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Adrien Salenc : tenir, résister et renaître

Adrien Salenc : tenir, résister et renaître

Toréer en France, se former en Espagne. Durer dans un métier où rien n’est jamais acquis : voilà le parcours d’Adrien Salenc “Adriano”. Dans les arènes, Adrien avance avec cette gravité légère propre aux toreros qui savent ce qu’ils ont traversé pour arriver là. Un parcours constant et régulier puis un arrêt brusque. L’Espagne et la France n’offre aucune opportunité en 2025. Le Pérou lui offre les opportunités de revêtir le costume du torero. Il ouvre une paranthèse pour se maintenir sur le chemin qu’il emprunte depuis son adolescence. Entre ambition, travail et lucidité, il revient sur les défis qui l’attendent encore. Adrien Salenc s’est confié à Tertulias.

Tertulias : « Adrien, comment as-tu vécu cette difficile temporada 2025 ? » 

Adriano : « C’est une situation un peu bizarre et incompréhensible pour moi. Ce sont des choses qui arrivent dans le toreo. La plupart des matadors de toros y compris les grandes figuras ont connu des baisses dans leur carrière. C’est ce qui m’est arrivé cette année, motivée pour partie par l’opération l’année dernière de mon épaule droite. J’ai eu six à sept mois de convalescence. J’étais dans une situation où je n’avais pas le choix. Physiquement cela devenait trop difficile notamment à l’estocade. Je n’ai vraiment été prêt à 100% qu’au mois de mai. J’ai perdu l’opportunité de deux ou trois contrats en début de saison en France.

Le reste de l’année a été pour moi une mauvaise surprise de ne pas être programmé dans des arènes où j’ai triomphé. Les temps changent. Apparemment le triomphe dans l’arène n’est plus une sécurité pour pouvoir continuer à être programmé et revenir. Pourtant, le monde de la tauromachie a toujours été pour moi une référence en termes de valeur, de respect, et de méritocratie. Elle semble aujourd’hui, tirer vers les valeurs de la société actuelle qui ne vont pas toujours dans le bon sens..

Tertulias : « Qu’a représenté pour toi cette aventure sud-américaine, à un moment où les portes en Europe semblaient moins ouvertes ? » 

C’est vrai que cet arrêt forcé d’une année entière, je l’ai mal compris. J’ai une bonne relation avec toutes les empresas. Je ne suis fâché avec personne. Il arrive que les circonstances font qu’il y a des années, où les choses ne s’imbriquent pas, mais il faut continuer de l’avant. C’est ce que j’ai fait en allant au Pérou, où j’ai toréé une dizaine de corridas.

Aller au Pérou n’est pas toujours facile. C’est énormément de kilomètres à faire. Ce sont des voyages qui sont très longs. Dix heures d’avion et quand tu arrives à Lima, il faut souvent reprendre un avion pour s’approcher de la ville où tu torées. Bien souvent, tu en as en plus une dizaine d’heures de voiture ou de fourgonnette pour finir. C’est un sacré voyage pour arriver parfois dans des villages un peu perdus. Mais il y a une aficion énorme. C’est quelque chose d’impressionnant de voir tous ces gens remplir les arènes. »

Tertulias : « Quelles sont les différences là-bas avec la France ou l’Espagne que ce soit dans les arènes, les gens ? »

Adriano : « Il y a beaucoup de mérites à organiser des corridas, quand tu vois les conditions de vie qui sont assez précaires. Il n’y a pas toujours d’eau chaude, l’hôpital le plus près est parfois très distant du village où tu torées. Le réseau routier est très médiocre, avec peu d’autoutes et des chaussées pas toujours goudronnées. Quant au public, je pense qu’il y a des gens qui ont même pas de quoi à manger à leur faim mais qui sont contents de payer leur place pour aller voir la corrida. Cette passion du public m’a redonné foi en moi cette année. »

Tertulias : « Quand il torée au Pérou, Adriano est-il un autre torero? »

Adriano : « Non, non pas tellement. J’essaie de ne pas changer selon une arène ou l’autre. Toutes les arènes sont importantes. J’essaie d’être sérieux à chaque corrida. Tu ne sais jamais quel toro tu vas affronter l’après-midi. Ca peut-être le toro de ta vie, qui t’apprends énormément de choses, ou ça peut-être un toro très dangereux qui te met en mauvaise posture.

