Actualités TaurinesReseñas

Séville : l’arbre qui cache la forêt

Séville : L’arbre qui cache la forêt. 

Vendredi 2 mai. Après les pluies soutenues de la journée, le soleil réapparaît et la corrida peut se tenir sous une température et un ciel de fin d’automne. Le ruedo est en parfait état, ce qui doit être souligné, car en pareilles circonstances, ce n’est pas toujours le cas, y compris en première catégorie.

Résumé
Les toros

Le ganadero a dû s’essuyer le front à l’issue de la course, car il faut bien dire qu’avant la sortie en 6e position de Jugaretta, negro burraco de 520 kg, on s’est ennuyés ferme devant le jeu insipide des toros, tous marqués du fer étoilé de Jandilla, faibles et décastés pour les cinq premiers. Un envoi disparate de présentation avec trois exemplaires bien faits et harmonieux (1, 3 et 6) et les trois autres indignes de la catégorie de la plaza, parfois protestés dès leur entrée en piste. Tous, bien entendu, civilisés de tête. De la mansedumbre à revendre et une faiblesse permanente empêchant toute velléité de la part de la terna du jour. Inutile de préciser que dans ce contexte, les tercios de pique ont été sans intérêt et réduits au minimum requis.

Les toreros
Sébastien Castella

Le biterrois fête cette année ses 25 ans d’alternative et compte bien marquer ici cet anniversaire. Il accueille son premier adversaire, un joli castaño, à porta gayola, geste ne faisant pas partie de son répertoire habituel et qui souligne sa détermination. Il s’ensuit un capoteo fleuri contrarié par la distraction du toro. Autre signe de son engagement, il envoie José Chacón poser les banderilles et assure lui-même la brega. Le tercio est spectaculaire, salut de Chacón et Alberto Zayas. Deux picotazos pour la forme. Sébastien est décidé et son entame de faena tout en douceur, genou ployé, ne manque pas d’élégance. Las, rapidement les premières séries de la droite sont interrompues par la faiblesse du bicho. Pas mieux de la gauche. Le français doit abréger. Demi-lame pasada et caída au premier envoi. Silence. Quelques sifflets à l’arrastre.

Le quatrième, negro, de 507 kg, est anovillado et invalide du train avant. Castella s’en accommode et parvient même de la main droite à extraire un fond de noblesse de l’animal, déclenchant les olés du conclave. À gauche, le toro est sans option. Sébastien, dans un désir de bien faire, reprend la main droite dans une dernière série qui ne s’impose pas et qui n’est pas du goût du public. Faena qui est allée a menos, conclue par une entière en place rapidement efficace. Quelques applaudissements polis et sifflets à la dépouille.

José Mari Manzanares

Passons rapidement sur le cas de l’alicantin, dont le manque de motivation et d’implication est de plus en plus évident. Il hérite d’un premier adversaire de format réduit, rapidement dégonflé après le cheval. À noter le quite valeureux de Borja Jimenez par chicuelinas, rendues très serrées par le manque d’embestida du bicho. Petit toro, muleta démesurée, faena insipide, terminée par une entière un poil basse. Silence aux deux protagonistes. Son deuxième adversaire, negro de 505 kg, est protesté à sa sortie pour son gabarit de novillo. Malgré ce, Manzanares le fait assassiner en deux puyazos indécents. Faena inexistante devant un toro mort debout. Entière tendida. Silence et bronca à l’arrastre.

Borja Jimenez

L’andalou hérite en premier d’un beau melocotón qui se confond avec le sable du ruedo. Hélas, le ramage ne suit pas le plumage. De façon incompréhensible, Vicente Barrera reçoit une ovation après un tercio de pique anodin, ce qui, en passant, en dit long sur l’évolution du public sévillan. On se demande quelle mouche a piqué Jimenez pour brinder au public cet adversaire faible et décasté. Il s’ensuit une faena laborieuse avec la muleta souvent accrochée, un peu meilleure de la gauche, et conclue d’une entière caída efficace. Silence pour le torero, et sifflets pour le toro.

La lumière est donc venue de Jugarreta, un joli burraco encasté. Oh certes, ce n’est pas un foudre de guerre, mais comparé à ses frères, il fait figure de premier de la classe. Aux banderilles, il met en danger les piétons en coupant le terrain et en terminant aux planches. Bien ménagé aux piques par un Tito Sandoval lucide, le toro conserve une charge franche et profonde. Le torero d’Espartinas débute par deux cambios dans le dos valeureux, qui déclenchent la musique. La faena est donnée sur les deux pitons et porte sur le public. À noter un magnifique changement de mains et des séries allurées alternant redondos et répertoire plus classique. L’épée est entière dans la croix et rapidement efficace. Deux oreilles méritées, vuelta fêtée, applaudissements à la dépouille de Jugarreta, qui aujourd’hui, a tenu le rôle de l’arbre cachant la forêt.

Fiche Technique
  • Séville. 6ème de feria. Toros de Jandilla décastés et mal présentés à l’exception du 6ème
    • Sébastien Castella silence, palmitas
    • José Maria Manzanares silence, silence
    • Borja Jimenez silence, 2 oreilles
  • 12 piques
  • Public : 4/5 ème d’arène
  • Météo : Après la pluie le beau temps relatif, l’automne au printemps
  • Saluts de José Chacon et Alberto Zayas (1°)

Olivier Castelnau

Une réflexion sur “Séville : l’arbre qui cache la forêt

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by ExactMetrics