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Valencia, les yeux d’Andrès

Dans les yeux d’Andrès se lisait l’envie de triompher…

Andrès Roca Rey a, en deux corridas, marqué le début de sa temporada à Valencia. Sorti à hombros, il a été porté jusqu’à son hôtel. On se souviendra de sa faena de grand poder face au troisième Jandilla.

Manzanares, toujours aussi prudent, a coupé une oreille en tuant vite le premier. Talavante avait envie mais le sorteo lui a été défavorable.

Autre acteur majeur de cette course, au palco, Jesus Merenciano a, par son autorité,  conservé le sérieux à cette après-midi qui grâce à lui a été triomphale sans être triomphaliste.

Les toros

Après deux toros intéressants, est sorti un colorado discret au cheval mais exceptionnel au troisième tiers. Il a permis à Roca Rey de faire une faena extraordinaire. L’encierro de Jandilla est ensuite allé à menos. Le sixième avec beaucoup de toreros n’aurait rien donné. Il a eu la chance d’être lidié par un grand Roca Rey.

Les toreros

José Maria Manzanares coupe une oreille à un toro noble et avec du moteur, mais juste de forces, à l’issue d’une faena essentiellement droitière, la corne la plus favorable du Jandilla. Comme souvent l’Alicantino a toréé sur le pico en privilégiant l’esthétique. Il s’est fait accrocher le peu de fois qu’il s’est centré. Comme d’habitude Manzanares tue vite. Difficile de passer pour un Manzanares prudent et vieillissant après le cyclone Roca Rey, le quatrième protestait et ne transmettait rien. La  faena est vite allée a menos.

Le second Jandilla s’est éteint brusquement à la première série de derechazos. Malgré l’envie de Talavante , la faena est allée à menos avant de commencer. Le coup d’épée est un modèle du genre même s’il est un peu long à faire effet. Pas grand-chose à faire avec le cinquième querencioso avec du genio.

Le troisième, quelconque au cheval, a une noblesse piquante qui transmet une émotion vibrante. Et comme Roca Rey est un grand lidiador et un torero dominateur la faena est une grande faena. La dernière série à gauche est superbe, celle à droite qui a suivi est l’illustration de ce que veut dire le mot domination. Les derniers muletazos dans un terrain réduit ont fait se lever le public et les deux oreilles sont méritées. Nouvelle démonstration de pouvoir et de classe face à un sixième manso, Roca perd à l’épée le double trophée et doit se contenter d’une seule oreille.

Fiche technique
  • Arènes de Valencia,  Féria des Fallas 2024 , corrida. Toros de Jandilla et Vegahermosa (4ème) pour
    • José Maria Manzanares : oreille , silence
    • Talavante : silence, silence
    • Andres Roca Rey :  deux oreilles (avis), oreille (avis)
  • Douze picotazos
  • Vuelta pour l’excellent toro
  • Président : Jesus Merenciano (excellent tout au long de la corrida)
  • Lleno de « No Hay Billetes »
  • Les spectateurs ne donnent pas l’impression d’avoir chaud.
Toro à toro
 Suberviso Jandilla José Maria Manzanares

Le premier, correctement présenté, a du mal à se fixer dans le capote de José Maria Manzanares et fléchit deux fois avant que ne rentrent en piste les piqueros. Première rencontre, le Jandilla pousse sur une corne. Juste de forces, il est économisé à la seconde. Talavante prend son tour de quite , ses chicuelinas sont ovationnées.  Le toro est noble et embiste avec classe ce qui permet au torero de dessiner une première série de derechazos allurés.

Mais il perd les mains si Manzanares l’oblige trop par le bas. Les muletazos suivants sont esthétiquement superbes mais trois sur quatre sont sur le pico.  A gauche, le torero d’Alicante est en difficulté car le toro proteste sur ce piton.  Retour à droite, la dernière série est la plus centré et le Jandilla bouscule José Maria au quatrième muletazo. L’estocade est très contraire mais paradoxalement très efficace. L’Alicantino coupe la première oreille de la tarde.

Orientador Jandilla Talavante

Talavante accueille le second par des faroles. La première pique est trasera et le Jandilla se défend sur une corne. Lui aussi juste de forces, il est peu piqué lors de la seconde rencontre. Roca Rey réalise un bon quite par chicuelinas et tafalleras et conclut par une demie. Le toro est noble. Talavante commence sa faena par le haut.  Le torero cite de près un bicho qui devient parado dès les premiers derechazos. A gauche, les naturelles sont « élégantes » mais le toro n’avance pas et l’émotion est absente du ruedo. Le toro est totalement éteint et le torero de Badajoz finit par prendre l’épée.  Belle estocade dans l’exécution et le positionnement mais un peu longue à agir, Talavante doit descabeller, silence.