Pour moi il faut être toujours très mentalisé et très préparé. C’est pour cela que je ne change pas ma manière d’être et ma manière de toréer. Bien sûr, selon le toro, j’essaie toujours de m’adapter techniquement, c’est la base aussi de la tauromachie. Réellement, j’essaie d’être le même tout le temps. Peut-être, suis-je un peu plus allègre au Pérou, car c’est une aficion très chaleureuse et passionnée. Le public aime vraiment que le torero transmette « l’alegria », et cette envie de triompher. Il faut donc être un peu plus démonstratif. »

Tertulias : « Quand on part ainsi, est-ce une façon de se prouver quelque chose, ou simplement le besoin de continuer à toréer coûte que coûte ? »

Adriano : « Le Pérou, m’a maintenu vivant, en tant que torero et que personne aussi parce que les années passant c’est indissociable pour moi. Il m’a vraiment sauvé moralement et artistiquement. Il m’a permis de continuer d’exister, de triompher, de mettre le costume de lumière, de pouvoir m’exprimer, de pouvoir continuer à toréer, et qu’au travers des réseaux les gens et les aficionados voient que je ne suis pas mort artistiquement. Sur Facebook les courses sont télévisées en direct (ndlr Pérou Toros) c’est sympa.

En fait, tu te prouves quelque chose. Tu peux continuer à toréer et à exister parce qu’il y a vraiment un grand marché là-bas au Pérou. Il y a plus de 600 corridas par an et il y a énormément d’aficion. Dans certaines arènes les conditions sont vraiment bonnes. Dans d’autres c’est plus aléatoire, notamment à cause de l’altitude. Quand j’ai toréé au mois d’août dans les arènes de Cora Cora les plus grandes du Pérou, avec 30000 spectateurs, l’altitude est de 3800 mètres. J’ai toréé trois toros. C’est déjà très exigeant physiquement et mentalement parce qu’il faut arriver à tenir le coup.

Le plus dur surtout, c’est l’incertitude qui concerne les élevages qui ne sont pas toujours de grande garantie, et si tu y ajoutes le manque d’oxygène… mais bon, ça m’a permis de me surpasser et de prendre vraiment beaucoup d’assurance en moi cette année. »

Tertulias : « Comment as-tu vécu ce décalage : le fait de connaître le succès au Pérou et, en même temps, d’être absent des ferias européennes ? »

Adriano : « Mal, très mal. D’être un peu oublié par les empresas j’ai dû le vivre et ce n’est pas facile. Tu remets tout en question. C’est peut-être un bien, et comme je suis très exigeant envers moi-même, ça m’a permis de mieux me reconstruire après. C’est un cheminement nécessaire pour tous les artistes. Pour créer à nouveau, pour essayer de grandir, souvent il faut se détruire, il faut tomber bas. Pour voir la lumière dans toute son intensité, il faut avoir été dans l’ombre un moment.

Maintenant que l’hiver a commencé, que les négociations ont commencé avec les empresas, j’essaye d’avoir une autre optique. Affronter un autre type de corrida que je n’ai pas affronté avant. Je peux avoir ma place et me retrouver à nouveau dans les ferias.

