aura le traditionnel repas landais. Il se déroulera et c’est une marque de fabrique de Magescq, sur le sable des arènes. Ce repas se veut chaleureux, convivial. On cherche à rester le plus simple possible. Pour le repas, on a même fait l’effort d’aller vers les jeunes en mettant un repas pour les moins 10 ans simple et pour les jeunes en général, la possibilité de prendre un hamburger,frites. »

Tertulias : « Quel est le cartel pour la novillada ? »

Eric Darrieumerlou : « A 16h30, il y aura donc la novillada. Cette année, nous avons choisi un élevage d’encaste Santa Coloma. Il s’agit de Flor de Jara. Au cartel, il y aura Alejandro Chicharro qui vient de Colmenar Viejo. Il sera accompagné par Andoni Verdejo de l’école taurine Adour Aficion. Pour compléter l’affiche, nous avons pris un torero péruvien. Il y a quelques années, c’était Roca Rey qui était venu. Cette année, ce sera Pedro Luis, élève de l’école taurine de Tolède. »

Tertulias : « Quel est ton meilleur souvenir en 16 ans d’organisation ? » 

Eric Darrieumerlou : « Il y en a une très grand qui me vient à l’esprit. C’est une matinale que nous avions organisée avec El Bote, Joselito et El Fundi. Ça s’est passé en 2015. Nous avons été surpris qu’ils acceptent de venir. Le plus difficile à convaincre a été Joselito. Quand il a accepté, les autres ont suivi. Pour le public et n ous organisateurs, ce moment a été magique. Ils se sont vraiment prêtés au jeu. C’est quelque chose que nous n’oublierons jamais et qui reste gravé dans nos mémoires. C’est une chose irréaliste qu’une petite arène comme Magescq arrive à faire venir ces 3 monstres sacrés. On a envie de refaire quelque chose comme ça, mais c’est quand même très compliqué à organiser. »

Tertulias : « Combien de personnes sont mobilisées pour l’organisation ? »

Eric Darrieumerlou : « Sur la journée, nous sommes environ 45 personnes à travailler. Ce qui est relativement peu. Le manque de bénévoles est une des problématiques aujourd’hui des associations. Sur les 45, il y en a 35 qui viennent par amitié sans être vraiment aficionados. On essaie chaque année de se creuser la tête, de proposer des choses pour renforcer nos équipes. »

Tertulias : « D’où vient le public de Magescq ? »

Eric Darrieumerlou : « Nous avons un public local, beaucoup d’entre eux ne voient qu’une course dans l’année, celle de leurs arènes. Il y a quelques personnes qui viennent du Gers, des Landes, de la Gironde etc… mais c’est un public essentiellement local. »

Nous cherchons à rassembler le plus de public possible. Ce n’est un secret pour personne, les arènes ont du mal à se remplir complètement. Il y a souvent beaucoup de cheveux blancs. Nous souhaitons faire venir aussi des jeunes. Nous voulons leur expliquer, leur présenter notre passion et ainsi la leur transmettre. Souvent, les jeunes ne viennent pas parce qu’ils ne le connaissent pas ou parce qu’ils ont entendu  des choses désagréables entre guillemets de la part des antis. On cherche vraiment à attirer un public le plus large possible. »

Tertulias : « Comment procédez-vous pour attirer un nouveau public ou le rajeunir ? »

Eric Darrieumerlou : « L’aficion chez les jeunes est un problème. Il y a tellement de choses qui leur sont proposées que cela peut se comprendre. À nous aussi, organisateurs, de faire les démarches nécessaires pour aller vers eux. Leur expliquer qui on est ,le pourquoi et le comment de la corrida, les accueillir, les intégrer au public. C’est à nous d’évoluer pour arriver à leur faire partager notre passion. »

Tertulias : « Comment faire ? »

Eric Darrieumerlou : « Quand j’invite quelqu’un, j’essaie de le mettre avec une personne qui connaît pour l’aider. A ma petite échelle, j’essaie d’y contribuer. Ces actions sont des petites pierres à l’édifice, mais c’est ce qui permettra de préserver et consolider la maison Aficion. L’avenir de la tauromachie, c’est, nous, les aficionados, les organisateurs, les toreros, le Mundillo qui avons les moyens de la faire connaître. Il faut aller vers les gens qui ne sont pas des aficionados ou qui ne connaissent pas la tauromachie pour leur expliquer et leur faire partager notre passion. Il faut vraiment les accompagner, qu’ils comprennent ce qui se passe et qui sortent des arènes en se disant qu’ils reviendront.

