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Luis Manuel Lozano, apoderado multi-fonctions

Luis Manuel Lozano, apoderado multi-fonctions

Luis Manuel Lozano, également surnommé Luisma, est issu d’une des plus influentes familles de la tauromachie. Il est le fils de Pablo Lozano, matador, apoderado, ganadero et figure respectée du monde taurin. La famille Lozano possède également la ganadería Alcurrucén, enracinée dans l’encaste Núñez.

S’il nourrit aussi l’ambition de redevenir empresario de la plaza de Las Ventas qu’il a été avec sa famille, c’est le métier d’apoderado qui est celui qui le passionne le plus. « C’est ce qui me fait le plus vivre, ce que j’aime le plus et ce qui m’identifie le plus » a t-il déclaré. Luis Manuel Lozano a dirigé la carrière de toreros de premier rang : Rincón, El Juli, Castella, Rufo et aujourd’hui Daniel Luque. Tertulias a rencontré cet homme influent du milieu taurin, membre de la casa Lozano (La Sagra)

Tertulias : « Pour commencer, et pour ceux qui vous découvrent, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? »

Luis Manuel Lozano : « Je m’appelle Luis Manuel Lozano. Je suis issu d’une famille profondément taurine. Mon père et mes oncles sont, pour moi, parmi les personnalités taurines les plus importantes de ce milieu. Ainsi, par la génétique et les liens familiaux, j’ai suivi leurs pas et me voilà. » 

Tertulias : « J’allais y venir justement. Dans une famille si taurine, avez-vous choisi votre carrière ou s’est-elle imposée à vous ? »

Luis Manuel Lozano : « Il est évident que depuis tout petit, je vis dans ce monde, dans cette atmosphère taurine et en observant tout ce qui gravite autour de ce milieu. Sans le vouloir, cela a rejailli sur moi. J’ai toujours eu beaucoup d’aficion. J’ai voyagé aux cotés de mon père et de mes oncles, avec Palomo (Linares) qu’ils ont apodéré depuis ses débuts et que nous avons toujours considéré comme un membre de la famille. Cela m’a donné une attache dans le monde taurin et l’envie de poursuivre sur cette voie. Je suis passé par le stade de vouloir être moi-même torero pour finalement me consacrer à l’entreprise familiale. »

Tertulias : « Êtes-vous impliqué dans la ganadería? (Alcurrucen)»

Luis Manuel Lozano : « Oui. Dans la famille, c’est un peu tout le monde dans tous les domaines. »

Tertulias : « Que recherchez-vous en tant que ganadero ? »

Luis Manuel Lozano : « Naturellement, nous recherchons le toro brave, qui donne du spectacle. Mais au-delà de ça, nous possédons un encaste dont nous avons toujours été partisans qui est l’encaste Nuñez. Nous souhaitons exploiter les points forts de cet encaste, ce qui le différencie des autres. C’est ce qui nous porte : le fond de ces taureaux, cette charge, ce rythme particulier qui fait que quand un bon toro de Nuñez sort, il a ce petit plus par rapport aux autres ganaderias. »

Tertulias : « Vous êtes et avez été gestionnaire de plusieurs arènes (actuellement Ségovie, Pontevedra). En quoi consiste cette partie de votre métier ? »

Luis Manuel Lozano : « C’est un travail très intéressant car il faut satisfaire beaucoup de parties. Il faut monter une affiche, en gardant en tête qu’elle doit être suffisamment attractive pour que le monde se déplace. Il faut aussi monter un cartel qui peut donner un bon résultat afin que le public passe un agréable moment. C’est un aspect du monde taurin très particulier, très complexe mais vraiment très beau et intéressant. Nous avons eu, c’est vrai, de la chance avec les arènes que nous avons géré et que nous gérons encore. Tout se passe très bien. »

Tertulias : « Votre famille a eu en gestion les arènes de Las Ventas (Madrid) durant 15 ans. Rêvez-vous de reconquête? »

Luis Manuel Lozano : « Oui bien sûr! J’ai vécu une grande partie de ma vie avec ma famille à la tête de Las Ventas. Les dernières années, j’ai même pu participer et les aider en intégrant l’entreprise. Alors, pourquoi pas ?! Ce serait bon de revenir gérer Las Ventas après quelques années. J’espère que ce sera possible, mais nous avons le temps !  »

Tertulias : « Nous avons pu voir que vous travaillez dans plusieurs domaines du milieu taurin mais on vous connait davantage en tant qu’apoderado… »

Luis Manuel Lozano : « Je crois que dans la philosophie Lozano, l’apoderamiento est très présent. Mon père et mes oncles ont commencé à se faire connaitre en tant qu’apoderados. C’est à partir de là qu’est venue l’envie d’être empresario, puis d’être ganadero. Au départ c’est mon père, ancien torero, qui en raccrochant l’habit de lumière s’est lancé dans la gestion de carrières de matadors. Je crois qu’ils ont défini une manière d’apodérer, une école. Nous avons toujours une façon particulière de gérer les carrières. En tenant compte de la chance que j’ai eu et du fait que je reste reconnaissant envers tous les toreros que j’ai accompagnés, c’est un travail que j’aime profondément»

