Madrid, Lagunajanda: seul Alejandro Peñaranda
Madrid, Lagunajanda: seul Alejandro Peñaranda
De cette corrida de Lagunajanda, on retiendra l’envie, la sincérité et l’application d’Alejandro Peñaranda qui a confirmé son alternative et surtout qu’il était un torero à suivre. Manuel Escribano et Joselito Adame n’ont pas convaincu, les toros de Lagunajanda non plus.
Les toros.
Correctement présentés, les toros de Lagunajanda ont été aussi mal piqués qu’ils ont été discrets au premier tiers. Seul le dernier a un peu poussé au contact du fer. Le nombre de piques ne reflètent en rien leur bravoure. Il est la conséquence d’un président sérieux et exigeant pour qui un simulacre de piques n’est pas une pique. Au troisième tiers, ils ont donné l’illusion d’une noblesse sans grande classe avant d’aller rapidement à menos. Comme au cheval, seul le dernier a été noble et a servi jusqu’à la fin de la faena.
Les toreros
Certes les deux toros de Manuel Escribano ont manqué de classe et de transmission mais le Sévillan, moyen banderilles en main, a abusé du pico. De ses deux faenas, on retiendra une série à droite au premier. Silence et silence.
La première faena de Joselito Adame manque de construction et le toro ne transmet pas. Le cinquième est soso limite noble. Le Mexicain s’applique, donne quelques bons muletazos à droite. Mais la faena manque d’émotion. L’estocade est bonne mais longue à faire effet. Silence et silence.
La faena de confirmation d’Alejandro Peñaranda est appliquée, avec de bons passages malheureusement le toro, qui manque de transmission, va rapidement a menos. Le dernier est le plus complet de la tarde. Le jeune torero profite de sa noblesse pour construire une faena structurée avec de bons passages sur les deux cornes et bien conclue à l’épée. Silence et vuelta.
Fiche technique
- Arènes de Madrid, 23ème festejo de la San Isidro. Toros de Lagunajanda
- Manuel Escribano : silence (avis), silence
- Joselito Adame : silence, silence (avis)
- Alejandro Peñaranda : (confirmation) silence (avis), vuelta
- 545, 574, 562, 535, 568, 547
- 17 rencontres, cuadra Equigarce
- Président : José Luis Gonzalez Gonzalez
- 17783 spectateurs
- Du vent
Toro à toro
Vinatero Alejandro Peñaranda
Le premier Lagunajanda (origine Salvador Domecq) est juste de forces et s’échappe de la cape d’Alejandro Peñaranda. Une fois fixé, il met la tête dans le capote. Il prend un premier puyazo « écourté » en poussant sur une corne. Bien mis en suerte et piqué, il prend une pique légère lors de la seconde rencontre. Le tercio de banderilles est vite et bien expédié. Après la cérémonie de confirmation et un brindis au public, le torero commence sa faena par des passes par le haut.
Première série à droite citée à mi-distance, le toro est tardo mais noble. Le torero le laisse souffler entre chaque enchaînement de passes. Les passes suivantes sont données en réduisant la distance. Le torero est appliqué mais le toro est très vite allé à menos et la faena manque de transmission. Il prend ensuite la main gauche , passe à passe il torée de trois-quarts. C’est bien fait mais sans grande émotion. Retour à droite, le final se veut trémendiste (joselillas) mais le toro est quasi parado. Il tue d’une demie très tendida et plusieurs descabellos après avoir entendu un avis.
Triguero Manuel Escribano
Triguero est juste de forces mais met la tête dans la cape de Manuel Escribano. Il désarçonne le cavalier à la première rencontre. Le monosabio qui a protégé le cheval est ovationné. Le toro se défend lors de la seconde rencontre. Le quite de Joselito Adame par chicuelinas est applaudi. Manuel Escribano pose trois paires de banderilles souvent à tête passée. Après la restitution des trastos , le Sévillan commence sa faena par des aidées par le haut.
