Arles touchée par la grâce

18/04/202201/07/2022 Tertulias

L’après-midi avait dans l’ensemble été terne. Les toros d’Alcurrucen, Cortes, et Carmen bien trop faibles pour donner une réplique acceptable suscitaient une observation polie. Face à ses trois exemplaires, El Juli à l’image du public semblait s’ennuyer. Non sans raison. De son côté, Daniel Luque qui avait remplacé Emilio de Justo touché aux cervicales a su mettre à profit cette opportunité pour se rappeler au bon souvenir de l’aficion locale.

Après une mise en bouche garnie de quelques belles friandises d’immobilisme, puis quelques changements de mains cadencés, le Victoriano del Rio entrait en piste. Face à Aldeano (le villageois) qui chargea avec force à la première rencontre avant de se montrer sur la réserve lors du deuxième et dernier assaut, le créateur de la Luquesina a fait preuve d’un bel appétit de triomphe. Livrant un combat dans cinq mètres carrés, avec suavité, application et envie, le torero de Gerena entama face à un adversaire (520 kg) de plus de 5 ans un véritable ballet. Devenu complice au fil des passes serrées des deux mains, Aldeano aussi endurant qu’assoiffé a lapé la muleta -toujours à bonne distance – jusqu’à plus soif. Donnant le tournis à son vis-à-vis, Luque s’enthousiasmait, les aficionados aussi. . Qui du toro, du torero ou du public prenait le plus de plaisir ? Probablement tous autant chacun dans son domaine. Seul le palco dans toute sa rigueur réglementaire refusait à maintes reprises et malgré l’insistance du torero l’indulto. Il fallut les encouragements, puis les cris et enfin les vociférations des aficionados en folie pour que la présidence baisse enfin pavillon en même temps que le mouchoir orange. En ce jour de Pâques, l’heure était à la résurrection. Aldeano peut désormais porter un cierge à Luque et remercier le public arlésien.