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Mugron, les Pâques Taurines 2024

Les Pâques Taurines d’Aignan et Mugron 2024 ouvrent la temporada « outdoor » dans le Sud-ouest. Ces deux évènements taurins sont portés à bout de bras pars des Clubs Taurins organisateurs et leurs équipes de bénévoles. Tertulias a rencontré Frédéric Marcel, un des présidents mugronnais, pour qu’il nous présente le week-end organisé dans le village chalossais.

Tertulias : « Quel bilan général tires-tu de l’édition 2023 des Pâques Taurines ? »

Frédéric Marcel : « L’an dernier, les Pâques Taurines se sont passées agréablement pour nous. Cela avait commencé difficilement avec deux novillos accidentés au débarquement. Le lot qui est sorti n’est pas celui que nous avions choisi. Ce fut une déception et aussi une charge financière supplémentaire importante. Nous avons fait le choix d’aller chercher deux autres toros chez Baltasar Iban de manière à présenter un lot complet de cette ganaderia. La taquilla a répondu à nos attentes même si on veut toujours qu’elle soit plus importante. »

Tertulias : « Quel souvenir gardes-tu de la non piquée ? »

Frédéric Marcel : « Le matin; le public est local, habitué à venir voir la non piquée. Le public a répondu en nombre. Le spectacle a été à la hauteur. Cela surtout grâce aux novillos d’Alma Serena, les trois erales ont eu un comportement distinct ce qui a rendu leur combat intéressant pour l’aficionado. Ils ont donné beaucoup de jeu pour les novilleros. Andoni Verdejo en a profité pour nous montrer son talent et son bagage.

Hadrien Lucq nous a montré sa motivation et sa volonté d’être un torero différent puisqu’il a tenté des choses pour sa première non piquée. Même s’il devait encore progresser au plan technique, il a fait preuve de panache et de l’entrega que l’on demande à un jeune novillero. La matinée a été bien réussie. Seule la chaise (utilisée par Hadrien pour commencer sa faena par cambiadas assis au centre du ruedo) a souffert. Mais elle est réparée et il pourra recommencer le coup cette année (sourires).

Le troisième eral a fait la vuelta posthume. Le second était tout aussi bon voire de qualité supérieure. Alma Serena reviendra cette année pour la dixième année consécutive avec des résultats taurins toujours aussi bons. La ganaderia a été primée par l’Amicale des Critiques Taurins du Sud-ouest. »

Tertulias : « Et de la novillada de l’après-midi ? »

Frédéric Marcel : « Pour ce qui est de la novillada de l’après-midi, on a eu un lot de Baltasar Iban remanié mais dans lequel on avait beaucoup d’espoirs. Le résultat a été mi-figue, mi-raisin. Deux novillos (pour Marcos Linares et de Sergio Rodriguez) se sont comportés en vrai Baltasar Iban d’avant. Les autres utreros se sont employés à la pique mais ensuite, ont développé du sentido. Il aurait fallu les soumettre beaucoup plus. Même si la novillada de l’après-midi a été intéressante , nous en attendions plus.

Tertulias : « Qu’appelles-tu un Baltasar Iban à l’ancienne ? »

Frédéric Marcel : « C’est un novillo qui a un tempérament de feu, qu’il faut soumettre. Ils ont de la caste et parfois un peu de violence. On doit les châtier à la pique. Il faut leur faire les choses bien. Si le torero est un peu approximatif, ils peut «se faire manger». Par contre si le novillero a un peu de bagage, d’officio et qu’il va dans le terrain adéquat, l’Iban va le rendre en double ou en triple. Avec ces novillos, les oreilles coupées comptente et ont du poids. Ce type de toros transmet beaucoup d’émotion au tendidos. »

Tertulias : « La taquilla 2023 a-t-elle été satisfaisante ? »

Frédéric Marcel : « Le taux de remplissage a été de 60 à 65%. On peut et doit faire mieux cette année. Le seul lleno dans ces arènes date de la venue de Christina Sanchez en 1996. On a eu des remplissages importants dans les années 2000-2005, des années où les gens allaient aux spectacles taurins. Aujourd’hui avec 1200-1300 entrées payantes, nous sommes satisfaits. Le paramètre important c’est bien sûr le cartel mais c’est aussi la concurrence.  Cette année nous serons le premier spectacle piqué dans les Landes. En plus, contrairement aux autres années, il n’y a pas encore eu de courses landaises jusqu’à maintenant. »

Tertulias : « Quel est le programme du week-end  2024? »

Frédéric Marcel :  « Pour faire parler de nous et attirer un public nouveau, on a étoffé le programme des Pâques Taurines, sans trop grever le budget.  

