Indulto savoir dire non!
Indulto savoir dire non!
Ce week-end, il y a eu des pétitions d’indultos que ce soit à Dax ou à Arles. Cette fois-ci, c’est le refus des palcos de sortir le mouchoir orange qui fait débat. Indulto si, indulto no?

Le contexte historique et l’évolution du nombre d’indultos
C’est le 24 juin 1857 que pour la première fois un toro a été grâcié. Il a pris 23 piques et tué 9 chevaux et s’appelait Azulejo. Il provenait de la ganaderia Romero Balmaseda Barbieri.
De 1857 à 1900, il y a eu 11 indultos. De 1900 à 2000, ce sont 41 toros qui sont repartis dans leur ganaderia. A l’origine, à l’initiative d’Alvaro Domecq Diez, l’indulto avait lieu lors de corridas concours. Le règlement taurin espagnol n’a reconnu cette pratique qu’en 1996 et la limitant aux arènes de première et seconde catégorie dans les articles 71 et 93 . Peuvent être indulté des toros d’un trapio « certain » et excellents dans les trois tiers.
A partir de 2001, les choses s’accélèrent. De 2001 à 2020, il y a eu 380 indultos (15 par an en moyenne ). Depuis la reprise post-covid , ce nombre atteint 105 toros et novillos soit une moyenne de 26 par an.
La France est entrée dans la danse avec l’indulto à Nîmes du novillo Peleon de Guardiola Dominguez en 1991. Seuls,, Vic et Céret pour les arènes de première et seconde catégorie françaises, font de la résistance. Elles n’ont jamais vu de mouchoir orange. Pour Bayonne, ce fut lors d’une non piquée.
Cette statistique, que l’on doit à André Roque l’ancien président du Corps des Présidents et Alguacils de Corrida, ne tient pas compte des indultos lors des festivals et fiestas camperas ou non piquées.
La progression du nombre des indultos semble avoir atteint un palier mais rien n’empêche pour l’instant que la tendance inflationniste ne reparte de plus belle.
L’évolution des critères d’indulto
Le nombre d’indultos (et de mouchoirs bleus) est pour certains le signe d’une amélioration de la qualité du bétail et, ils s’en réjouissent. Si l’aficionado est un doux rêveur, ce n’est pas un lapin de six semaines non plus.
A l’origine, l’indulto a pour but de permettre à l’éleveur de récupérer un toro « exceptionnel » et dont les qualités le destinent sans aucun doute à la fonction de semental. L’animal doit donc répondre aux mêmes exigences qu’un toro tienté dans la placita de la ganaderia. Son physique doit être irréprochable. Il sera donc exceptionnel face au cheval (certains en tientas vont jusqu’à plus de dix rencontres ) et extraordinaire à la muleta. De plus il doit apporter à l’élevage des éléments que l’éleveur a identifié comme essentiel à la construction du toro qu’il considère comme son idéal.
99% des toros indultés aujourd’hui ne remplissent pas le cahier des charges défini ci-dessus. On peut identifier deux catégories de toros grâciés. Le modèle Santiago Domecq , discret ou économisé au cheval , Noblissime il charge et recharge avec alegria tout au long d’une faena qui pourrait durer des heures. L’autre type, le modèle La Quinta, qui vient au cheval avec parfois de l’alegria mais ne pousse pas au contact du peto. Il charge lui aussi des heures durant ( pardon pour l’exagération) avec suavité le museau dans le sable. Les deux types de toros permettent au torero de faire des faenas brillantes (longues) qui vont « a mas » et qui déclenchent la pétition d’indulto.
Parfois la bravoure rencontre la noblesse et cela justifie certains indultos. L’exemple type est celui de Cobradiesmos de Victorino Martin à Séville. La difficulté résidant souvent dans le fait que des premiers tiers tronqués faussent l’analyse comme pour Delicado de Santiago Domecq à Dax.
Qu’en est-il des toros de premiers tiers ?
On n’indulte depuis longtemps que des toros de troisième tiers. Ceux qui font se lever les foules par leur extrème bravoure au cheval sont rarement graciés. Garapito, Trompetillo, Montenegro, Monte Christo, Clavel Blanco et plus récemment l’extraordinaire Yegüizo ont soit laissé trop de force à la pique ou rencontré un modeste qui n’a pas su les mettre en évidence muleta en main.

