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Saint Sever: Culturelle, Taurine et Conviviale

Saint Sever Semaine culturelle et taurine

Quand vient l’automne la saison tauromachique touche à sa fin. Les spectacles dans les arènes cèdent la place aux soirées et conférences dans les clubs taurins. La Peña Jeune Aficion de Saint Sever accompagne cette transition en organisant du 29 septembre au 08 octobre une semaine d’animations à la fois culturelles et taurines. Tertulias a rencontré Jean Gilbert qui nous a présenté le programme de cette édition 2023.

La semaine culturelle et taurine de Saint Sever est une date incontournable de la temporada française et du Sud-ouest en particulier.

Jean Gilbert : « Ce sera cette année la 39ème semaine culturelle et taurine de Saint Sever. Dans le Sud-ouest c’est la seule semaine de ce typet. Elle a été créée en 1985 par les membres de la Peña Jeune Aficion, une association fondée en 1979. Parmi les membres au début , il y avait beaucoup de practicos dont en particulier Olivier Matin.  A l’époque, les conditions pour s’entraîner étaient très compliquées. Il n’y avait à disposition que les vaches des ganaderias de courses landaises.

Olivier a commencé à toréer en piquée puis il a franchi le pas et est monté en piquée.  Il a même remporté la Cape d’Or à Vichy. C’était très compliqué à cette époque. Il a décidé de mettre fin à sa carrière. L’équipe de la Peña a décidé de lui organiser sa despedida à Saint Sever. C’était en 1985 avec un lot de Blohorn d’Andecy.  Pour l’anecdote ce jour-là, il neigeait. »

Les organisateurs veulent présenter un ensemble d’animations gratuite autour de la culture taurine

Jean Gilbert : « La novillada a eu un succès certain. Cela a permis, grâce aux connaissances , que nous avions faîtes et acquises de créer Toros Sud Ouest avec Helene Peyruqueou,Olivier Martin ;Philippe Ducos; Francois Capdeville et moi meme. Nous avons aidé d’autres clubs taurins ( Garlin, Mugron et Saint Perdon) à monter leurs premières novilladas piquées.  En 1985, la première semaine a été créée autour de cette despedida pour permettre, en hiver, de réfléchir sur tout ce qui tourne autour de la culture du toro. Elle regroupe en effet tous les arts, car la culture du toro est un art qui génère beaucoup de richesses artistiques aussi bien littéraires, picturales, cinématographiques, photographiques que philosophiques. »

La semaine a été montée dans cet objectif et pour transmettre sans prosélytisme, on y tient, tout ce que la tauromachie représente en pratiques taurines et artistiques. 

De là est née l’idée du Toro Expo. Chaque année c’est une exposition collective, selon les années, de cinq à sept artistes souvent à découvrir. Ce Toro Expo a connu des moments forts avec des expositions Tauromachie et BD, sur la tauromachie française, la présentation d’œuvres de Pablo Picasso. On a voulu montré toute la richesse ce que génère l’art tauromachique.

La Semaine se veut culturelle, taurine mais aussi festive et accessible à tous.

Jean Gilbert : « Pour ce qui est de la partie taurine, il y a des capeas qui permettent aux aficionados de toréer, de spectacles de promotion avec les non piquées, de piquées pour promouvoir les élevages locaux (Malabat, Alma Serena, Casanueva, …). 

Nous faisons en sorte que la culture taurine ne soit pas considérée comme un îlot et sanctuarisée. C’est pourquoi dans chaque Semaine, il y a avec l’Auberge Espagnole et des concerts une dimension festive de plus en plus importante.

Parmi les faits marquants, il y a eu l’Expo Picasso. Il y a eu de très bonnes novilladas de Santa Coloma, de Sanchez Fabrès, de Cubero-Buendia. On a essayé à chaque fois que ces semaines soient l’émanation d’une Aficion et d’un goût pour certains encastes et de faire découvrir des toreros ou des ganaderias peu connus chez nous.

Il y a eu aussi de grandes soirées comme récemment avec Francis Wolf, Raphael Sandoval, Juan José Padilla. « 

On a eu un autre objectif, que ce soit pour les expositions, les soirées ou animations, c’est la gratuité. Cela permet à chacun quel que soit ses moyens de faire des découvertes et de s’en enrichir. »

En 2023, la Peña Jeune Aficion innove avec la projection du film « Sables Fauves »

Jean Gilbert : « Le premier rendez-vous est le vendredi 29 septembre à 19h avec la présentation nationale du film « Sables Fauves ». Il est réalisé par Fabrice del Rio un cadreur de France 2.  Il est produit par la maison de production « L’Image d’après », les Conseils Généraux d’Aquitaine, des Pays de Loire et Canal K une chaine de télévision basque. L’auteur est aficionado depuis une demi-décennie. L’univers de la tauromachie l’a séduit et il a voulu montré toutes ses émotions et de rentrer dans l’intimité de la corrida. Il a proposé ce film dans toutes les villes du Sud-ouest. Il a essuyé systématiquement des refus parce que c’est un film taurin.

