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Istres : démarrage en fanfare

Istres : démarrage en fanfare

Vendredi 13, jour de chance. La localité des Bouches-du-Rhône ouvre sa feria par un triomphe retentissant. Pourtant, tout avait mal commencé avec la défection des toros du Curé de Valverde, pour des raisons sur lesquelles nous ne reviendrons pas ici (voir l’interview de Bernard Carbuccia).

La corrida se transforme dans l’urgence en un défit ganadero entre la ganaderia française de Yonnet et la ganaderia espagnole de Montealto, privant Jean Luc Couturier d’un adieu aux arènes du Palio. Cependant, grâce à la noblesse et au grand jeu des toros et également par l’engagement du Vénézuélien et du Français, la déception initiale a rapidement fait place à un enthousiasme général.

Résumé
Les toros

La grande surprise est venue des trois toros de Yonnet combattus en premières partie. De chässis disparate, respectivement 585 Kg, 490 Kg et 480 Kg, ils ont, tous les trois, proposé au troisième tiers, des possibilités rarement rencontrées, en corrida, dans cet élevage. Leur comportement au cheval ne laissera pas un grand souvenir. Le premier, castaño chorreado, bien armé, est une estampe, insuffisamment châtié en une seule pique qui s’avèrera insuffisante. Le dernier, petit gabarit, sera économisé en une seule rencontre.

L’autre point positif est venu de l’excellent jeu des toros de Montealto, nous rappelant la très bonne novillada de ce fer, à Dax, en 2023. Le 4ème est un toro encasté qui ira au cheval à trois reprises, la deuxième rencontre non piquée. À chaque fois une belle arancada, la troisième depuis le centre du ruedo. Le galop est engagé, la tête est fixe dans le caparaçon et la poussée maintenue. Sa grande noblesse à la muleta en fera un toro complet, honoré d’une vuelta posthume méritée. Les deux autres moins puissants au cheval sont des sucres d’orge de troisième tiers. Le cinq est d’une noblesse candide frisant la soseria. Le genre de toro dont rêvent les toreros. Le dernier est également un toro de grand jeux. L’envoi de Montealto justifie la sortie en triomphe de son mayoral accompagnant Colombo et Solal.

Les toreros            

La terna du jour est internationale et composée de trois matadors banderilleros. Ces cartels, très en vogue dans les années 80 sont devenus aujourd’hui plus rares, faute de combattants.

L’andalou Manuel Escribano est passé sans peine ni gloire. Il se méfie excessivement de son premier adversaire de Yonnet, un élevage dont il n’a pas l’expérience, pour retrouver une belle confiance, en terrain plus connu, devant le Montealto. Il reste en dessous de son deuxième adversaire, le toro de la course.

Le Vénézuélien, Jesús Enrique Colombo s’est montré très enthousiaste durant toute l’après-midi en réclamant souvent le soutien du public. Après une oreille généreuse coupée à son Yonnet, il essorille de façon justifié le noblissime Montealto sorti en 5ème.

Notre représentant national, le Nîmois Solal a très peu de corridas à son actif. Il a fait preuve d’envie et d’une grande application au cours de ces deux actuaciones. Il est même le seul à se croiser devant son représentant de Yonnet, auquel il coupe une oreille justifiée. Le français assied son triomphe en coupant deux oreilles de poids au dernier Montealto.

Manuel Escribano
1° toro – Yonnet

Le Gerenense n’a plus grand chose a prouver et il s’est appliqué a nous le faire savoir face au superbe Yonnet de 585 Kg, bien armé, sorti en première position. Après une seule ration de fer peu poussée, Escribano demande le changement de tiers, voulant sans doute économiser le toro pour les banderilles à venir. Le Président accède à cette demande, à tort, la suite nous le montrera. Le tercio de banderilles est partagé mais on sent l’andalou peu confiant échouant lors d’un premier passage. La suite confirmera cette impression.

La faena est menée sur le reculoir, face à un toro ne montrant pas de réelle difficulté en dehors d’un hachazo qui aurait pu être règlé avec un peu plus de motivation. Après quatre séries de muletazos, Escribano en difficulté prend l’épée pour une demi lame delentera portée sur la tangente. Obligé de prendre le descabello pour une mission impossible devant un adversaire qui garde la tête très haute, faute de châtiment initial. Le toro tombe à la 5ème tentative , après un avis. Sifflets au piéton et applaudissements pour le Yonnet.

4°toro – Montealto

La confiance est revenue face à son second toro, un joli Montealto castaño, ojo de perdriz très emorillado et correctement armé. Le contraste avec la lidia du Yonnet est saisissant. Accueilli par une larga afarolada de rodilla, l’animal est conduit au centre par des véroniques de bonne facture. Mise en suerte au cheval par chicuelinas marchées pour un excellent tercio de pique. Trois rencontres dont deux réels puyazos pris avec style et distance croissante. Le Montealto est brave. Beau quite de Colombo par Navarras. Le deuxième tercio d’où ressortent un bon poder a poder et une paire al violin, est rondement mené.

La faena débute par des doblones sans brusquer la bête. La première série de la droite lance la musique. Le toro boit la muleta sur les deux pitons, sans aucune mauvaise intention. Les séries s’enchainent, sur les deux bords. A gauche le toro est plus distrait mais Escribano corrige ce défaut. La faena manque cependant un peu de profondeur alors que le Montealto charge avec classe. Cette fois l’épée est en place, enfouie jusqu’à la garde mais longue d’effet. Le toro encasté lutte pendant de longues minutes et deux avis, avant de s’effondrer au premeir coup de verdugo. Escribano coupe une oreille, la longueur de l’estocade lui coute la deuxième. Mouchoir bleu justifié au Montealto.

