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Bouillargues: une certaine idée de la non piquée

Bouillargues: une certaine idée de la non piquée

Le 11 octobre à 16h30 se déroulera à Bouillargues la 13ème novillada non piquée organisée par la Peña La Embestida. Tertulias a rencontré Thierry Allez et Benoit Pince, respectivement Président et membre de la Peña, qui nous ont présenté la philosophie et le programme de cette journée taurine.

Tertulias : « Quand a eu lieu la première novillada à Bouillargues? »

Thierry Allez : « La Peña Taurine La Embestida a été créée en 2001 par des aficionados a los toros. En 2011 de nouvelles arènes ont été construites à Bouillargues et la municipalité nous soutenait. La Peña en a profité pour organiser une novillada non piquée qui devait être la seule et unique que nous monterions. Et cette année ce sera la treizième. Depuis le début ce sont des novillos français qui sont lidiés. Et, normalement, nous essayons de mettre au cartel des novilleros français. Cela est un peu plus dur. L’an dernier il n’y en avait pas mais cette année il y aura le jeune Sauvaire. Nous remettons toujours au cartel les vainqueurs, ganaderia et novillero, de l’année précédente. »

Tertulias : « Pourquoi une novillada non piquée à Bouillargues? »

Benoit Pince : « Jusqu’en 2012, nous montions des fiestas camperas. L’idée de profiter des nouvelles arènes pour monter une non piquée a germé lors d’une soirée entre amis. Nous nous sommes mis immédiatement à la recherche de financements privés. Nous ne voulions pas de financements publics. Cela fait toujours partie de notre ligne de conduite. On voulait faire quelque chose d’unique et de particulier. A cette époque Castelnau Rivière Basse, dans les Hautes Pyrénées, faisait une novillada competencia avec un échange de ganaderias du Sud-ouest et du Sud-est. On a voulu une novillada qui sorte un peu de la non piquée ordinaire. On est parti sur l’idée de reproduire le modèle de Castelnau.

Nous avons repris contact avec les ganaderos du Sud-ouest à savoir Pascal Fasolo, Philippe Bats et Jérôme Bonnet. Ils ont été enchantés de venir chez nous ce qui était une première pour eux. Au cartel il y avait Bastien Roulier, Antonio Machado et Louis Husson qui démarrait. Notre éthique a été de présenter des novillos présentés et surtout intègres. Cela n’a pas été simple au début puis cela est rentré dans les habitudes. En 2012, le succès a été au rendez-vous avec des arènes quasiment pleines. Au vu des affluences habituelles des non piquées dans nos régions, cela nous a conforté dans notre idée. Les gens qui sont venus nous ont dit le soir même qu’il fallait continuer. On est réparti l’année suivante.»

Tertulias : « D’où viennent vos financements? »

Thierry Allez  : « Ce sont essentiellement des amis qui sont entrepreneurs, propriétaires de magasin ou de sociétés qui nous donnent des coups de main. C’est très bien, car sans eux nous ne pourrions pas continuer. En 2024, à deux heures du début de la course, il a plu énormément. Nous n’avons eu que 200 personnes aux arènes et cela a été très compliqué. Les arènes font 800 places. Même pleines, avec un prix d’entrée à 15€, on ne peut pas s’en sortir sans les sponsors, la buvette, les repas et autres actions. Nous sommes exigeants sur les toros donc nous nous devons de les payer à leur juste prix. La mairie, et c’est notre volonté, nous prête les installations et le personnel municipal mais ne participe pas financièrement à notre projet. Comme toutes les associations bouillarguaises nous avons une subvention et c’est tout. »

Tertulias : « En douze ans quels sont les faits marquants ? »

Thierry Allez  : « On a une petite frayeur en 2014 quand les antis sont venus chez nous avant d’aller à Rodilhan le lendemain. Il en est venu de Belgique, d’Angleterre et de toute l’Europe. Ils sont venus à Bouillargues et cela a été la guerre. Cela s’est très mal passé et nous pensions que ce serait notre dernière année. Et puis s’arrêter aurait été leur donner raison. On a retroussé les manches et on est reparti en 2015. »

