Hagetmau, trop de passes nuisent
Hagetmau, trop de passes nuisent
Résumé
Quand des toros sans bravoure ni grande personnalité rencontrent des novilleros appliqués mais qui manquent d’originalité, on s’ennuie sur les gradins. Même les chevaux d’Alain Bonijol ont du trouver le temps long.
Noblotes ou même sosos, les novillos de San Isidro ont distillé leur fadeur tout au long de l’après-midi.
Cid de Maria est un torero appliqué mais il lui faut des toros avec un mimimum de peps. El Mene a une tauromachie froide qui transmet peu. L’un et l’autre ont commis l’erreur de prolonger inutilement des faenas dont le scénario n’avait rien d’haletant.
Plus de vingt passes quand la faena n’a rien à raconter, c’est beaucoup trop long.
De la terna, Julio Mendez est celui qui a le plus de personnalité, de technique, de sens de la lidia. Sa tauromachie plus expressive a fait oublier le peu d’entrega du troisième novillo. L’ancien élève de l’Ecole Taurine de Badajoz, a coupé les deux seuls trophées de la tarde.
Les novillos
Parfois justes de présentation et avec des armures (à l’exception du premier et du dernier) peu agressives, les novillos de San Isidro n’ont pas fait honneur à leur origine Marquis de Domecq au premier tiers. Justes de forces, ils ont été discret au cheval. A la muleta, noblotes ou parfois sosos, ils ont été fades et sans grande transmission. Seul le quatrième avait une petite pointe de piquant mais il n’a pas duré.
Les novilleros
Le premier est faible et manque de race. Cid de Maria s’entête à empiler des passes et des passes distillant plus d’ennui que d’émotion. Vuelta. Le quatrième est meilleur que les précédents. Cid de Maria exploite bien sa bonne corne droite puis donne quelques naturelles intéressantes. La mise à mort est laborieuse. Silence
Le second n’a pas le physique pour baisser la tête. Il est décasté. Après une lidia catastrophique, il arrive au dernier tiers sans charge. Obligé par le public à ne pas abréger après trois passes, El Mene se bat plus qu’il ne toréé avec un toro décomposé et tue mal mais vite. Silence. Le cinquième est noble. El Mene instrumente une faena appliquée mais sans transmission (tout comme le toro) malgré de bons passages. Vuelta
Le troisième manque de rythme et transmet peu. Heureusement Julio Mendez est un torero désormaus expérimenté et qui allie technique et élégance. De plus il tue bien et coupe deux oreilles. . Le dernier est soso et deslucido. Malgré les efforts de Julio Mendez, il n’y a rien à en tirer. La mise à mort est à l’image de la faena. Silence
La novillada vue par l’objectif de Romain Tastet
Fiche technique
- Arènes d’Hagetmau, novillada des Fêtes 2025. Novillos de San Isidro.
- Cid de Maria : vuelta, silence (deux avis)
- El Mene : silence, vuelta (avis)
- Julio Mendez : deux oreilles, silence (avis)
- Sept piques, cuadra Bonijol
- Président: Pascal Darquié
- Demi-arène concentrée à l’ombre
- Température estivale
Novillo à novillo
Vacilon Cid de Maria
Le premier est léger et bien armé. Abanto il finit par mettre la tête dans la cape de Cid de Maria. Il prend une seule pique en s’employant. Le novillo est juste de forces. Après avoir brindé au public, le torero entame les débats par des naturelles. Le San Isidro proteste dans la muleta. Cité de loin à droite, il s’arrête à mi-passe et bouscule Cid de Maria. Le novillero est sincère, s’applique mais la faena ne transmet rien. Elle paraît même longue…Un peu de tremendisme pour finir, le toro part aux planches. L’épée est trasera et basse. Vuelta.
Avaricioso El Mene
Le second est costaud et playero et n’a pas de cou. Distrait, il ne s’emploie pas dans la cape d’El Mene. Mal lidié il prend au raccroc un gros puyazo. Sur la sortie, il fait une vuelta de campana et repart au cheval pour y subir un picotazo. Toujours aussi mal lidié, il recharge à plusieurs reprises le groupe équestre qui essaie désespérément de sortir de la piste. La cuadrilla est désastreuse et un des banderilleros se fait prendre. Début de faena par doblones, desconfiado, le torero, absent de la lidia, recule à chaque passe, vilipendé par le public il renonce à tuer après trois passes et prolonge quelque peu sa faena. Quelques passes brouillonnes, quelques naturelles méritoires, le toro ne s’emploie ni dans les unes, ni dans les autres. L’épée est très en arrière et tombée. Silence.
Après un malaise dans le callejon, le banderillero blessé est évacué vers l’infirmerie puis pour examen à l’Hôpital de Mont de Marsan.
Sementero Julio Mendez
Le troisième est commode de tête. Suelto, il ne s’emploie pas dans la cape de Julio Mendez. Il s’investit un peu plus au contact du cheval puis s’affale . Brindis au public. Mendez commence sa faena par des derechazos de rodillas. Le toro a un fond de noblesse mais pas de forces. Le novillero alterne derechazos et naturelles avec temple et finesse dommage que le toro n’ait pas de chispa et transmette si peu. Le novillero, parvient par sa technique, sa sincérite et une certaine élégance à masquer et même compenser le manque d’entrega du San Isidro. Sa faena finit, et c’est inespéré par être intéressante. Mendez, avec intelligence, a tiré tout ce qu’il pouvait du novillo avant de bien tuer. Deux oreilles probablement une de trop ).
Blanquito Cid de Maria
Le quatrième est lourd mais commode de tête. Il s’emploie dans la cape de Cid de Maria. L’unique puyazo est trasero. Juste de forces, il pousse sur une corne.Début de faena assis sur l’estribo, le novillo fléchit à la troisième passe. La bonne corne droite permet au novillero de donner une bonne série . A gauche c’est moins simple. Petit passage à droite, puis le novillero tire quelques naturelles méritoires. Série suivante, le toro cherche à partir aux planches. Derechazos, arrucina puis changement de main, le San Isidro est allé à menos et le torero se perd un peu . Il est temps de tuer. Joselillas pour finir, cela porte sur le public. Un pinchazo précède une demie en avant, un avis sonne. Le bicho tarde à tomber et le novillero tarde à descabeller. Le deuxième avis sonne. Le public apprécie moins que les Joselillas. Silence
Vendedor El Mene
Le cinquième est abanto. El Mene arrive à lui imposer quelques bonnes véroniques. Le toro prend un bon puyazo en mettant les reins. Début de faena par statuaires, le novillo est noble. Une série de derechazos intéressants, El Mene prend la main gauche. Retour à droite, un bon derechazo, puis des naturelles bien faites dommage que toro et torero manquent de transmission. La suite, bien qu’accrochée, porte sur le public. La faena, bien trop longue, est conclue par des luquesinas inutiles. Un pinchazo, un avis sonne. Un tiers de lame, le toro tarde à tomber. Vuelta.
Zumbon Julio Mendez
Le dernier est le mieux présenté du lot. Mis en suerte par Julio Mendez, il met les reins mais ne pousse que sur une corne. En sortant du cheval, il goutte au sable des arènes. Le novillero fait un quite par tafalleras et véroniques. Il commence sa faena par des doblones genoux ployés. Premiers derechazos, le torero s’applique mais le novillo veut aller aux planches. Quand Mendez le retient, il est d’une grande soseria puis s’éteint. Le torero fait des efforts mais on s’ennuie ferme. Mendez tue mal. Un avis sonne puis le novillo tombe au troisième descabello. Silence.
Thierry Reboul