Nous jouons un rôle primordial dans la transmission. Il ne faut pas hésiter à aller voir les gens communiquer avec eux. Il faut que l’on sorte du cercle fermé de gens qui connaissent, qui s’auto-entretiennent entre eux.

Tertulias : « Vous n’ouvrez plus la temporada française, pourquoi ? »

Eric Darrieumerlou : « Chaque année, on ouvrait la temporada française. Depuis 2 ans, on a interverti avec Arzacq. Sachant qu’on s’entend très bien avec eux. On échange par rapport aux dates sans être en concurrence. Nous devons gérer la même problématique. En effet, les arènes sont aussi un terrain de basket utilisé par les scolaires.

Tertulias : « Quel est le bilan de la journée de 2022 ? »

Eric Darrieumerlou : « Les arènes de Magescq,  ont une capacité d’accueil de 1200 personnes sur les gradins. On a eu des remplissages jusqu’à pratiquement 95%. L’année dernière, on a fait 3/4 d’arène. Pour équilibrer les repas jouent un rôle très important. Il nous faut 400 repas, et 800 entrées l’après-midi pour que cela fonctionne. L’an dernier, on était juste à l’équilibre. Nous continuons parce que nous sommes passionnés. Il ne faut absolument pas arrêter parce que c’est l’avenir de la tauromachie, les non piquées. »

Tertulias : « Comment expliques-tu le déficit de fréquentation de 2022 ? »

Eric Darrieumerlou : « L’an dernier, nous avons eu la concurrence du rugby à Soustons. L’équipe jouait ce jour-là, un match important. C’est une équipe qui tourne bien donc qui attire du monde. Parallèlement, on avait la problématique du contrôle sanitaire lié au Covid. Certains ne sont pas venus à cause du contrôle sanitaire Il y en a même qui n’ont pas accepté les contrôles et sont repartis. »

Tertulias : « Qui vous aide financièrement ? »

Eric Darrieumerlou : « Comme tous, on a des partenaires essentiellement locaux. Ce sont donc des petites structures. Ils peuvent nous aider mais dans la limite de leurs moyens et leurs possibilités de l’instant. Cette année, avec la crise, c’est compliqué de les mobiliser. Et parfois il faut insister. Nous sommes dans un environnement rural avec un tissu plus artisanal qu’industriel. Tous ne sont pas aficionados, mais ils nous aident parce que c’est dans leur esprit d’aider les actions des associations de de leur commune. Les partenaires, les artisans aujourd’hui ont pas une grande visibilité sur leur activité. L’inflation est là, c’est compliqué. Mais ils font quand même fait l’effort. »

Tertulias : « Et la Mairie ? »

Eric Darrieumerlou : « On n’a pas de subvention de la Mairie. Le maire est très aficionado et c’est une chose positive pour nous.  La contribution de la commune, c’est le prêt des arènes. Ce qui, quand même, n’est pas négligeable. Notre maire nous aide sur le plan technique, humain, avec les moyens de la commune. Il est  pro tauromachie. Ce n’est pas toujours très facile pour un élu de se positionner. Le nôtre le fait de manière très claire. »

Tertulias : « Qu’est ce qui fera, que toi et ton équipe, serez contents au soir du 12 mars ? »

Eric Darrieumerlou : « Nous serons contents si dimanche, s’il y a du monde sur les gradins et surtout si les gens sortent des arènes avec le sourire. On le voit très bien quand ils quittent les arènes s’ils sont contents ou pas. On veut qu’ils aient passé un bon moment à Magescq. La corrida peut-être triomphale et c’est un plus, mais l’important c’est que les gens aient passé une bonne journée. Le fait qu’ils soient contents, est pour nous une vraie récompense. C’est presque une garantie pour l’année prochaine, qu’ils reviendront. »

Merci à Eric pour ces échanges . Rendez-vous est pris pour le 12 mars aux arènes de Magescq. Réservation et renseignements ( HR) au 06 08 35 24 42 ou 06 26 21 28 82 . Réservation pour tous les repas enfants (jusqu’à 14 ans) au 07.88.06.63.42 (HR).au plus tard le 9 mars 2023.

Propos recueillis par Thierry Reboul.

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