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Madrid, les adieux au Juli

Madrid, les adieux au Juli

Cinquantième

Tic-tac, tic-tac … les aiguilles de l’horloge inexorablement avancent et rythment le temps qui passe. Tic-tac, tic-tac, hier encore petit prodige et déjà aujourd’hui, bientôt retiré des ruedos. Le 1er octobre, alors que la belle lumière de Séville d’un début d’automne déclinera, Julian Lopez « El Juli » remisera au placard, le costume de lumières si souvent porté. Vingt-cinq ans d’alternative et encore en pleine fleur de l’âge. Trop tard pour profiter de sa jeunesse, bien assez tôt pour tenter de profiter de la vie.

Séville c’est beau mais c’est loin, très loin… et pourtant je voulais le voir une dernière fois le Julian pour arrondir le compte. J’aime bien les comptes ronds, c’est propre, c’est net et précis ! Les comptes? Ceux des occasions qu’il m’a été données de voir dans un ruedo le maestro. Il me la fallait cette cinquantième fois. Envie d’un bel endroit où garder bien au chaud des souvenirs de catégorie. Oui mais voilà Séville, c’est vraiment trop loin ! Alors je me la suis organisée ma dernière fois. Ca sera Madrid, Las Ventas et vous savez quoi Julian, ç’était la première fois que je vous voyais là-bas. Une dernière pour une première, une première pour une dernière, paradoxal raccourci !

Juli

Je ne suis pas triste de votre départ Julian. Notre histoire a été faite de hauts et de bas. Moments parfumés d’admiration, mais aussi parfois, de rejets et de critiques quand vous donniez si peu en sélectionnant beaucoup, portant sûrement sur les épaules les brumes de quelques lassitudes que causent tant d’années à toréer en restant au sommet. Non je ne suis pas triste! Et pourtant, je suis là assis sur les gradins madrilènes, parce que vingt-cinq ans maestro ça ne s’oublie pas en un claquement de doigts. C’est un pan de vie, la vôtre, la mienne… Il s’en est tant passées de choses durant ses vingt-cinq ans! Alors aujourd’hui ce n’est pas simplement votre retirada à laquelle j’assiste mais aussi c’est le moment fugace où tout ce temps qui file, au travers d’un évènement particulier, arrive à se figer.

La Corrida

Mais je m’égare et quand vient le moment de défiler, ce sont vingt-deux mille personnes qui oublient leur dissensions et désaccords pour ne faire qu’un autour de l’ovation qui rugit comme un ultime hommage. C’est bien connu, ce sont toujours les meilleurs qui nous quittent en premier.

Uceda Leal eut le bon goût de brinder la mort du premier au Juli. Pourtant le Puerto n’avait pas donné grand signe de qualité. Pourtant le madrilène parvint à tirer des passes des deux bords avec classe dans une faena qui manqua de rythme, faute de l’animal, qui n’humiliait pas assez. Saluts.

Au Ventana qui sortit en deuxième, le Juli au capote fit preuve de la détermination d’un jeune homme, quite compris. Le toro était fuyard, le jarret sans grande solidité. Mr Lopez essaya par sa technique de livrer une faena propre. Il y arriva par instant malgré un animal qui dans d’autres mains serait parti se réfugier aux planches. L’entière en place donnée façon Juli laissa le président de marbre face à la pétition qui semblait majoritaire.

Tomas Rufo avait de l’envie et ses veroniques décomposées au quite du troisième en furent la preuve éclatante. Bien qu’il ait renversé le groupe équestre au 1er contact, le toro ne sortit pas de l’ordinaire. Au fil des passes, Rufo dans sa faena se décentra et fut rappelé à l’ordre par le 7. La suite finit par être brouillonne et après une entière tombée et quatre descabellos, le silence se fit.

Le quatrième , un Puerto, était un manso de gala. Il fuyait devant les capes, les picadors (5 contacts dont 3 au toril) et la muleta. Uceda Leal liquida les affaires courantes. Silence, sifflets pour le toro.

Faraon dernier adversaire de Juli en terre madrilène était un mauvais toro. Juli brinda à tous ce dernier combat. De fil en aiguille il finit par intéresser le Puerto dans de très bonnes séries droitières. Au milieu d’un changement de main surgit une surnaturelle tellement la main gauche guida, domina et conduisit la charge. Le 7 fulminait contestant les placements, la présentation du toro et des griefs sûrement bien plus anciens. En guise de réponse Juli enfonça l’épée jusqu’à la garde en place mais avec sa technique décriée. Deux oreilles finirent par tomber, sûrement 1 pour sa prestation et 1 pour sa carrière. La vuelta fut thélurique.

Tomas Rufo, après ça, sut par une série genoux en terre puis des derechazos dominateurs capter l’attention du public et du toro..mais pour ce qui est du Puerto, il avait tout donné et malgré la volonté affichée la faena alla « a menos ». L’épée entière et rapidement concluante lui permit de couper une oreille promenée dans une certaine indifférence.

En effet la piste s’était remplie d’une foule immense qui promena le héros du jour sur les épaules dans la joie et en forme de remerciements pour, plus que la prestation du jour…

L’histoire, notre histoire, Julian se termine bien et le sourire qui fendait votre visage était à la hauteur de l’affection que le public vous a témoigné en vous offrant cette dernière grande porte madrilène.

Philippe, vu du tendido 6, sol bajo

Fiche Technique
  • Madrid, arènes de Las Ventas, 1ère corrida de la Feria de Otoño. Toros du Puerto de San Lorenzo (1,4,5,6) et La Ventana del Puerto (2,3) pour
    • José Ignacio Uceda Leal : saluts , silence
    • El Juli : saluts. 2 oreilles
    • Tomas Rufo : silence (avis), oreille
  • 16 piques ou contacts ( chiffre gonflé par la prestation du manso 4ème), 1 chute
  • Saluts de Sergio Blasquo et Fernando Sanchez
  • Président : Eutimio Carracedo Pastor
  • Lleno de « No Hay Billetes »
  • Beau temps chaud
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Une réflexion sur “Madrid, les adieux au Juli

  • Olivier CASTELNAU

    Réconciliation ? Difficile relation entre Madrid et le Juli. Sur 48 corridas et quelques 100 toros lidiés à Las Ventas seulement 15 oreilles coupées et avant celle d’hier 1 seule grande porte. Maigre bilan pour une figura comme lui. En même temps 11 portes du Prince à Séville un record.
    Nul n’est prophète en son pays

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