A qui profite l’indultite ?
Aujourd’hui l’indulto a perdu son sens. A tel point que la grâce de l’animal est peur-être devenu pour certains une récompense un cran au-dessus du rabo.
Le matador profite d’un triomphe que quelques pinchazos mal venus ne pourront pas ternir. Le ganadero profite d’un éclairage médiatique. Si le toro ne lui convient pas comme semental, il peut le vendre à un collègue et c’est une activité très lucrative quand on s’appelle Juan Pedro Domecq ou Garcigrande. Il peut aussi ne jamais le mettre sur les vaches. L’empresa, l’arène et la ville profitent d’une exposition médiatique non négligeable. Le public est content, il a vu du spectacle et du triomphe. Pour certains qui ont du mal à assumer la suerte suprême ils se sont probablement donné bonne conscience.
Le triomphalisme est une drogue addictive. Après un indulto, il en faudra deux, trois comme à Marbella et pourquoi pas six pour que le triomphe génère de l’adrénaline.

Et là, à ne plus tuer les toros, on finira par tuer la corrida. Le grand public lui sera déjà passé à autre chose.
Constater qu’il y a un problème est bien, proposer des solutions est plus productif.
Pour éradiquer l’indultite, cette maladie qui gagne nos arènes, il est nécessaire, comme beaucoup le disent, d’éduquer le public. De Gaulle n’aurait pas manqué de dire vaste programme.
La corrida est un paradoxe. C’est une fête qui pour générer des émotions à besoin d’un cadre rigoureux.
Quand on veut qu’un gamin comprenne ce qui est permis et ne l’est pas, il faut qu’il entende le mot magique « NON« . Quand le public réclame des indultos à tort (et à travers), le président doit opposer un refus catégorique. Pour cela, il faut qu’il soit indépendant (et courageux) ou bien que ceux qui fixent le cadre et définissent ses objectifs aient clairement défini ce qui est acceptable.
Il faut que les critères autorisant l’indulto soient clairement définis.
- Conformité de la présentation avec le type de l’encaste
- Trois rencontres avec le cheval dont deux au moins avec la vraie pique
- Distance augmentée d’une pique à la suivante
- Charge franche et poussée vers le bas avec les deux cornes.
- Pas de sortie seul
- Charge franche au second tercio et qualité de la poursuite des banderilleros
- Noblesse , fixité sur les deux cornes
- Charge franche à la muleta
- Humiliation
- Comportement qui va « a mas »
- Demande du ganadero (liste non exhaustive et ouverte)
Dire NON est possible, Dax l’a fait.
Dimanche à Dax le palco et ceux qui sont responsables du sérieux des arènes ont dit non. Le Santiago Domecq, bien que noblissime, est sorti deux fois seul du peto. Le grand public a râlé , les aficionados présents ont expliqué à leurs voisins la décision prise. Et Dax a tenu son rang d’arène de première catégorie.
Comme pour le travail remarquable fait pour redonner son sens et sa place au premier tiers, il faut que la France et son Aficion se prenne en main pour redonner un peu de sérieux à la corrida. Les critères de l’indulto doivent être précisés et appliqués. Notre structuration avec le poids de l’UVTF, des commissions taurines et des clubs taurins organisateurs est un atout. Il est juste nécessaire de dire NON de temps en temps.
Thierry Reboul
a trop regarder Ferdinand et son poto de cercado le fameux Machina , voilà le résultat de ce billet de mauvaise … humeur
Le toro qui est décrit n’existe pas , seule la longueur et l’intensité de course nous intéresse et je m’honore de faire partie du « grand public » , terme employé de façon douteuse qui a pris son pied avec Mesdemayo qui méritait de revoir Delicado