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Málaga : De Justo vainqueur du mano a mano terni par les toros d’El Freixo

Le cartel proposé en clôture de la feria est alléchant. Il oppose en mano a mano, deux des figuras les plus en vue du moment, l’Extremeño Emilio de Justo et le local de l’étape, révélation de la San Isidro 2025, Saúl Jiménez Fortes. Les arbitres de cette confrontation sont les toros d’El Freixo, propriété du matador retiré Julian Lopez, El Juli. Attrait supplémentaire de ce cartel de luxe, le fer d’El Freixo qui vient de connaître successivement, trois indultos dans la même course à Marbella et une tarde retentissante dans les arènes de Dax avec sortie a hombros du mayoral.

La Malagueta enregistre donc une excellente entrée avec au moment du paseillo, le « runrun » des grands soirs. Disons tout de suite pour ne pas faire durer le suspense, que le résultat final n’a pas été à la hauteur des espérances, la faute incombant aux pensionnaires d’El Freixo, pour qui les tardes se suivent mais ne se ressemblent pas.

Résumé
Les toros

L’envoi du Juli est homogène et composé de 6 exemplaires, globalement mal présentés, manquant de trapio et de tête. Le promedio est de 567 kg. Les 2, 3 et 4 sont protestés à leur entrée en piste. Côté comportement, l’encierro est faible et deslucido. Rien à attendre du premier tiers à l’exception du 5 bravito sous un puyazo malmenant le cheval. À la muleta, les six toros vont proposer des possibilités mais le jeu délivré est terne, composé d’une noblesse sans émotion confinant souvent à la soseria.

Les toreros            

Emilio de Justo remporte la confrontation sans forcer son talent en héritant, il est vrai, du meilleur lot et notamment du cinquième, le seul possédant un peu de piquant. Il coupe une oreille de chacun de ses adversaires. Elles récompensent trois bonnes estocades. Saúl Jiménez Fortes, qui démarre avec un fort capital de sympathie dans sa ville natale, perd l’oreille de son premier opposant à cause de la grosse défaillance de son puntillero, et celle du suivant du fait d’un échec à l’épée. La faena intelligente devant l’ultime sans race lui permet de ne pas sortir bredouille.

En détails
Emilio de Justo
Premier toro.

Le castaño chorreado qui ouvre la plaza est le mieux présenté du lot. Le capoteo est plaisant avec notamment un quite de De Justo par chicuelinas auquel Fortes répond par une alternance de chicuelinas et taffaleras. Après deux premiers tiers menés tambour battant, le début de faena révèle une bonne corne droite qui fait sonner la musique. Les derechazos sont profonds et connectent avec le public. La corne gauche est moins claire. Reprise de la dextre pour une faena quasi-exclusive sur ce bord. Le toro embestit mais il manque de transmission. Manoletinas serrées avant une entière tombée. Oreille. Ovation au toro.

Troisième toro.

Le deuxième adversaire de l’Extremeño est peu armé. Il est protesté à sa sortie des chiquerros. De Justo l’accueille au centre par des véroniques genou ployé à la manière d’Antonio Ordoñez. Rien à dire des deux piques peu appuyées. Après brindis général, De Justo entame la faena à genou de façon brillante. Musique. Le reste du trasteo est composé de séries ambidextres avec un toro qui met bien la tête mais qui sort en fuyant vers les tablas, obligeant le diestro à lui courir derrière. Le final traîne en longueur avec un animal toujours aussi peu interessé par la percale. Arucina et aidées par le haut pour terminer sur une bonne note avant un estoconazo valant à lui seul l’oreille. La pétition pour la deuxième n’est pas justifiée. Palmitas à l’arrastre.

Cinquième toro.

Le bizco sorti en 5e position a un comportement de manso. Il fuit les capotes et se réfugie au toril avant de s’allumer sous le fer lors d’un puyazo en soulevant la monture, suivi d’un deuxième dont il sort seul. Le mauvais comportement du bicho est confirmé aux banderilles.