Cette situation n’est pas arrivée par hasard. Je ne suis pas dans le déni de la réalité. Je suis très conscient qu’il y a des choses qui n’ont pas fonctionné. De là, à m’arrêter, à m’écarter complètement dans une temporada entière, je ne pense pas, avoir eu un si mauvais niveau pour mériter ce « châtiment ». »

Tertulias : « Quand tu parles de destruction quand tu parles d’exigence, comment cela se matérialise? »

Adriano : « Je plonge mentalement, parce que bien sûr, je ne torée pas. Depuis que j’ai l’âge de douze ans, j’ai eu la chance de savoir ce que je voulais faire, d’avoir un objectif clair, d’être un torero et je vis pour ça. Ça représente toute ma vie, il n’y a pas une seule journée où je pense pas à ça, il n’y a pas un seul moment où je déconnecte de la tauromachie. Toréer, c’est vivre. Et d’un coup, tu n’as pas de contrat. Tout ce que j’ai entrepris depuis le début de ma vie, tout ce que j’ai fait, finalement, ne servirait à rien ? Tu essaies de trouver le pourquoi du comment en cherchant où sont tes responsabilités. C’est très dur à digérer.

Ce que cette période m’a appris, c’est de prendre du recul et d’essayer de garder de la tranquilité par rapport à ces choses qui au final échappe à mon contrôle. Je suis allé dans ces arènes où j’ai rencontré le succès et si je ne suis pas reconduit tout n’est pas de ma faute. C’est ce qui m’a aidé à passer le cap moralement cette année, en disant que ce qui était dans mon pouvoir, je l’ai fait, c’est-à-dire avoir tout donné dans l’arène. Après, ce que font les empresas ou les commissions taurines, avec leurs cartels, c’est quelque chose que je ne peux pas influencer vraiment. Donc c’est ce qui m’a permis de revenir de manière positive dans mon année. »

Tertulias : « Quel est pour toi le fait marquant de cette campagne péruvienne? »

Adriano : « J’ai triomphé dans plusieurs arènes cette année, et avec des toros pas faciles. J’ai gracé mon premier toro, et ce fut un moment très heureux pour moi, ce 24 septembre. Avec ce toro de l’élevage de José Cruz « Atrevido », j’ai vraiment repris confiance en moi, parce que je me suis rendu compte que j’avais énormément de choses encore à exprimer, artistiquement dans l’arène. J’ai vraiment hâte qu’on me voit dans cette nouvelle version cette année, plus posée avec plus de lenteur, plus intériorisée. J’ai toujours été très convaincu et très déterminé en tout ce que je fais, mais là, c’est d’une manière beaucoup plus intérieure, beaucoup plus profonde et ça influence dans la manière de toréer, c’est sûr. »

Tertulias : « Si la tauromachie est une quête intérieure, qu’est-ce qu’au fond de toi, tu cherches à exprimer face au toro? »

Adriano : « Ce que je cherche à exprimer? La vérité! Me transcender et exprimer la passion de toréer avec ma personnalité. Mon concept du toreo est ample. Je pense être capable de comprendre beaucoup de manières de charger différentes grâce à un registre technique enmagasiné durant mes années d’apprentissage. J’ai eu la chance de toréer beaucoup d’encastes différents. Grâce à ça tu acquiers des connaissances et des nuances différentes dans ta tauromachie. Cette amplitude artistique et technique me permet de m’exprimer selon le moment et selon mon intuition. Pour ça, il faut vraiment que je connecte avec mon intérieur et la manière de le faire, c’est en donnant tout et en étant vraiment disposé à tout. Mais tout ça vient à la base de l’entrega. Pour moi, ce n’est pas négociable. L’entrega, c’est le début de tout. »

Tertulias : « Cette entrega, cette joie de toréer, est-ce que cela correspond à ce que tu es dans la vie? »

Adriano : « Je suis quelqu’un qui aime vivre très intensément le moment présent. Je suis conscient de la chance, du privilège que j’ai de pouvoir vivre la vie que je suis en train de vivre. J’ai fait beaucoup de sacrifices en partant de chez moi très jeune, en laissant mes parents, mon cocon familial, mon confort, en partant à Madrid. J’ai beaucoup de compagnons qui l’ont fait et qui malheureusement n’auront eu aucune récompense au bout.

