Actualités TaurinesOrganisateurs interviews

La Marensiña, la pratique taurine ouverte à tous

La Marensiña, la pratique taurine ouverte à tous

Il fait frisquet ce samedi matin d’automne. La ville de Soustons dort encore, enveloppée dans un silence doux. Pourtant, du côté des arènes, l’air vibre déjà : on court, on s’échauffe, on déroule les muscles encore engourdis.

Café avalé, morceau de pastis landais englouti, les corps tentent de se mettre en température. Comme chaque semaine, jeunes et moins jeunes suivent Cyril Pinsolle, qui mène l’échauffement avant de sortir capes et muletas pour travailler les gestes du toreo de salon.

C’est ici que la Marensiña répète son rituel hebdomadaire : chacun vient progresser à son rythme pour toréer un adversaire imaginaire pour affiner technique, placement, attitude pour un jour se confronter à du bétail. Toréer de salon comme l’on dit dans les milieux autorisés pour devenir des practicos de plus en plus aguerris.

Une aventure née en 2016

« La Marensiña a été créée en 2016, avec pour vocation à la base de donner des cours de toreo de salon aux socios de la Peña La Finca » nous dit Cyril qui en est devenu son président et son principal animateur. « Rapidement , l’association a attiré des jeunes et la tentation un temps d’en faire une école taurine a basculé en une école de pratique et formation à la culture taurine ouverte à tous.« 

Une « famille » intergénérationnelle

Le bouche-à-oreille a fait le reste. Aujourd’hui, la Marensiña réunit une vingtaine de membres, dont les âges s’étendent de 9 à 76 ans. Ainsi entre départs, arrivées, retour, la Marensiña compte bon an mal an, environ une vingtaine de socios « l’âge de nos membres réguliers va de 9 ans à 76 ans, et descend même à 7 ans pour le plus jeune d’entre eux qui vient d’Espagne avec son papa de temps à autre pour quelques sessions. Il faut dire que les socios viennent de partout » . Il est loin de temps des cours réservés à la Peña La Finca.

« Ce mélange intergénérationnel fonctionne très bien. La différence d’âge disparaît dès qu’ils entrent en piste. Tous cherchent à mieux comprendre ce qui se passe dans un ruedo : placement, technique, lecture des situations. Ça leur ouvre des perspectives nouvelles. »

Heureusement que Cyril Pinsolle a la condition car il va de l’un à l’autre prodigant ici un conseil, là un correction de posture toujours dans la bienveillance et l’échange. « Benoît Pfister, David Bouquet et Jean Marie Bouillet m’aident mais j’assure la majorité des entraînements. J’ai toujours peur de ne pas m’occuper suffisammment de tout le monde. Mais ils savent se prendre en main et s’entraîner entre eux. Je ne suis pas un professionnel, mais j’essaie de transmettre ce qu’on m’a appris. Et puisqu’ils reviennent chaque samedi, c’est que ça leur plaît ! Ils vivent leur passion pleinement sachant que l’on a absolument pas vocation à être une école taurine » .

Matériel fourni, ambiance garantie

Pas besoin d’avoir son matériel, puisque la Marensiña dispose de capes, muletas, ayudas mises à dispositions et bien entendu paires de cornes et carretones pour matérialiser un tant soit peu l’adversaire virtuel.

Pour contacter l’association, on a le choix. Par mail lamarensina@yahoo.com, sur la page FacebookLa Marensiña et bien sûr en venant sur place le samedi matin aux arènes de Soustons. « les futurs adhérents ont 3 séances d’essai pour venir s’entraîner et découvrir les séances de toreo de salo. S’ils veulent perséverer, la cotisation est de 200€ pour un an sachant qu’il n’y a pas sauf exception de vacances pour les cours qui se donnent toute l’année. La cotisation inclus le prêt de matériel et les sorties devant le bétail. »

Pas besoin d’être un aficionado averti pour venir « Olivier par exemple comprend la corrida en devenant practico. Il fait le chemin à l’inverse de beaucoup. Il ne connaissait rien à la corrida. Olivier nous a vu en piste pour les fêtes à Soustons. L’ambiance lui a plu, il est venu me rencontrer. Il devenu socio de La Marensiña et depuis va aux corridas tout en pratiquant.« 

Des chemins qui mènent parfois plus loin

Sans avoir de vertus d’école taurine, la Marensiña peut offrir un pont à certains jeunes dont la passion grandissant ont envie de tenter l’aventure taurine. « Un de nos jeunes élèves Noah Pfister vient d’intégrer la réputée école taurine de Salamanque. Il vient de faire le grand saut. Nous sommes allés voir la confirmation de Clemente Nous en avons profité pour organiser une journée taurine dans un élevage. Il est siorti de tapia , en étant extraordinaire. Cela a été le déclic. Un autre de nos élèves à intégré l’an dernier l’école de Richard Milian « Adour Aficion » mais  » A La Marensiña on a pas la vocation de devenir quelqu’un, on fait les choses avec sérieux sans se prendre au sérieux.« 

Adrien Salenc est devenu le parrain de l’association. Après être venu rendre visite un samedi matin, il a invité les jeunes à partager une tienta avec lui et Cyril lui a proposé ce parrainage que le nîmois a volontiers accepté.

À Soustons, la Marensiña incarne une tauromachie de proximité, vivante et généreuse. Un lieu où l’on apprend, où l’on partage, où l’on découvre l’autre côté de la barrière, celui du toreo, des gestes, de l’émotion.
Ici, on ne forme pas des toreros, on forme des aficionados éclairés et parfois, on révèle une vocation.

En vidéo, un aperçu d’un samedi matin à La Marensiña

Philippe Latour





Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

×
Verified by ExactMetrics