Le vendredi 29 mars nous allons faire une conférence dont le thème sera la ganaderia de Baltasar Iban et les cartels de Mugron. Elle aura lieu au Cercle Taurin de Mont de Marsan.

Le samedi 30 mars, autre nouveauté, nous allons diffuser au cinéma de Mugron, à 18h, le film « Sables Fauves » de Francis del Rio. C’est l’histoire d’une personne qui vient d’une autre région et qui découvre la passion qu’on y a pour le toro et la tauromachie. L’auteur s’est mis en immersion avec l’Ecole Adour Aficion pendant plusieurs année, qui a filmé aux arènes de Mugron. Ce film parle de la passion qu’ont les jeunes du coin pour l’apprentissage de la tauromachie. L’entrée est gratuite.

Le dimanche 31 mars, ce sera une soirée pour les jeunes avec Bodegas, Bandas entre bons vivants. »

Tertulias : « Et le lundi matin ? »

Frédéric Marcel : « La journée commencera par le petit déjeuner à la fourchette traditionnel du Sud-ouest.  

A 11h, il y aura la novillada non piquée avec trois erales d’Alma Serena. Face à eux, il y aura Hadrien Lucq qui était présent à la novillada de 2023. Il sera accompagné de Julio Norte qui est la révélation de l’Ecole Taurine de Salamanque. C’est un jeune novillero très spectaculaire. A l’affiche, on a Hadrien Lucq qui est plus dans un concept « Paco Ureña » son torero de référence. On a choisi Julio Norte parce que cela va être l’eau et le feu. Ce sont vraiment deux styles très différents. Comme d’habitude, ils combattront chacun un premier eral et le vainqueur de leur confrontation confrontera le troisième novillo d’Alma Serena.

A la sortie de la novillada non piquée, ce sera la remise des prix du Concours de la Nouvelle Taurine. Cette remise aura lieu pour la première fois à midi et pour la première fois aussi on vendra le livre recueil des nouvelles du concours, le jour des Pâques Taurines. Les acheteurs pourront se faire dédicacer le livre par les auteurs présents.  

Ensuite ce sera alternance de danses sévillanes avec le groupe « Las del Viernes » d’Hagetmau et la banda de Mugron. 

Pendant et ensuite, ce sera le Repas de l’Aficion avec le traiteur Lavigne de Dax qui est une référence en la matière. L’an dernier, nous avions fait 600 repas , et on espère en faire autant cette année. » 

Tertulias : « Que peux-tu nous dire du cartel de la novillada piquée ? »

Frédéric Marcel : « L’après-midi ce sera la novillada piquée avec les novillos de Baltasar Iban. Comme chef de lidia, nous avons engagé Alejandro Peñaranda. Ce novillero vient de triompher aux Fallas de Valence. Il est le vainqueur du Certamen de novilladas de Madrid en 2023. Il a remporté cette compétition sans couper une oreille, seulement sur la qualité de ses séries de la main gauche. Cela donne une idée de son concept.

