Boujan, présentation réussie de Julio Romero
Boujan, présentation réussie de Julio Romero
Le résumé
La première novillada de la Féria 2025 de Boujan est allée « a mas ». Si les deux premiers Rehuelga ont manqué de fond, les quatre suivants par leur noblesse ont offert des possibiltés que tous les novilleros n’ont pas su saisir.
Tomas Bastos a coupé deux oreilles sans vraiment convaincre. Tomas Gonzalez est passé à côté de l’intéressant cinquième.
Julio Romero a été la révélation du jour pour sa présentation en piquée. Le novillero d’Osuna a coupé une puis deux oreilles après des faenas alliant aguante et temple et très bien conclues par deux bonnes estocades. Il est un novillero à suivre dans les mois qui viennent.
Dommage que beaucoup de personnes aient été rebutées par la chaleur car les présents n’ont pas regretté d’être venus « bronzer » sur les gradins de la placita boujanaise.
Les novillos
Quatre novillos de Rehuelga typés Buendia et deux typés Graciliano ont constitué le lot lidié ce samedi à Boujan. Plutôt légers et discrets d’armures, ils se sont peu employés au cheval. A leur décharge la lidia au premier tiers n’a jamais été à leur avantage. A la muleta, le premier était compliqué, le second a manqué de chispa. Par contre les quatre suivants ont été nobles à la muleta et ont offert des possibilités aux toreros. Les plus intéressants ont été les deux novillos lidiés et bien mis en évidence par Julio Romero.
Les novilleros
Tomas Bastos, après un très beau parcours en non piquée, a du mal à confirmer à l’échelon supérieur. Son premier se défendait et était court de charge et demandait une muleta plus poderosa que celle du Portugais. Le quatrième était noble et permettait. Bastos a opté pour une tauromachie qui a porté sur le public mais peu sur le toro et qui a surtout manqué de profondeur. Une oreille aurait suffi mais sans vraie pétition, le palco en a donné deux.
Tomas Gonzalez a touché deux novillos avec du potentiel. Il a enchainé les passes sans vraiment structurer sa faena, a mal tué le premier puis est passé à côté du cinquième.
Julio Romero, finalliste malheureux du Bolsin de Bougue 2023, a fait ce jour ses débuts en piquée à Boujan. Le public a découvert un novillero courageux qui torée avec sincérité, efficacité et temple et dont les muletazos sont aussi « jolis ». Il a su exploiter ses deux novillos qui entre ses mains se sont révélés les meilleurs de la tarde. Ses deux estocades ont été un modèle d’engagement et d’efficacité. Le novillero d’Osuna sera à suivre lors des prochains rendez-vous de sa temporada.
La novillada vue par l’objectif de Philippe Gil Mir

Fiche technique
- Arènes de Boujan , 1ère novillada de la Féria. Novillos de Rehuelga
- Tomas Bastos: silence (avis), deux oreilles
- Tomas Gonzalez : silence (avis), salut
- Manuel Romero : oreille, deux oreilles
- douze piques, cuadra Bonijol
- Président : Jean Marie Germain
- Un quart d’arène
- Que les deux trompetistes des clarines ont été courageux de rester en plein soleil pendant trois heures.
Novillo à novillo
Premier novillo Tomas Bastos
Le premier Rehuelga est léger. Il met la tête dans la cape de Tomas Bastos. Juste de forces, il prend un premier puyazo carioqué en s’employant. Le président impose une seconde rencontre. Elle est purement pour la forme. A la cape comme à la muleta le novillo se défend si on le cite par le haut et refuse si on l’oblige par le bas. Début à gauche, le Portugais s’applique mais le novillo est trop juste de forces pour que la faena transmette la moindre émotion. Quand Bastos prend la main droite, le Rehuelga est de plus en plus court de charge et tout va à menos. Le novillero pinche à trois reprises avant de tuer d’une entière plate et un descabello après qu’un avis a sonné. Silence.
