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Dax, Castella au sommet de son art

Sébastien Castella a marqué cette édition de la Féria de Dax 2023. Depuis son retour dans les ruedos, la tauromachie du Français a évolué. Elle a gagné en profondeur et en expression artistique. Son second toro très noble qui suivait la muleta sans donner de cornes lui a permis de la mettre en place et d’enchanter le public dacquois. Heureux seront ceux qui seront présents le jour où Sébastien Castella rencontrera et s’accordera avec un grand toro. La première faena de Pablo Aguado a été parsemée de details typique de sa tauromachie très andalouse. Tomasb Rufo a été ennuyeux.

Les toros

Forcément hétérogène de présentation car constitué à la dernière seconde pour remplacer celui de Parralejo bloqué pour des raisons sanitaires, le lot d’El Pilar ont manqué de bravoure au premier tiers. Juste de forces, D’une noblesse fade ils ont manqué de chispa et de fond au troisième .

Les toreros :

Beaucoup de classe et d’élégance dans les premiers derechazos de Sébastien Castella, malheureusement son toro va à menos dès les premières naturelles du et distrait plombe la fin de faena. L’estocade,  bien qu’efficace est très basse. La tauromachie de Castella a évolué. Le bitterois toréé avec un vrai sens artistique et de la profondeur. Certains muletazos à son second sont superbes voire exceptionnels. Mais la noblesse docile du toro en limite la transmission. Castella coupe deux oreilles.

Pablo Aguado compose passe à passe une faena avec des détails mais qui hélas ne passent pas la rampe. L’ensemble manque aussi d’émotion parce que le toro avait une charge fade. Le second toro du sévillan se blesse en début de faena. Pablo Aguado abrége les débats.

Faena sans ame de Tomas Rufo à un toro faible.  Tout en le toréant par le bas , sans le faire tomber,  le. torero construit une faena »efficiente » , sans âme conclue par une épée légèrement tombée. Le second toro de Rufo manque de race et de transmission.  La faena tourne court. Tout au long de l’après-midi, Tomas Rufo a déroulé une tauromachie au kilomètre dont l’objectif est de couper des trophées quel que soit le toro et son état physique.

Fiche technique
  • Arènes de Dax, quatrième corrida de la Féria 2023, six toros d’El Pilar pour
    • Sébastien Castella: vuelta, deux oreilles (avis)
    • Pablo Aguado: oreille, silence
    • Tomas Rufo: vuelta, silence
  • 12 piques, cavalerie Bonijol
  • Président: Franck Lanati
  • lleno
  • ciel voilé sur la fin de la corrida

Toro à Toro

Sonarillejo Sébastien Castella

Le premier est le plus lourd du lot. Il sort abanto. Il finit par mettre la tête dans la cape de Sébastien Castella. Piqué hors sitio, il pousse à la première rencontre. Mal mis en suerte, la seconde rencontre est un simple picotazo. Le toro est distrait. Salut de José Chacon. Castella commence par des doblones genoux ployés. Bonne première série à droite, le toro humilie et le torero baisse la main avec élégance et classe. A gauche c’est plus compliqué. Le toro est allé rapidement à menos. Il regarde de plus en plus vers les extérieurs.  Castella a du mal à le fixer pour le tuer. L’épée entière est très basse mais efficace. Vuelta

Mirillo Pablo Aguado

Le second est plus léger. Véroniques de belle qualité de Pablo Aguado pour accueillir le toro. Juste de forces, il est peu piqué bien qu’il mette les reins à la première rencontre. Échange de quite avec  Rufo,  la confrontation tourne  à l’avantage de Pablo Aguado. Le toro tombe au troisième passage des banderilleros. Début par derechazos donnés avec du temple,  à droite comme à gauche, le torero ne se croise pas.  La faena est élégante, parsemée de détails andalous mais elle manque de transmission par la faute du Pilar qui ne permet pas de lier les passes. L’épée entière est un peu en avant. Le président accorde une oreille.

Liebrez Tomas Rufo

Le troisième sort abanto. Sur les premiers capotazos de Tomas Rufo, le toro boîte. Il prend un premier picotazo sans mise en suerte puis un second sans pousser. Tomas Rufo le met au centre, l’oblige le toro tombe. Le torero insiste à droite et à gauche, le toro fléchit sur chaque série. La faena du toledan est une déclinaison d’un modèle standard qui ne donne aucune émotion. L’estocade caidita est rapide d’effet, pétition d’oreille. Vuelta

Quitasol Sébastien Castella

Le quatrième est le plus léger du lot. Il est suelto. Deux picotazos tiennent lieu de premier tiers. Début par cambiadas,  la montera sur les pieds, le toro est andarin et juste de forces.  Castella exploite la noblesse fade du Pilar. Le Français toréé en douceur,  avec élégance et classe et profondeur un toro qui se laisse faire. La faena est belle mais n’a de transmission que par la classe du torero. L’épée est excellente et rapide à agir. Deux oreilles, avis