Tertulias : « Comment définiriez-vous votre manière d’apodérer? »

Luis Manuel Lozano : « Je pense que ce doit être une continuité du matador. Le fondé de pouvoir doit bien connaitre son torero. Son rôle est de connaitre le toro qui lui convient le mieux, de quelle façon le présenter et dans quelles arènes. Il faut être capable de comprendre le rythme de son torero : quand est-ce qu’on peut exiger davantage de lui, ou moins ; quand est-ce qu’il faut être présent en soutien, ou au contraire… Il faut cultiver une grande complicité entre les deux et connaitre son torero pour pouvoir le défendre dans tous les domaines afin qu’il puisse, lui, donner le meilleur de lui-même. »

Tertulias : « Vous avez géré la carrière de toreros de renom (dernièrement El Juli, Tomas Rufo et aujourd’hui Daniel Luque), avec de forts caractères, beaucoup de personnalité, alors que vous, vous semblez très discret, très calme dans les arènes. Qu’est-ce qui vous attire vers un torero? Comment définiriez-vous votre tempérament? »

Luis Manuel Lozano : « Je suis persuadé que pour être un bon apoderado, il faut croire profondément en son torero. Il doit vous plaire. Il faut y croire car il faut ensuite être capable de le vendre afin qu’on l’engage et qu’on l’engage avec respect et une certaine catégorie. Ce qui m’attire c’est une façon de toréer et une personnalité. Chaque torero est un monde à part entière et il faut être capable d’apprécier un grand nombre de toreros. Vous ne pouvez pas vous enfermer dans un seul type de torero. Il faut pouvoir aimer plusieurs styles, plusieurs personnalités. A partir de là, il faut créer une alchimie afin de former un bon tandem et le faire fructifier pour que le matador aille le plus loin possible. »

Tertulias : « Vous n’apoderez qu’un torero à la fois? »

Luis Manuel Lozano : « C’est probablement la situation idéale. Nous avons parfois géré la carrière de plusieurs matadors. A ce jour, je n’apodère que Daniel. Et dernièrement il est vrai que je n’ai géré qu’une carrière à la fois. Mais partager est tout à fait faisable. »

Tertulias : « Comment calcule-t-on la valeur d’un torero, l’argent que l’on pourra exiger pour l’embaucher? »

Luis Manuel Lozano : « Partons déjà de la base que peu importe l’argent que gagnera un torero, cela restera peu car il se joue la vie et c’est ce que nous avons de plus précieux. Après ça, c’est la loi du marché. Il faut faire en fonction du torero, de ce que l’on ressent, de l’intérêt qu’il suscite dans une arène ou dans une autre. Avant de signer un contrat, tu vas négocier le cachet que tu estimes qu’il mérite. Si tu demandes beaucoup, mais que les gens ne se déplacent pas à la corrida, ils ne seront plus en mesure de te payer. Si c’est la situation inverse, il faut pourvoir demander et obtenir du gestionnaire des arènes le cachet mérité. »

Tertulias : « Dans ce cas, êtes-vous en faveur des gestionnaires qui suggèrent de négocier une part fixe pour le matador et une part variable en fonction du nombre d’entrées générées dans les arènes ? »

Luis Manuel Lozano : «Ce sont des formules. Moi, je demande l’argent que j’estime que mérite mon torero. Si nous arrivons à un accord, nous venons. S’il n’y a pas d’accord, nous le respectons et chacun reste chez soit. »

Tertulias : « Le fait de travailler en tant que ganadero, gestionnaire d’arènes, apoderado… Cela ne crée pas de conflit d’intérêt? »

Luis Manuel Lozano : « Il serait facile d’en créer. Il peut y en avoir mais je crois que c’est là qu’interviennent l’expérience et le talent. Avec du tact et un peu de savoir-faire, il n’y a pas de raison de tout mélanger.»

Tertulias : « Pourquoi Daniel Luque? »

Luis Manuel Lozano : « L’an dernier, il était dans un très bon moment et déjà je le suivais. C’est un torero très important par ses capacités, la connexion qu’il crée et son toreo. C’est un torero dans lequel on peut trouver tout type de torero : il peut être le torero le plus technique que l’on puisse trouver, comme le torero le plus artiste, jusqu’au torero le plus courageux. Je suis donc persuadé que l’on peut aller loin ensemble. »

Tertulias : « Jusqu’où voulez-vous l’amener? »

Luis Manuel Lozano : « Au sommet ! C’est un torero qui avec un peu de chance, car dans ce milieu la chance reste fondamentale, peut se hisser au plus haut. »

Propos recueillis par Fanny

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