Nous avons visionné ce film. Nous nous sommes rendu compte qu’il avait un regard tout à fait nouveau sur la Tauromachie avec des angles d’approche en dehors des sentiers battus. On passe du public de Séville, de Chalosse aux processions de la Semaine Sainte aux entraînements de toreros. Tout cela est sans voyeurisme et avec une grande qualité d’introspection des acteurs. On y apprend beaucoup sur l’entraînement des toreros.  C’est édifiant et remet les choses à leur place en dehors d’une représentation médiatique. Les images et les silences sont splendides.

Le film sera présenté le 29 novembre à 19h au cinéma Media 7 à Saint Sever . L’entrée est gratuite et on pourra acheter le DVD à l’issue de la projection. »

Depuis la création, Toro Expo est le fil conducteur de la semaine de Saint Sever

Jean Gilbert : « Le lendemain ce sera la première journée de ce qui est le fil rouge de la semaine avec l’ouverture du Toro Expo.  Il a lieu dans le magnifique contexte de la chapelle du Cloître des Jacobins. On accueillera cette année une exposition collective d’artistes connus et d’autres qui le sont moins. Seront présents Delphine Lespes, Jorge Urizar Urraza un peinte du Pays Basque qui fait les affiches de Bilbao et Azpeitia, Antonelo Collantes un sévillan, Yves Dufour, Cédric Lavaud et Jean-Claude Causse. Nous accueillerons également le Collectif de la Royale Légendaire. Ce sont de jeunes artistes qui se sont donné pour objectif de faire revivre l’imaginaire collectif de chaque territoire dans notre région. Il s’empare d’un sujet et le font revivre à leur manière.  Ils se proposent de faire revivre la tauromachie à Saint Sever à la manière du » Beatus ».

Le Beatus est un ouvrage religieux  du Moyen Age  (Le Beatus de Saint-Sever | BnF – Site institutionnel) enluminé à Saint Sever. C’est une des rares enluminures de cette époque dans notre région. Ils vont se servir de cette forme très particulière et vont l’adapter au thème taurin. Le collectif présentera une exposition dans la Galerie des Arts juste à côté de la Chapelle. Ils vont vivre une semaine avec les toros dans les corrales pour ressentir le plus possible l’animal. Ils créeront dans les arènes sur les burladeros dans les arènes et présenteront leurs œuvres le jour de la novillada.

L’exposition sera ouverte de 15h à 19h tous les jours. Les jours de la novillada et de l’Auberge Espagnole ce sera de 11h à 17h. Le vernissage aura lieu le samedi 30 septembre à 19 h en présence de la chorale La Bicituna

Le dimanche 01 octobre, place à la conviavilté et au partage.

Jean Gilbert : « Dimanche c’est la traditionnelle Auberge Espagnole. Les Peñas participantes vont s’affronter à partir de 10h30 dans une joute amicale et bon enfant comprenant une capea avec le bétail de la ganaderia du Vert Galant, un concours de danses sévillanes, un concours de tapas et le fameux quizz taurin. L’entrée est gratuite, les tapas proposées sont à un prix modique. Tout est fait pour passer un bon moment entre amis dans le cadre magnifiques du Cloître des Jacobins qui prend ce jour là un air de Féria. »

La Semaine de Saint Sever , ce sont aussi deux conférences. On y parle philosophie, art, sociologie et aussi technique avec la tauromachie comme centre d’intérêt.

Pour la première, mardi 03 octobre à 21 h,  nous avons invité Frédéric Saumade qui est anthropologue à l’Université de Marseille.  Il a écrit un ouvrage qui s’appelle « De Walt Disney à la Tauromachie ». Il a la pédagogie nécessaire pour toucher tout le monde. Frédéric a l’analyse et l’argumentaire pour nous faire décoder cette » foutue société » qui a créé une colonne vertébrale culturelle inspirée par le monde de Walt Disney.

On est dans le domaine du rêve, de la fiction, de l’humanisation des animaux et pourtant dans nos régions on réussit à maintenir une culture ancestrale, historique, avec une vision de l’animal toute différente. Frédéric Saumade qui est un très bon conteur nous fera découvrir tous les mécanismes qui font que notre société peut à la fois donner des valeurs humanisantes aux animaux et revendiquer et défendre d’une manière, on l’a vu récemment, très riche , forte et argumentée notre Culture Taurine.

Après la sociolgie, ce sera la technique qui sera abordée lors de la seconde conférence.

La deuxième conférence aura lieu le lendemain à 21h également.  C’est aussi un sujet d’actualité qui sera traité.  Nous invitons Alain Bonijol qui récemment a conquis en terres ibériques les forteresses de Madrid et Andalousie. Il a entamé, il y a une trentaine d’année un travail pour révolutionner la philosophie du tercio de piques. On veut lui rendre hommage car il a réussi à casser la monotonie, le système qui régissait le premier tercio. Il nous racontera comment, petit à petit, en commençant par le dressage des chevaux et en terminant par ses inventions, ses modifications en particulier de la pique, il est en train de faire basculer tout le monde taurin. Ses piques ont été homologuées à Madrid et en Andalousie lors de la corrida concours de Jerez. 