Tontillo Pablo Aguado

Le cinquième sort abanto. Premier puyazo appuyé sans mise en suerte, le second est plus léger. Le toro est faible, il se fait mal sur une chute en début de faena.et tombe dès les muletazos. Suivants.  Pablo Aguado abrège la faena et prend l’épée. Il le tue d’une entière habile et basse. Le toro tombe sans être descabellé. Silence

Bastardito Tomas Rufo

Le dernier est dans le type de son encaste. Juste de forces, tardo au premier tiers, il sort seul de la première rencontre et ne pousse pas à la seconde. Tomas Rufo commence sa faena par des derechazos et pechos templés de rodillas. Le toro proteste dans la muleta à gauche. Les premiers derechazos sont sur le pico. La suivante est plus centrée mais le Pilar manque de charge et forcément de transmission. Le torero manque de profondeur et de spontanéité. Final par luquesinas le toro est éteint. Rufo pinche deux fois. Silence avec un avis

Thierry Reboul

3 réflexions sur “Dax, Castella au sommet de son art

  • Olivier CASTELNAU

    La corrida a été plombée par un lot de Toro, négation même de l’idée que je me fais du Toro de Lidia. Mais bien évidemment cela n’engage que moi. Carreton sans force répandant leur soseria sur le sable, complètement dégonflés après les picotazos de rigueur, génuflexions et titubations à répétition, la corrida du Pilar a été conforme à ce que l’on a pu voir à Madrid MDM ou aux Saintes le WE précédent. Il est sûr que devant telle opposition on a pu assister à une belle démonstration de toreo de salon. La palme du meilleur infirmier du jour revenant à Sebastien Castella. Heureusement Castella n’a pas attendu cette confrontation avec les limaces du Pilar pour dévoiler son sens de la lidia, la profondeur de son toreo et assoir son rang de figura. Le six fois triomphateur de Madrid a évidemment déjà rencontré à plusieurs reprises le grand toro qui a pu faire de lui l’immense torero qu’il est aujourd’hui. Ne serait-ce que depuis sa réapparition face à Rociero de Jandilla où au toro de Javier Vasquez quelques jours plus tard, Sébastien a pu faire la démonstration de l’aboutissement de sa tauromachie qui fait de lui la figura incontestable qu’il est aujourd’hui. On peut d’ailleurs s’étonner qu’il est fallu le forfait de Luque pour qu’il soit programmé à Dax, mais nous ne sommes plus à une incohérence près. Ce que nous avons vu hier n’apportera rien de plus à une carrière déjà aboutie. Bref là où beaucoup se sont extasiés, moi je me suis fermement ennuyé. Demain sera un autre jour.

  • Chapeau Maestro! La classe, tout simplement, de sortir à pieds par respect pour le torero qu’il remplaçait.
    Encore une fois merci monsieur REBOUL pour vos reseñas précises.

    Beñat

  • Monsieur CASTELNAU,
    Je trouve votre réflexion intéressante; elle me rappelle les années pendant lesquelles il était de bon ton en France et surtout dans le sud-ouest de bouder et même de dézinguer Sébastien CASTELLA. Ainsi en 2007 il est le premier torero français à ouvrir la grande porte de Madrid et en 2008…ni Mont-de-Marsan ni Dax ne l’inscrit dans sa féria. De 2012 à 2016 il a totalement été absent de la Madeleine. A Dax, chaque fois qu’il était un peu en-dessous, hop l’année suivante il n’était pas programmé.
    Et dans ces années Juan Bautista n’avait pas encore entamé sa remontada.
    Zocato considéré comme la Bible de la tauromachie le dézinguait avec des oeillères en raison d’une ancienne brouille avec Margé à l’époque où ce dernier était l’apoderado et le père bis de Castella.
    Et pourtant je n’oublierai jamais le 2 juin 2006 à Nimes dans un vent à écorner des zébus, ou le 7 août 2009 à Bayonne encore devant un Pilar de grande classe celui-ci.
    Je n’ai pas assisté à la corrida de lundi car je ne vais plus aux arènes de Dax tant elles manquent de sérieux et de compétence (avec l’âne LANATI presque toujours à la présidence les sommets sont atteints).
    J’ai donc regardé sur une video la faena de lundi dans sa quasi intégralité. Certes il faut être sur les gradins pour mieux apprécier, mais face à un toro qui n’a pas grand chose dans le ventre, la faena du maestro est belle et parfois très belle, mais je vous rejoins en ce que certaines de ses faenas antérieures étaient plus profondes face à de grands toros (Jabatillo à Madrid en 2015 je crois avec à la clé deux oreilles incontestables).

    Bref , tout comme il en était de la bien pensence de le démonter (souvent injustement) pendant un certain nombre d’années, il va peut-être devenir mondain de l’encenser à outrance. Je m’en réjouis pour lui car il a toujours été un grand maestro à mes yeux, mais le mundillo révèlerait une fois de plus son hypocrisie et son snobisme.

    Beñat

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