Actualités TaurinesToreros Interviews

Valentin, la tête sur les épaules et les pieds sur terre.

Valentin, la tête sur les épaules et les pieds sur terre.

Dès nos premiers échanges, le garçon insiste : « Pour moi, ce qui compte par-dessus tout, c’est le toro ! ». Dès lors, nous comprenons mieux son choix d’effectuer son début en novillada piquée au cours d’un desafio ganadero. Par définition, ce type de course braque davantage les projecteurs sur l’animal que sur le piéton qui lui fait face. Le Nîmois, Valentin Vindevogel débutera « con caballos » le samedi 26 juillet 2025 à Beaucaire, lors d’un concours opposant les ganaderias de Yonnet et de Tardieu Frères. Un choix audacieux et l’occasion pour Tertulias de mieux faire sa connaissance.

Tertulias : « Peux-tu, en quelques mots, nous en dire un peu plus sur toi ? »

Valentin : « Je m’appelle Valentin Vindevogel, j’ai 23 ans. Je suis né à Bagnols-sur-Cèze, mais je me considère comme Nîmois d’adoption. C’est à Nîmes que j’ai fait mes études et c’est là où s’est forgée ma passion des toros. Aujourd’hui, ma vie est à Nîmes ».

Tertulias : « Tu as fait des études dans quel domaine ?»

Valentin : « Je suis titulaire d’un BTS de commerce international ».

Tertulias : « Et comment passe-t-on d’étudiant en commerce international à matador de toros ? »

Valentin : « Tout a commencé par un véritable « coup de foudre » à l’égard du toro de combat. C’est la fascination pour cet animal qui est à l’origine de mon aficion. J’avais six ans, quand ma grand-mère qui habitait Arles, m’a amené avec elle voir ma première corrida. Un mano a mano entre Sébastien Castella et El Juli. L’emprise du Juli sur les toros, a provoqué le déclic . Je serai comme lui, matador de toro et figura del toreo ».

Tertulias : « Comment tes parents ont réagi quand tu leur as annoncé tes projets ? »

Valentin : « Au début, mes parents ne prenaient pas trop au sérieux mon objectif de devenir matador de toros. Ils pensaient que c’était un rêve d’enfant. Je n’ai pas été élevé dans un milieu taurin. Mon père s’intéressait à la tauromachie, mais de loin. J’ai donc dû poursuivre mes études, tout en continuant à assouvir ma passion des toros en fréquentant régulièrement les arènes. Cette passion ne s’est jamais essoufflée, bien au contraire. Très vite j’ai informé mes parents de ma volonté d’intégrer une école taurine, dès l’obtention de mon brevet. Finalement, c’est moi qui, au cours de mon apprentissage, leur ai fait découvrir le monde des toros. Aujourd’hui, ils sont devenus mes premiers supporters. »

Tertulias : « Quel a été ton parcours de formation ? »

Valentin : « J’ai débuté au CTN (Centre de Tauromachie de Nîmes) de Brigitte Dubois pendant un an. Ensuite, ma véritable formation, technique, physique et mentale, s’est déroulée au CFT (Centre Français de Tauromachie). J’ai été pris en charge par Christian Lesur, Patrick Varin et Juan Villanueva. »

Tertulias : « Quand as-tu revêtu pour la première fois l’habit de lumière ? »

Valentin : « C’était à Saint-Gilles, le 23 août 2023 pour la finale du Bolsin Nîmes Métropole. Finale que j’ai remportée » (NDLR 3 oreilles et sortie a hombros).

Tertulias : « Quel est ton bilan en novilladas non piquées ? »

Valentin : « J’ai toréé au total 20 novilladas sans picador, soit 5 en 2023 et 15 jusqu’à aujourd’hui ».

Tertulias : « Ton meilleur souvenir durant cette période ? »

Valentin : « Sans nul doute, le paseo de la novillada de Nîmes le 15 septembre 2023, devant mon public. J’y ai remporté le Trophée Nîmeño II. Bien sûr, il y a eu Valencia aux Fallas 2024 (NDLR vuelta après pétition), mais toréer chez soi, ce n’est pas pareil. Je garde également d’excellents souvenirs de Saint-Gilles, d’Algemesi et de Riscle (NDLR gagnant du prix de l’ACOSO) ».

Tertulias : « Comment t’entraînes-tu ? »

Valentin : « Actuellement, j’ai un entraînement intensif quotidien, à la fois physique et avec également beaucoup de toreo de salon. Avant Beaucaire, je vais aussi participer à quelques tentaderos chez Tardieu, Yonnet et peut-être Roland Durand ».

Tertulias : « Comment as-tu adapté ton entraînement en vue de la novillada de Beaucaire ? »

Valentin : « J’ai gardé, à peu de chose près, le rythme de mes entraînements habituels. J‘ai cependant augmenté leur intensité en travaillant plus sur l’explosivité et la réactivité. Je m’attache également à travailler particulièrement les détails qui pourront faire la différence le jour J ».