De Justo le double en douceur. La charge est courte et les retours dangereux. Le natif de Cáceres s’accomode de cette embestida tronquée et trouve rapidement le bon sitio, ce qui lui permet de poursuivre en musique. La faena faite de demi-passes reçoit un bon écho de la part du public qui réclame majoritairement l’octroi d’un troisième pavillon après une entière trasera lente d’effet. Cette troisième oreille est toutefois insuffisante pour ouvrir la grande porte de la Malagueta, car pour y triompher, il convient de couper trois oreilles dont au moins deux à un toro. Emilio de Justo effectue une vuelta fêtée. Applaudissements à la dépouille pour avoir permis ce trophée.

Saúl Jiménez Fortes
Deuxième toro.

Le toro qui échoie à Fortes en deuxième position est fortement protesté pour manque de trapio. Il est de plus juste de force et se comporte en manso gagnant le toril et se montrant plus intéressé par le cheval de réserve que par celui du titulaire. Deux picotazos pour le principe. Début de faena à genou qui connecte avec le public et qui réveille l’orchestre. Entre deux génuflexions du bicho, le Malagueño va lui proposer une faena sur les deux pitons dans un espace réduit, faisant ressortir une noblesse empreinte de soseria. Fortes termine par des aidées de ceinture élégantes avant une demi-lame en place. Le puntillero doit s’y reprendre une dizaine de fois avant d’être efficace, ce qui plombe nettement l’ambiance. Salut. Sifflets au Freixo.

Quatrième toro.

Le quatrième Freixo est lui aussi protesté pour sa mauvaise présentation. Il sort abanto. Grande chute lors de la première pique, non pas du cheval mais du toro qui s’affale de tout son long lors du simple contact avec la cavalerie. Cet épisode en dit long sur la faiblesse du bicho. Il sort épuisé, bouche ouverte du deuxième tiers, ce qui n’empêche pas un brindis au conclave… Entre titubations et génuflexions, le Malagueño parvient à lier quelques muletazos salués par des applaudissements de sympathie. L’épée est horrible, atravesada et perforante. Salut du local. Sifflets au bestiau.

Sixième toro.

Le sixième est un peu mieux armé que ses frères, mais à l’identique il va manquer de race et de moteur. Passons rapidement sur le premier tiers, sans aucun intérêt sauf celui de mettre en évidence une charge désordonnée et imprévisible de l’animal, et de montrer son absence totale de bravoure. Brindis à Emilio de Justo. Intelligemment, Fortes va utiliser le maximum de ce que peut proposer son opposant, c’est-à-dire pas grand-chose, pour bâtir un semblant de faena de demi-passes données à mi-hauteur. Musique un tantinet chauvine et oreille de compassion après une moitié de lame tombée et un avis. Sifflets au Freixo.

Conclusion

Corrida de exceptacion, corrida de decepción. Le proverbe s’est vérifié. De Justo et Fortes n’auront rien gagné ni perdu durant cette tarde. En revanche, la déception est venue des toros d’El Freixo dont on attendait beaucoup plus. Au final, nous ne retiendrons pas grand-chose de l’ultime corrida des fêtes 2025.

Olivier Castelnau

Fiche Technique
  • Málaga. Plaza de toros de la Malageta.21 août  2025, 8ème de abono. 6 toros de El Freixo pour
    • Emilio de Justo (Vert empire et or) :  Oreille – Oreille – Oreille
    • Saúl Jiménez Fortes (Rose et or) : Salut – Salut (avis) – Oreille (avis)
  • Sobresaliente :  Álvaro de la Calle
  • 12 piques
  • Président : Carlos Bueno
  • Entrée : 4/5 ème
  • Soleil. 30 °C

2 réflexions sur “Málaga : De Justo vainqueur du mano a mano terni par les toros d’El Freixo

  • bjr,

    Je ne suis pas d’accord que les toros de la ganaderia el frexio ont été une déception, ils ont été bien présent avec une certaine noblesse et bien armé.. il faudrait arrêter de vouloir plus et attendre toujours mieux sous prétexte que la ganaderia appartient à el Juli.

    Par expérience j’ai vu beaucoup de corrida avec des toros de renom être beaucoup moins bien…

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    • Bonjour. Notre correspondant sur place a jugé les toros ans se référer à leur appartenance. Après leurs prestations dacquoises nous attendions mieux des toros du Freixo. Une chose est sûre en dehors de l’appréciation de chacun, c’est leur présentation pour le moins très juste au niveau du trapio. Chacun ressent les choses différemment…c’est ce qui est aussi un des intérêts de l’aficion a los toros. Bonne continuation. Philippe

      Répondre

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