Pour lui rendre hommage, nous passerons un film tourné il y a une dizaine d’années et diffusé dans le Sud-ouest. Cela nous permettra de mesurer le chemin parcouru et de donner un point de départ à cette conférence. Alain Bonijol amènera du matériel pour permettre à tous de comprendre le pourquoi du comment.

Le samedi, la Peña Jeune Aficion fait la part belle à la Fête et à la Jeunesse.

Jean Gilbert : « Le samedi 07 octobre il y aura une soirée montée par les jeunes de la Peña. Cette soirée festive commencera dès midi par des tapas. On pourra voir les matchs de la Coupe du Monde de Rugby. Tout cela se terminera aux Burladeros, le siège de la Peña, par une soirée musicale. L’entrée est gratuite. Il y aura l’après-midi aux arènes une course landaise car il ne faut pas oublier que les premières bêtes à cornes que nous avons vues dans notre canton de Saint Sever quand nous étions minots étaient des coursières. A 16h, il y aura donc la présentation de la cuadrilla de Maynus. Avant la course une fête gasconne permettra aux enfants de rencontrer et découvrir tous les jeux gascons avant de s’assoir sur les gradins des arènes pour voir la course landaise. » 

Le dimanche la journée taurine commencera au Cloître des Jacobins.

Jean Gilbert : « Le dimanche 08 octobre ce sera la novillada non piquée. La journée commencera à 11h par une capea dans le Cloître des Jacobins. Elle permettra aux jeunes espoirs de la tauromachie du Sud-ouest et du Sud-est de se confronter aux vaches du Vert Galant. Ensuite ce sera le temps des agapes avec un apéritif et le traditionnel repas de l’Aficion dans la salle Capitulaire. Bien sûr on pourra visiter les expositions.»

Puis ce sera la novillada non piquée

Jean Gilbert : « A 16h 30 débutera la novillada sans picadors que nous avons voulu de qualité mais aussi avec un attrait supplémentaire avec la présentation de l’élevage du Vieux Sulauze.  Cela fait très longtemps que cette ganaderia n’est pas venue dans le Sud-ouest. Son créateur Laurent Fano avait fourni les premières capeas et festivals non piqués qu’avaient toréés Olivier Baratchart, Olivier Martin, Michel Bertrand, André Prats et Zocato. Cet élevage est déjà venu à Saint Sever dans les années 80 . Depuis Christophe et Juliette Fano ont fait évoluer leur élevage qui est aujourd’hui d’origine Atanasio Fernandez et Pagès Mailhan pour les vaches et Domingo Hernandez pour le semental.  En 2021 ils ont sorti de bonnes non piquées et en 2022 une excellente novillada piquée à Tarascon.  Le lot est très bien présenté.»

Au cartel on retrouve des novilleros à la personnalité et au style affirmés

Jean Gilbert : « Pour combattre cet élevage, il y aura Andoni Verdejo qui représentera le Sud-ouest. Andoni avait coupé une oreille l’année dernière et réalisé une très bonne faena. Il a des qualités de classe et de style même s’il n’a pas encore franchi l’étape de la communication avec le public mais on lui fait confiance.

A côté de lui, il y a aura trois novilleros qui font partie des meilleurs de l’Escalafon. Il y aura Javier Zulueta le triomphateur des non piquées de Séville et de Villaseca de la Sagra. On retrouvera Tomas Bastos qui a enchanté le public des arènes de Rion des Landes au mois d’août.  Et ils seront accompagnés par Julio Mendez. Ce novillero est de la même trempe que Tomas Bastos. Il a une envie de toréer débordante et un courage à toute épreuve.  Les deux se sont rencontrés à plusieurs reprises en Espagne . Ill y a eu une vraie competencia entre eux. On espère qu’à Saint Sever, ils feront monter l’émotion et proposeront au public des choses de qualité. »

Tertulias : « Qu’est ce qui fera que, les organisateurs que vous êtes, serez content à l’issue de cette semaine d’animation ? »

Jean Gilbert : « Nos indicateurs de réussite sont multiples. Il y a tout d’abord La fréquentation du Toro Expo et des conférences. Il y a aussi bien sûr la qualité de la novillada.  Nous souhaitons que les gens sortent des arènes en disant ‘on a vu quelque chose qui méritait le déplacement. »

Jean Gilbert : « Cette Semaine Culturelle et Taurine de Saint Sever nous souhaitons la dédier à Jean Cazaubon, grand aficionado et président de la Peña Saint-Jean, qui nous a quitté récemment. »

Pour réserver pour la novillada et le repas, c’est le 05 58 76 34 64 . Les organisateurs proposent un forfait journée (repas + novillada) à 35 euros.

Merci Jean et suerte à la Peña Jeune Aficion pour cette 39ème Semaine Culturelle et Taurine de Saint Sever.

Propos recueillis par Thierry Reboul, crédit photos Peña Jeune Aficion

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