Alejandro Chicharro sera le deuxième novillero de l’affiche. En 2023, il a toréé 22 novilladas et coupé 45 oreilles. Il a pris tous les élevages avec par exemple Flor de Jara, Aurélio Hernando, Murteira Grave, Pincha, les Baltasar Iban deux fois dont ceux de Villaseca de la Sagra. Au sixième, un tueur fini, il a pris une voltereta impressionnante. Il n’a même pas regardé s’il était blessé, il est reparti au combat pour couper les deux oreilles. Il a un concept différent de celui de Peñaranda. Nous comptons sur lui pour animer la course. »

Pour fermer le cartel nous avons opté pour le portugais Tomas Bastos. On ne le présente plus dans le Sud-ouest. En 2023, en non piquée, il a coupé à Mont de Marsan. Il a sauvé la course à Rion des Landes, puis triomphé, en octobre, à Saint Sever avec une pétition de queue, ce qui ne s’était pas vu pour la novillada organisée par la Peña Jeune Aficion depuis des années. Il a débuté en piquée à Olivenza, il arrive à ce niveau avec l’intention de triompher. »

Tertulias : « Comment sont les novillos que vous avez choisis ? »

Frédéric Marcel : « La course comprend quatre novillos qui sont très Contreras. Ils sont plus bas, plus râblés que l’an dernier. Le lot de cette année est bien proportionné, pas trop lourd, pas trop haut. Il devrait avoir plus de mobilité. »

Tertulias : « Qu’est ce qui fait qu’un élevage comme Baltasar Iban accepte de venir et de revenir à Mugron ? »

Frédéric Marcel : « Baltasar Iban , il y a quarante ans toutes les vedettes se les disputaient pour triompher devant. Et puis il y a eu la rencontre, en 1994 à Madrid,  entre César Rincon et Bastonito. Ce toro, d’une caste folle, lui a fait suer sang et eau. Il a fallu qu’il se batte durement pour triompher. Dans la foulée, cela a été la traversée du désert pour la ganaderia. Plus personne ne voulait les prendre parce trop compliqués, ils donnaient trop de fil à retordre.

Dans les années 2000 , en France il y a quelques plazas qui ont fait confiance à cet élevage. Et de cela, Domingo Gonzalez le mayoral, s’en souvient. Il sait qu’en France, et en particulier dans le Sud-ouest on aime les toros-toros. On est respectueux du toro intègre et du travail du ganadero. Il n’est pas très difficile de convaincre Domingo de venir en France. Mugron n’est pas une place torerista. On sait très bien qu’il y a peu de novilleros qui vont remplir les arènes. Et on n’est pas une place torista parce qu’on n’est pas dans un intégrisme absolu. On ne veut pas être dans une case. On veut faire les choses bien et qu’il y ait de l’intérêt. »

Tertulias: « Et pourquoi Baltasar Iban? »

Frédéric Marcel : « Aujourd’hui on cherche un élevage qui plait au public des aficionados et qui attire aussi public nouveau, curieux et qui demain deviendra aficionado. On recherche ce type d’élevage. Les Baltasar Iban sont venus une première fois en 2015 quand personne, ou presque, ne les programmait en France. Il est sorti une novillada très encastée qui a fait transpirer Louis Husson et Pablo Aguado. Cette novillada a fait parler d’elle dans tous les médias taurins. Elle a remporté le prix Jean Louis Fourquet de Céret. Ils sont revenus en 2019 avec un peu moins de succès et en 2023. Il y a un véritable travail de confiance entre la ganaderia et les Mugronnais.

 Baltasar Iban, est intéressé à  lidier des novilladas en début de saison. En Espagne, il y a un creux pour les novilladas entre le début de saison et le moment fort de la saison de septembre et d’octobre. Certains novillos, un peu forts et quasi cuatreños, ne pourraient pas être lidiés en fin de temporada. »

Tertulias :  « Sur quels critères avez-vous choisi les novilleros ? »

Frédéric Marcel : « On construit le cartel en fonction de l’actualité du moment mais aussi en concertation avec Domingo et Luis Miguel Encabo le représentant de la ganaderia. Quand nous sommes allés au Campo, on a parlé avec eux de la prestation de Chicharro à Villaseca. On s’est posé la question de savoir si le petit Bastos , il le sentait capable de prendre les Ibanes. Ce n’est pas facile car il n’a que dix sept ans et une novillada piquée. C’est pour nous une responsabilité. J’ai envie de voir les gradins pleins et l’infirmerie vide. Pour Cristina Sanchez son apoderada il est en capacité de la faire. »

Tertulias : « Cette année, il n’y a pas de Français au cartel, pourquoi ? »

Frédéric Marcel : « Pourquoi pas de français ? On essaie chaque année de mettre des novilleros français. L’an dernier, il y avait Tristan Barroso. Celle d’avant c’était Solalito. Plus avant encore, il y a eu Yon Lamothe, Dorian Canton… Aujourd’hui les Français en novilladas piquées sont rares. Tristan Barroso est à Madrid le week-end d’après. Nous aurions aimé le répéter mais, et on peut le comprendre, il préfère se focaliser sur Madrid. On respecte son choix.