Leguleyo Jandilla Andres Roca Rey

Le troisième est différent morphologiquement des deux premiers ; Il est beaucoup moins aleonado. Il  se fixe plus vite quand Roca Rey le reçoit à la cape.  Par contre comme les premiers il est juste de forces et ne s’emploie pas au cheval.  Le public répond par une ovation au brindis du Péruvien qui débute sa faena par des cambiadas à genoux. Le toro est noble et répète. Comme à l’accoutumée , les premiers derechazos sont appuyés. A droite comme à gauche le Jandilla, aux allures de Rincon-Nuñez , ne se laisse pas faire. Ce caractère convient bien au Péruvien mettant en évidence sa tauromachie.

Roca Rey prend le pouvoir et la série de naturelles est superbe de domination. La faena va à mas avec des derechazos templés. Le toro est dominé et le torero peut réduire les distances pour une grande série finale. Pétition d’indulto qui pose problème compte tenu du premier tercio. Roca Rey fait durer. Le président fait sonner le premier avis, bravo Señor Merenciano. Le torero entre à matar et met une demie basse . Le toro va mourir au centre de la piste . Deux oreilles et mouchoir bleu.

Leon Vegahermosa José Maria Manzanares

Le quatrième, bien fait,  est dans le type Jandilla. Il met les reins et se défend en même temps lors de la première rencontre. La second se limite à un picotazo. Début de faena, le Jandilla proteste un peu. José Maria Manzanares donne les premiers derechazos sur le pico. Le Jandilla commence à mieux mettre la tête mais il fléchit au troisième muletazos. Manzanares relève la main et le bicho proteste à nouveau lors de la série suivante. A gauche, l’animal ne se livre pas et le torero revient sur l’autre piton. La fin de faena manque de transmission et va à menos. Un pinchazo précède une entière contraire mais suffisante.  Silence

Juanjalimpio Jandilla Talavante

Le cinquième est cinqueño. Il est bien fait même s’il est le plus léger du lot. Il se freine dans la cape de Talavante.  Pas grand-chose à retenir du premier tercio, le toro est manso mais il poursuit les banderilleros jusqu’aux planches. Premiers muletazos le toro cherche à partir puis revient et attaque la muleta avec violence et genio dès qu’il est sollicité hors querencia. Talavante le toréé dans les tablas. Ce n’est pas le type de toro qui convient à la tauromachie du torero , quelques muletazos puis il prend l’épée. Une mete y saca précède une entière trasera. Le toro tarde à tomber et Talavante doit prendre le verduguillo.  

Veneno Jandilla Andres Roca Rey

Roca Rey cherche le grand triomphe et veut marquer le début de la temporada. Il reçoit le sixième à Porta Gayola et de rodillas. Le Jandilla est haut et bien armé. Les chicuelinas de réception confirment les intentions du torero péruvien. Le bicho commence à se défendre puis pousse avec les reins lors de la première rencontre. La seconde pique est courte et légère. Le regard de Roca Rey en dit long sur son envie de triompher quand il prend la muleta. Silence dans les arènes et début de faena par statuaires, le toro est noble mais pas que . Le torero le met au centre du ruedo et lui impose deux séries de derechazos poderosos corrigeant sa tendance à envoyer un coup de tête en fin de passe.

A gauche le Péruvien est plus que dominateur. Il impose sa faena à un toro qui en d’autres mains serait déjà dans les planches et en plus il le fait avec en classe et même dans le rythme de la musique. Le Jandilla s’échappe, la série à droite qui suit est accrochée. Le Maestro reprend et les naturelles suivantes sont superbes. Quelle émotion ! Petit clin d’oeil, le Péruvien conclut sa faena par des luquesinas de grande classe. Le triomphe est au bout de l’épée. La demie est légèrement en avant et tombée. Elle est rapide d’effet.  Aux cris de » torero, torero » , le public demande les deux oreilles. Le Président  n’en accorde qu’une tenant compte, fort justement, de l’estocade.

Thierry Reboul (corrida vue sur ONE TOROS TV)

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