Tertulias : « Laurent Giner, le président de l’ATB nous a confié sa surprise quand tu t’es proposé de débuter « con caballos » dans ce desafio d’encastes minoritaires. Tu n’as vraiment pas choisi la facilité ! »

Valentin : « Oui, c’est vrai, mais c’est un challenge que je me suis fixé. Mentalement, je m’y prépare sérieusement en envisageant tous les scénaris possibles, qu’ils soient bons ou mauvais. Ce challenge peut me rapporter gros. Si je parviens à m’imposer dans ce type de corrida, alors je peux marquer les esprits et potentiellement voir s’ouvrir pas mal de portes dans l’avenir ».

Tertulias : « On t’a aperçu isolé et concentré dans le callejon, dimanche matin à Céret, pour la novillada des Quintas. À cet instant, à quoi pensais-tu ? »

Valentin : « Avant tout, j’ai trouvé le lot de novillos intéressant, particulièrement l’excellent sobrero sorti en 6. Je me suis surtout focalisé sur le comportement des novillos. J’ai regardé leur positionnement au cheval, leur attitude après les piques, la façon d’embestir dans la muleta après l’épreuve du cheval. J’ai pas mal observé mon compañero de cartel, Pepe Luis Cirugeda et sa façon de se conduire en piste ».

Tertulias : « Pour cette novillada, l’ATB vous a laissé le choix, avec Gonçalo Alves, de monter votre propre cuadrilla. Elle est donc franco-portugaise. Qui la compose côté français ? »

Valentin : « Il y aura deux picadors : Laurent Langlois et Luc Tosello. Deux banderilleros : Julien El Santo et Jérôme El Chino ».

Tertulias : « Qu’attends-tu d’eux ? »

Valentin : « Une lidia au top du début jusqu’à la fin, surtout dans ce genre de course où le toro doit être mis en valeur. Et puis, leur expérience et leur professionnalisme sont essentiels. Leur regard extérieur à l’action doit me permettre de corriger rapidement des défauts qu’on ne voit pas forcément quand on est au cœur du combat ».

Tertulias : « Comment définirais-tu ta tauromachie ? »

Valentin : « Je conçois ma tauromachie comme une tauromachie de « pouvoir ». À la muleta, dès le début de la faena, je vais essayer de peser sur le toro en allongeant les séries, en réduisant les distances jusqu’à avoir un contact physique avec l’animal, en baissant la main. Mon but, c’est qu’au moment de l’estocade, le toro ait été totalement dominé. Ma tauromachie est une tauromachie de « poder ». C’est pour ça que la muleta est mon instrument de prédilection, même si je prends aussi beaucoup de plaisir à toréer de capote. »

Tertulias : « Qui sont tes exemples ? »

Valentin : « El Juli, Daniel Luque, Tomás Rufo et Roca Rey bien sûr. Et puis, je ne veux pas oublier José Tomás ».

Tertulias : « Comment vois-tu la suite de ta carrière ? »

Valentin : « Après Beaucaire, qui va être un tournant, j’ai quelques pistes en Espagne, mais rien de concret. En 2026, j’aimerais pouvoir beaucoup toréer et intégrer les grosses férias comme celle de Nîmes. Ce que je souhaiterais, c’est de m’imposer comme novillero figura. On ne sait jamais ce que réserve l’avenir, mais je me laisse environ trois ans avant de franchir le pas d’une alternative.

Tertulias : « Comment gères-tu la peur et la menace de la mort inhérente à la discipline ? » 

Valentin : « Je n’ai pas de gestion particulière. Comme tout torero, j’accepte les risques qui peuvent aller jusqu’à la mort. Le danger, on vit avec. C’est un mode de vie : on vit toro, on dort toro, on mange toro, on rêve toro. La mort que tout le monde essaye d’effacer et d’oublier, moi je vis avec au quotidien et ça ne me dérange pas d’en parler. C’est quelque chose de naturel, avec cependant une inconnue, c’est la manière : un coup de corne ou autre… Mais c’est ma liberté et mon choix assumé que d’entrer dans une arène pour affronter un toro dont je sais qu’il peut me tuer ».

Tertulias : « Qui s’occupe actuellement de ta carrière ?» 

Valentin : « Christian Lesur est présent ainsi que deux autres personnes, mais je préfère rester discret sur ce sujet ».

Tertulias : « Quel serait ton rêve ultime ? »

Valentin : « Déjà triompher à Beaucaire (rires) où, de ce que je sais, il est compliqué d’ouvrir la grande porte. Puis, dans l’avenir, évidemment ouvrir celle de Madrid et devenir une figura del toreo ».

Il ne nous reste plus qu’à remercier Valentin pour sa disponibilité et lui donner rendez-vous à Beaucaire en lui souhaitant « muchas suerte ».

Propos recueillis par Olivier Castelnau.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by ExactMetrics