Le toro est noble mais manque de forces. La première série à droite est brouillonne, le Lagunajanda accroche la muleta. La seconde est meilleure car le torero a baissé la main et le toro a humilié. A gauche, les premières naturelles sont données en utilisant le pico, les suivantes aussi. Comme le premier, le toro a rapidement baissé de rythme et la fin de faena ne transmet pas grand-chose. A droite, dernière série, le toro cherche à partir aux planches. Ce sont un vilain bajonazo, un avis et une entière trasera et tendida qui concluent la prestation de Manuel Escribano.
Papalero Joselito Adame
Le troisième n’humilie pas dans la cape de Joselito Adame. Il prend trois piques légères sans s’employer. Le président a fort justement refusé le changement après la seconde. Le Mexicain, gêné par le vent, commence sa faena par des derechazos baissant la main. Le toro est noble mais sa charge est désordonnée. Il en est de même sur le piton gauche.
Jusqu’alors le torero s’applique mais la faena manque de transmission. Adame reprend la main droite, il donne, avec temple et poder, la meilleure série de la faena. Il tente de tuer à recibir mais il pinche. Entrée à matar à volapié, le matador pinche à nouveau. La tentative suivante se solde par une demie desprendida qui nécessite l’usage du descabello. Le toro tombe au second essai. Silence.
Vengador Manuel Escribano
Manuel Escribano reçoit le quatrième à genoux devant la porte des toriles puis enchaîne par des véroniques. Le toro, bien présenté, est suelto. Il sort seul de la première rencontre dès le contact avec le fer. Il recommence lors des deux suivantes puis reste un peu au contact lors de la quatrième. Alternant les terrains, Escribano pose trois paires de banderilles, la dernière est la plus spectaculaire.
Brindis au public, le torero de Gerena commence sa faena par cambiadas et pechos. Il continue par des derechazos. Le toro se défend dans la muleta ou plutôt le pico de la muleta. A gauche, la charge du Lagunajanda manque de race et le torero usant du pico la faena ne transmet pas grand-chose. Escribano joue la carte trémendiste, réduit les terrains sans grand résultat. L’estocade est trasera légèrement tombée, elle est rapide à faire effet. Silence.
Sifuera Joselito Adame
Le cinquième, plutôt bien fait, ne s’emploie pas dans la cape de Joselito Adame. Il fait chanter les étriers à la première rencontre. Mal piqué, il pousse sur une corne et sort seul de la seconde. Le président exige une troisième mise en suerte. Le scénario de la seconde se répète. Le Mexicain enchaîne chicuelinas et tafalleras lors d’un bon quite. Il débute la faena par des aidées par le haut.
Première série à droite, le toro est plus soso que noble. Adame torée en douceur un animal qui se décompose petit à petit. A gauche, il charge sans grande classe et en donnant des coups de tête. Retour à droite, le torero s’applique mais le toro ne transmet pas grand-chose. Naturelles de trois-quarts , c’est bien fait mais le toro n’a plus de charge. L’estocade est engagée, entière. Le toro tarde a tombé, un avis sonne. Silence.
Navajero Alejandro Peñaranda
Le dernier est bien présenté avec des armures vicoises. Il met la tête dans la cape d’Alejandro Peñaranda. Mal piqué, il pousse lors de la première rencontre. Il est à nouveau mal piqué lors de la seconde. Le tercio de banderilles se déroule sans peine ni gloire. Le torero commence sa faena par de bons doblones, genoux ployés. Enchaînement par des derechazos, le toro est noblote et juste de forces.
A gauche, il n’humilie pas plus qu’à droite et manque de chispa et de transmission. Le torero reprend la main droite, donne trois bons muletazos. Une série spectaculaire porte sur le public. Série suivante à droite, le toro a tendance à vouloir aller aux planches. L’estocade est portée avec engagement. Elle est très légèrement desprendida. Pétition, vuelta al ruedo.
Thierry Reboul, corrida vue sur Télémadrid