Je me sens vraiment un privilégié d’avoir eu cette opportunité, d’avoir pu toréer et à continuer à le faire. J’essaie de continuer à en profiter tous les jours et de vivre pour ma passion, de me lever avec cet objectif, de me renouveler comme artiste, d’être meilleur au quotidien. Je suis conscient que c’est un privilège. C‘est une vie extraordinaire de pouvoir mettre le costume de lumières, se mettre devant un toro dans une arène pleine. Avoir la vie que j’ai, me remplit et me rend comblé de bonheur. Tout n’est pas que joie dans la vie mais tous les moments positifs que je vis valent tous les maux par lesquels je peux passer. »

Tertulias : « Quand on pétille autour dans la vie, le silence, l’attente, la patience, que tu as connus cette année, comment les vit-on? »

Adriano : « Ça peut faire du bien, le silence et la patience…. Heureusement, j’ai une vie personnelle à côté du toro qui est quand même assez comblée. J’ai la chance de pouvoir être heureux en dehors de ma profession, avec une famille qui est très présente, très aimante, avec des amis aussi qui sont très présents pour moi et qui m’ont beaucoup aidé en ces moments difficiles, qui ont su trouver les mots justes pour me motiver et pour me rebooster.

C’est ce qui permet, de continuer à aller de l’avant. Essayer de chercher d’autres motivations. Bien sûr, pour moi, le plus important dans ma vie, c’est le toreo mais il n’y a pas que ça dans la vie. On peut essayer d’avoir d’autres projets, d’autres motivations. C’est ce que j’ai essayé de faire tout au long de l’année. Et voilà, ça permet de relativiser un peu, de rentrer un peu en résilience. Tu fais avec le cours des choses, il faut se réinventer, et il ne faut pas rester à ressasser. »

Tertulias : « Qu’est-ce que ça t’a appris au final sur toi-même, cette période? »

Adriano : « Ca a confirmé encore plus l’envie d’être torero, de tenir, de résister. Je ne vis que de ça. Je n’ai rien d’autre à côté. J’ai énormément de choses à offrir et à partager avec le public, c’est ça le plus important finalement. »

Tertulias : « La situation du marché français relativement étroit, n’est-il pas aussi reponsable de ta situation en 2025? »

Adriano : « C’est une des raisons aussi de mon écart des arènes cette année. Il est vrai que j’ai beaucoup toréé en France, depuis mes premières années. Dans certaines arènes, j’ai toréé 8 à 10 ans d’affilée, de manière ininterrompue. Donc je comprends que dans certains endroits, ça peut faire beaucoup. Il y a pas mal de toreros français et, c’est tout à fait normal qu’ils aient leur opportunité. Après une petite pause, ce serait bien quand même, de revenir. »

Tertulias : « Comment sortir de ce carcan, que connaissent beaucoup de tes compagnons français et rentrer sur la marché espagnol? »

Adriano : « Il me faut une opportunité dans les arènes les plus importantes du monde qui est Madrid. Ces arènes sont gérées par un français qui sait mieux que personne ce que c’est la dureté de la tauromachie, d’être torero Français quand on n’a pas les portes ouvertes partout notamment en Espagne. C’est vrai que je pense que nous pouvons avoir peut-être un petit peu plus d’opportunités pour toréer à Madrid. Ce sont ces arènes qui peuvent ouvrir les portes du reste des autres surtout en espagne. La clé pour moi, c’est Las Ventas. Il y a d’autres corridas que la San Isidro mais il faut que ce soit une bonne opportunité. »

Tertulias : « Je voudrais revenir sur ton changement d’apodo. En quoi ce changement d’apodo était important? »