Lalo de Maria a un concept de tauromachie qui ne nous semble pas adapté à ce type d’élevage exigeant. Nino Julian a été déjà beaucoup vu dans le Sud-ouest du temps des non piquées et de ce que nous avons vu en 2023, il nous a semblé prématuré de le mettre devant les Baltasar Iban. Clemente Jaume, nous ne le connaissons pas suffisamment car on le voit très peu en France. »

Tertulias : « Qu’attendez-vous de Tomas Bastos ? »

Frédéric Marcel : « Tomas Bastos est le torero que la France a mis en évidence. Quand je l’ai vu à Mont de Marsan en 2023, je n’en avais jamais entendu parler. Il m’a époustouflé. Je l’ai vu excellent par la suite à Rion des Landes puis à Saint Sever avec les Fano. Il a étalé un registre de passes phénoménal. »

Tertulias : « Quand arriveront les toros ? »

Frédéric Marcel : « Ils arrivent lundi dans la soirée en même temps que ceux d’Aignan. » 

Tertulias : « Quelle est votre politique tarifaire ? »

Frédéric Marcel : « On a décidé de reconduire très exactement la même grille qu’en 2023. C’est gratuit pour les jeunes de moins de 16 ans (accompagné d’un adulte). Il y a 50 places pour les 16-22 ans à demi-tarif. Ensuite le forfait journée, le premier prix est 50€ avec la non piquée, le repas et la novillada. On essaie que le prix ne soit pas un problème. »

Tertulias : « Le tendido jeune a-t-il du succès ? »

Frédéric Marcel :  « L’an dernier, on a eu une soixante de jeunes dont beaucoup arrivent pour travailler dans le région et découvrent la tauromachie. »

Tertulias : « Comment faites-vous la publicité de la novillada ? »

Frédéric Marcel : « On utilise les réseaux sociaux. On distribue beaucoup de prospectus dans les commerces, chez les curistes (Dax, Préchacq, Sallies de Béarn et Eugénie-les-Bains) . Nous allons jusqu’à Barbotan . On fait beaucoup de kilomètres pour « tracter ». On essaie de faire passer notre publicité dans les conférences qui sont nombreuses en ce moment de la temporada.  Ce sont nos 39ème Pâques Taurines et ce ne sera pas la dernière.

On est un village de 1400 habitants avec des arènes de 2200 places. Pour équilibrer, on a besoin de faire 1300 entrées. Nos moyens sont limités. Nous sommes indépendants dans l’organisation mais on fait les choses sérieusement. Nous cherchons des sponsors, nous faisons des animations, des voyages pour faire rentrer de l’argent et équilibrer notre budget. Aujourd’hui c’est difficile pour les tauromachies. Le nerf de la guerre, c’est. l’argent et les contraintes administratives pèsent sur l’organisation de nos spectacles. »  

Tertulias : « Un dernier mot pour conclure ? »

Frédéric Marcel :  « J’invite tout le monde à venir pour ce qui sera le premier spectacle taurin de la temporada 2024 en Chalosse Je veux passer un message de solidarité avec nos amis de la Course Landaise qui sont empêtrés dans des problèmes administratifs. En Chalosse nous serons le premier spectacle taurin de la temporada alors que d’habitude , quand on arrive à Pâques, il y a eu dix courses landaises. Le public est un peu au pain sec et à l’eau et cela peut doper la fréquentation de nos arènes. »

Les réservations ont commencé depuis samedi 23 mars  ☎️  05 58 97 74 45  de 10h à 12h30 et de 15h à 18h30

Propos recueillis par Philippe Latour et Thierry Reboul

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