Second novillo Tomas Gonzalez
Le second est comme le premier dans le type Buendia et léger. Tomas Gonzalez le reçoit par des véroniques genoux ployés. Il prend un puyazo et un picotazo sans s’employer. Le novillero brinde à Antoine Capdeville. Le novillero débute sa faena par des doblones puis il enchaîne, en douceur, par des derechazos. Le Rehuelga est noble mais manque de chispa. Passe à passe, Gonzalez donne des muletazos sur les deux pitones sans se croiser. Il est souvent contraint de faire un pas en arrière. La faena manque de construction et de transmission. Il entend un avis après plusieurs pinchazos, une épée de gendarme et une entière tombée. Silence.
Troisième novillo Julio Romero
Julio Romero s’avance vers les toriles pour recevoir le troisième à porta gayola. La suite de la réception à la cape est brouillonne. Bien piqué par Gabin Rehabi, le Rehuelga prend un premier puyazo en s’employant. Il est plus discret lors de la seconde rencontre. Romero entame les débats par des derechazos efficace en baissant la main. Noble le toro humilie. Le novillero se fait accrocher la muleta lors de la seconde. Par la suite, le novillero, très courageux, alterne de bons passages, se croisant et conduisant bien la charge du toro avec d’autres moins aboutis. Les meilleurs muletazos sont les derniers. Romero s’engage et tue d’une très belle entière qui a elle seule vaut l’oreille accordée. Le novillo est applaudi.
Quatrième novillo Tomas Bastos
Le quatrième est typé Graciliano. Il est plus haut et plus lourd que les trois premiers. Mal mis en suerte, il prend un premier puyazo très, voire trop, appuyé en s’employant. Il ne pousse pas lors de la seconde rencontre. A un quite brouillon de Gonzalez, Tomas Bastos répond par des véroniques suaves. Le Portugais commence sa faena par des doblones , le novillo est noble. Bastos en profite pour enchaîner par de bons derechazos.
A gauche, il se fait d’abord voir par le novillo. La seconde série de naturelles est heurtée. A partir de ce moment, le novillero enchaîne des séries de muletazos qui portent plus sur le public que sur le Rehuelga. La fin de faena se fait sur le pico et manque de profondeur. Bastos tue d’une bonne entière après un pinchazo. Une première oreille tombe puis une seconde qui est elle plus que généreuse, palmas pour le toro.
Cinquième novillo Tomas Gonzalez
Le cinquième est, comme le précédent, typé Graciliano. Tomas Gonzalez ne l’aide pas à s’employer lors des capotazos de réception. Le novillo subit, sans pousser, un premier puyazo très appuyé. Il ne s’investit pas plus lors de la seconde rencontre. A la muleta, il est noble. Le novillero, sans structurer sa faena, enchaîne des muletazos sans se croiser et en oubliant parfois le troisième temps de la passe. Non dominé, le Rehuelga devient distrait et la faena va « a menos ». Les luquesinas finales ne s’imposaient pas. Gonzalez tue d’une quasi entière trasera après un pinchazo. Le torero salue mais se voit refuser, par le public, de faire une vuelta.
Sixième novillo Julio Romero
Le sixième est lui typé Buendia. Il se défend dans la cape de Julio Romero puis au contact du peto lors de la première rencontre . Il charge avec une belle arrancade lors de la seconde mais ne peut pas pousser car la pique est trasera. Bastos fait un quite dont on retiendra la très belle demie qui l’a conclu. Romero ne répond pas. Il brinde à Elodie Daure puis met le toro au centre avec beaucoup d’efficacité. Le Rehuelga est noble et humilie en attaquant la muleta.
Le novillero l’oblige par des derechazos , muleta basse. Sans se faire toucher la muleta et en baissant la main il enchaîne de bonnes séries sur les deux pitones. Il torée avec du temple et avec un toque tout en douceur mais aussi tout en efficacité. La fin de faena est excellente et est conclue par une nouvelle épée engagée et efficace bien que légèrement tombée. Deux oreilles sont réclamées et fort justement accordées à Julio Romero. Le novillo est applaudi.
Thierry Reboul