Adriano : « C’est basique. C’est un apodo pour faciliter la prononciation en espagnol. C’était une envie que j’avais depuis longtemps parce que je pense que c’est quelque chose de très espagnol. C’est le maestro Roberto Dominguez qui avait commencé à m’appeler comme ça lors d’un voyage en Equateur où j’avais accompagné mon ami Andrés Roca-Rey en 2022. Il a commencé à me raconter l’histoire de l’empereur Adriano qui était un grand empereur romain qui a ordonné la construction de l’amphithéâtre de Nîmes. L’idée a fait chemin dans ma tête et j’ai décidé de m’annoncer sous cet apodo. »

Tertulias : « Si tu devais imaginer la temporada 2026, comment aimerais-tu que cela se passe? »

Adriano : « Avoir une série de corridas programmée pour avoir l’opportunité de continuer à démontrer et à confirmer la croissance que j’ai toujours eue ascendante dans ma carrière. C’est aussi la manière dans laquelle je me vois construire l’année, quitte à peut-être affronter des corridas dites, plus dures. Les élevages ne sont peut-être pas du goût de tous les toreros, mais je le suis disposé à les affronter.

J’ai vraiment besoin de toréer, de m’exprimer dans les arènes, et je pense que ce serait une manière aussi de prendre un peu plus de crédibilité, même si je pense que j’en ai pas perdu. Il ne faut laisser installer cette sensation que peut donner le fait de ne pas toréer. Toréer s’il le faut des toros durs, ce serait aussi une bonne manière, de re-rentrer dans le circuit des ferias et de démontrer ma capacité à résoudre les problèmes devant les toros et de montrer mon concept devant ces animaux-là. »

Tertulias : « Et sans trahir des secrets tu as des contacts concrets par rapport à ça? »

Adriano : « Oui, des espoirs véritables, avec pas mal de discussions déjà entamées pour l’année prochaine et qui vont sur le bon chemin. Donc j’espère qu’en début d’année, avoir quelques bonnes annonces pour le sud-est et le sud-ouest. »

Tertulias : « En dehors des arènes as-tu déjà des projets, des contacts ou des rêves précis ? »

Adriano : « J’attends la confirmation d’un projet qui serait magnifique. Tant que les choses ne sont pas signées, je n’aime pas trop en parler. Au-delà des entraînements, qui me prennent quand même pas mal de temps, ma récente paternité me prend pas mal de temps. C’est une fierté d’avoir pris cette décision parce que ce n’est pas facile, surtout quand tu es torero.

Quand on traverse une année comme celle que j’ai traversée, l’arrivée de ma petite m’a totalement comblé sur le côté personnel. C’est une chose qui me rend très heureux. Après le torero, ce n’est pas seulement faire du sport et s’entraîner. Il faut aller aussi au campo, il faut connaître les élevages. Il faut savoir ce qu’il y a de disponible donc c’est beaucoup d’appels, de réunions avec des empresarios, avec des gens qui peuvent aider. »

Tertulias : « Qu’est-ce que l’on doit souhaiter à Adrien Salenc (l’homme et le torero) pour le futur? »

Adriano : « C’est bien sûr de pouvoir continuer à m’exprimer dans les arènes, et surtout de continuer à être heureux, à être bien avec moi-même, bien avec mes amis, bien avec ma profession, bien avec ma vocation, avec la tauromachie et continuer à pouvoir vivre intensément, comme je le fais. On peut aussi me souhaiter de la chance parce qu’il en faut aussi. Un petit coup de pouce de temps en temps pour que quelque chose se passe vraiment bien, ça ne fait pas de mal. »

Tertulias : « Un dernier mot pour terminer? »

Adriano : « Hâte de retrouver les aficionados dans les arènes pour essayer de donner encore des grandes tardes dans les grandes arènes françaises.. oui c’est ça impatient, impatient de vous retrouver tous. »

Propos recueillis par Philippe Latour

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