Il fallait être à la non piquée de Maubourguet.

Les années se suivent et se ressemblent. Le ganadero a salué à l’issue de la course. Aaron Palacio est sorti à hombros. La non piquée de Maubourguet 2023 a été à la hauteur de l’excellente édition 2022. Le public, pas assez nombreux vus les efforts des organisateurs, est sorti enchanté des arènes. Le lot encasté d’Alma Serena et l’envie et la qualité des novilleros, en particulier Aaron Palacio, ont fait de cette course une des meilleures non piquées de la temporada en cours. Et comme « jamais deux sans trois », rendez vous est pris pour 2024.

Les toros

Très bien présentés, les erales de la ganaderia Alma Serena, ont contribué à faire de cette novillada un festejo entretenu. Tous ont été sérieux et exigeants mais étaient toréables. Aaron Palacio a compris comment toréer le troisième et a mis en valeur les qualités du novillo qui a fait la vuelta. Le meilleur du lot a été le très encasté quatrième qu’Andoni Verdejo n’a que partiellement mis en évidence. Les autres permettaient de construire des faenas de bon niveau.

Les toreros

Andoni Verdejo a donné une bonne série de naturelles avec du temple sur la meilleure corne d’un premier eral plus violent que noble qui est allé à menos. Le quatrième a été le meilleur novillo de la course. Andoni a eu de bons passages à droite face à cet eral encasté et exigeant mais, après un bon début de faena , il est resté en dessous du potentiel de l’Alma Serena. L’élève d’Adour Aficion tue d’une épée basse. Une oreille

Martin Morilla a du recours. Il a su soumettre en toréant à droite dans le sitio un novillo violent et qui fallait faire humilier. A gauche c’était trop compliqué. Après une bonne estocade il a coupé la première oreille de la tarde. Quelques détails intéressants mais pas assez de domination face à son second un novillo exigeant qui blesse Martin Morilla à la main en entrant à matar. 

Il a fallu qu’Aaron Palacio subisse une voltereta pour qu’il arrête de confondre vitesse et précipitation. Il a alors posé sa tauromachie et avec sa très bonne main gauche, il a mis en évidence les qualités de son premier novillo. La seconde moitié de faena est nettement supérieure à la première. Il coupe deux oreilles et le novillo fait la vuelta . Le dernier n’avait que 20 passes et Aaron Palacio a fait plus de 50 muletazos.  La faena très bien commencée est allée à menos et s’est finie dans les planches. Lien de cause à effet ? La mise à mort a été laborieuse.

photo Christian Sirvins

Fiche technique

• Arènes de Maubourguet, novillada non piquée des Fêtes 2023. Six erales d’Alma Serena pour
  • Andoni Verdejo: silence (avis), oreille
  • Martin Morilla: oreille, blessure
  • Aaron Palacio: deux oreilles (deux avis), salut
• Vuelta au troisième novillo
• Salut du ganadero à l’issue de la course
• Président: Jean Christian Dabadie
• Public: un quart d’arène
• Même une fois la nuit tombée, il faisait chaud

Toro à toro

Eral Numéro 55 Andoni Verdejo

Le tambour major est bien présenté. Il met la tête sans humilier dans la cape d’Andoni Verdejo. Il se freine dans la cape au second tercio. Le torero le double et il fait une vuelta de campana. A droite il est violent et se retourne vite. A gauche il permet au novillero de lier de bonnes naturelles. La meilleure, la plus templée est la dernière. A droite il est de plus en plus compliqué et Andoni est en difficulté avant de tuer d’une entière en place longue à faire effet.  Un avis sonne.  Silence

Eral Numéro 63 Martin Morilla

Le second est gacho. Il est suelto. Il donne des coups de.tête dans le capote de Martin Morilla puis de Aaron Palacio. Le novillero commence sa faena à droite et se fait désarmer en début de seconde série. L’Alma Serena a besoin que le novillero l’oblige par le bas. Sur la troisième Martin Morilla pèse sur le toro et lie alors deux bonnes séries de derechazos. Les premières naturelles sont accrochées. Retour à droite,  le novillero maîtrise son adversaire. A gauche c’est toujours aussi compliqué. Un pinchazo précède une entière en place efficace. Une oreille

Eral Numéro 36 Aaron Palacio

Le troisième est sérieux de présentation. Aaron Palacio le reçoit par des faroles puis des véroniques allurées. L’échange de quite tourne à l’avantage de l’Espagnol. Entame spectaculaire de rodillas, Aaron se fait bousculer. Le novillo est noble et a de la race. Les premiers derechazos sont électriques. A gauche les premières naturelles sont plus posées. En, et trop en, confiance, le novillero subit une voltereta. Les naturelles suivantes, parfois sur le voyage,  sont plus dominatrices et profondes. Après un passage trémendiste et brouillon, le final, plus classique, par naturelles est d’un bien meilleur niveau. L’estocade entière est suffisante. Deux avis. Le novillo encasté lutte pour ne pas tomber.  Deux oreilles et vuelta pour le novillo bien mis en valeur par le torero.   

Eral Numéro 42 Andoni Verdejo

Le quatrième est très bien fait.  Il est bien reçu à la cape par Andoni Verdejo. Le novillo a du gaz. Andoni le double puis enchaîne sur de bons derechazos. Le toro a de la noblesse et de la caste même si parfois il regarde les planches.  A droite la meilleure corne, le novillo est à de la noblesse, de la classe mais il demande une lidia autoritaire. Le novillero s’applique avec des détails mais il reste en dessous du très bon novillo. A gauche le novillo quitte la passe car le torero ne l’oblige pas. Un pinchazo puis un bajonazo efficace concluent mal la faena. Une oreille tombe malgré l’épée. Palmas au toro qui mieux mis en valeur aurait pu faire la vuelta.

Eral Numéro 27 Martin Morilla

Le cinquième est lui aussi très bien présenté. Il remate aux planches après les banderilleros. Un peu juste de forces,  l’Alma Serena est un peu court de charge. Martin Morilla l’oblige. Grâce à cela il tire de bonne séries de derechazos mais, l’ensemble, faena uniquement droitière,  manque de domination. Le toro finit par être le patron en piste. Le novillero se fait bousculer en entrant à matar. Blessé à la main, grosse coupure, il part à l’infirmerie. Andoni Verdejo tue le novillo efficacement.

Eral Numéro 24 Aaron Palacio

Le sixième est lui aussi sérieux de présentation. Il met bien la tête dans le capote de Aaron Palacio. Le tercio de banderilles est chaotique. Début par cambiadas et pechos,  le toro est noble et répète. La première série à droite déclenche la musique. Le novillero aguante et pèse sur le toro. A gauche le toro à tendance à partir. Palacio enchaîne les naturelles dans les tablas. Le novillero toréé bien mais prolonge trop sa faena à un toro qui va à menos et doit être toréé, à la fin, dans les planches. Quand les choses sont dites, il faut savoir conclure. Sinon la faena perd en intensité et le toro est difficile à tuer. Final par luquesinas , le toro est de plus en plus difficile à garder au centre, l’épée, à la va-vite,  est basse. Un avis sonne. Le novillero salue au tiers

Thierry Reboul