Jesus Colombo
2° toro – Yonnet

Le premier opposant de Jesús Manuel Colombo, du fer de Yonnet parait bien petit comparé à son prédécesseur, 100 kg en moins. D’armure correcte, l’accueille des parones allurés et un remate de dédain soulevant les olés du public. L’ animal prend deux piques sans pousser mais avec une bonne charge la deuxième depuis le centre du ruedo. Applaudissements au picador. Deuxième tiers partagé mené par les trois diestros avec brio. Brindis au conclave. Le toro met bien la tête dans la muleta du Vénézuélien qui demeure cependant prudent. Le toro n’ a pas de vice mais Colombo ne s’engage pas et torée sur le pico. Manoletinas de clôture avant estocade entière efficace. Oreille généreuse et applaudissement à la dépouille.

5°toro – Montealto

Le Montealto de sorti en 5ème position est laid et d’armures commodes. Mais si la carrosserie n’est pas au rendez-vous le moteur est bien présent. L’animal est économisé en un seul picotazo. Le capoteo comme souvent chez les toreros sud-américains, est fleuri et varié. Quite par zapopinas salué par le public. Les banderilles posées avec autorité, nous retiendrons un passage à faux spectaculaire, un cuarteo puissant et une paire al violin valeureuse.

Brindis à Cesar Perez et Bernard Carbuccia. Dès le début de la faena, la musique salue la noblesse infinie du Montealto. Colombo en profite largement. Après un début au centre par un cambio dans le dos, les séries des deux mains vont s’enchainer. Le muletazos se succèdent de façon un peu électriques jusqu’aux inévitables circulaires et bilbainas inversées. L’ensemble est agréable mais manque un peu d’émotion. Luquesinas pour terminer avant un estoconazos d’école portée dans les cornes d’où le diestro va sortir la taleguilla complètement déchirée avec une simple égratignure. Le toro lutte avant de s’effondrer et laisser ses deux oreilles dans l’escarcelle du sud-américain. Applaudissements à l’arastre.

« Solal »
3° toro – Yonnet

Le Yonnet revenant à Solal est plutôt discret de présentation. Le tercio de vara réduit à la mono-pique garde une charge suffisante pour les banderilles partagées par les trois matadors. Colombo pose une paire à reculons qui produit son effet sur les tendidos et Solal propose un sesgo por fuera spectaculaire. Brindis a todos. On sent le Français trés motivé, conscient de l’importance de l’enjeu.

Il débute sa faena la main posée sur les tablas par des banderas de plus en plus serrées. La première série droitière se donne dans le terrain du toro. Solal se croise contrairement à ses deux compañeros face à leur toro de Yonnet respectif. La musique salut l’engagement. A droite l’embestida est limpide autorisant des séries de qualité bien rématées par des pechos toréés. A gauche l’animal serre et se retourne vite. Solal en termine par une entière dans la croix, efficace. Oreille de poids comparée à celle coupée par Colombo au toro précédent. Applaudissement au Yonnet.

6°toro – Montealto

Le Montealto, dernier toro de la course est un beau castaño de 540 Kg qui sort du toril au pas. Solal l’accueille par un enchainement de véroniques et chicuelinas conclu par une rebolera. Olé! Deux rencontres dosées ménagent l’animal. Tercio de banderille sans histoire. La faena débute à genou le long des planches puis gagnant le centre de façon allurée. Le Nîmois a vite compris que son adversaire possède un bon fond. Les séries de la droite sont templées et engagées. Chicuelo joue le torerissime Amparito Roca. La faena va a mas le corps de plus en plus relaché. Dommage que la main ne baisse pas un peu plus. A gauche les naturelles sont tout aussi suaves. Solal s’entoure le Montealto autour de la ceinture dans des circulaires qui portent sur le public. Bernardinas de cloture avant une grande estocade en place. 2 oreilles méritées pour rejoindre Colombo a hombros.

Conclusion

A defaut de l’après midi torista promise et dont l’annulation a pu décevoir les amateurs du genre, nous avons connus, malgré tout, une grande tarde de toros . Les Montealto ont largement concouru au succés du jour. La sortie en triomphe du mayoral, accompagnant Colombo et Solal n’est pas usurpé. Les pupilles de Charlotte Yonnet n’ont pas démérité et ont surpris par le jeu fourni. Des piétons, nous retiendrons l’entrega de Jesús Enrique Colombo et surtout la grosse performance de Solal qui avec si peu de contrat à son actif en aura bluffé plus d’un. Il serait logique de le revoir rapidement.

Olivier Castelnau
La corrida vue par l’objectif de Daniel Chicot (à venir)
Fiche Technique
  • Istres. Arènes du Palio.
  • 3 toros de Charlotte Yonnet nobles et 3 toros de Montealto encastés et d’excellent jeux pour :
    • Manuel Escribano  (Vermillon et or) :  Sifflets – Oreille
    • Jesus Enrique Colombo (Vert sauge et or) : Oreille – 2 oreilles
    • Solal  (Neige et azabache) :  Oreille – 2 oreilles
  • 9 piques, Cavalerie Bonijol
  • Vuelta al ruedo du 4ème, n° 57, de Montealto.
  • Président: Monsieur Dagnan
  • Sortie a hombros de Jesús Enrique Colombo, de Solal et du mayoral de Montealto.
  • Plein apparent
  • Ciel partiellement voilé. 30 °C.

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