Benoit Pince : « 2014 a été une année noire pour nous. Aux antis s’est ajouté l’impossibilité de vendre la viande des toros car tous les abattoirs étaient monopolisés par l’aid. Il a fallu mettre les toros à l’équarissage. Cela engendre des frais et une perte financière. A ces difficultés économiques, il y a le coup au moral subi en voyant débouler ces individus et les conséquences, voitures saccagées, etc…, on n’était pas sûr de redémarrer. On l’a fait mais à partir de 2015, on n’a plus fait d’échanges avec le Sud-ouest. Cela nous a permis de faire des économies sur les frais de transport. Les gens, les sponsors nous ont suivis cela nous a remis du baume au coeur. »

Tertulias : « Quels ont été les moments taurins importants ? »

Thierry Allez  : « On honore systématiquement par un azulejo aux arènes le toro vainqueur de chaque année. On a eu des grands toros d’élevages français. En particulier un Alain Tardieu et ces deux dernières années, deux erales de Durand avec beaucoup de caste et de mobilité. Côté novilleros, il y a eu Louis Husson. C’est grâce à ces gens-là que nous avons envie de continuer. Ce sont des jeunes qui savent où ils viennent. Ils sont au courant de la présentation et de l’intégrité des toros. Presque tous les Français sont passés chez nous. Il y a eu El Rafi, Solal, Salenc, Younès…  »

Benoit Pince : « Parmi les toros marquants, ce Lunero de Tardieu était un eral avec de la caste, de la race. Il a demandé les papiers à tout le monde même aux banderilleros. Julien Breton « El Merenciano » doit s’en rappeler. Il a été toréé par Dylan Raimbaud, un novillero qui toréait pas mal, qui avait sa place dans le circuit.

Un peu livré à lui-même face à, cet eral qui avait du moteur, il a souffert au capote, les premiers muletazos ont été compliqués. Malgré cela, il repart au combat et tire avec des efforts des séries dont il se rappellera toute sa vie. Dommage qu’il ait mal tué. Tomas Ubeda a arrêté sa carrière de novillero chez nous et il est devenu un lidiador et un banderillero de qualité sur lequel ses maestros peuvent s’appuyer. 

Avec Lunero, il y a eu aussi un très bon Durand lidié par Dorian Canton qui a été très bien. Il y a eu aussi un Concha y Sierra à qui Christian Parejo a coupé une belle oreille après un combat intense. Heureusement que c’est Christian qui a toréé, le novillo avait énormément de caste. »

Le novillo vainqueur en 2024
Tertulias : «  Comment est constitué votre public? »

Benoit Pince : « On a un public très aficionado mais très froid. Pour faire monter la température, c’est compliqué. Par contre quand il démarre, cela démarre vraiment. On a un fond de public qui suit dans le Sud-est les non piquées. Après, à part les grandes arènes, il y a très peu de courses de sin caballos. Dans les villages, il y a Bellegarde, Saint Gilles, Fourques qui organisent. Les autres font des capeas mais pas de formelles. »

Thierry Allez  : « Notre public est surtout local mais certains spectateurs viennent de loin. L’an dernier, quand il pleuvait, des gens de l’Hérault nous ont appelé pour savoir si la novillada était maintenue. C’est un public festif que l’on rencontre dans des arènes comme Nîmes ou Arles. Quand ils arrivent chez nous, ils changent d’attitude. C’est un public qui devient froid et exigeant avec les novilleros. »

Benoit Pince : « Nous avons nos fidèles. Je pense à La Muleta d’Arles. Les gens de La Unica de Saint Martin qui vont nous rendre la pareille en remerciement à notre présence à leur journée. Ils seront une centaine. Ils se joindront aux membres des clubs taurins gardois qui sont fidèles à Bouillargues»

Tertulias : « Quels sont les ganaderias choisies pour cette année ? »

Thierry Allez : « Par ordre d’ancienneté il y aura un François André, un Blohorn, un Durand le vainqueur de 2024, un Alain Tardieu, un Colombeau et on finira par un eral de Malaga. On essaye de varier au niveau des encastes, ce qui n’est pas toujours facile. On peut encore faire dans le Sud-est avec six encastes différents. Ce seront des erales de fin de saison. Ils seront charpentés. C’est pourquoi, au moins pour les deux espagnols, nous avons engagé des novilleros qui seront bientôt en piquée. »

Tertulias : « Quels sont justement les toreros qui feront le paseo? »

Benoit Pince : « Le chef de lidia sera Francisco Fernandez. Il vient de Los Barrios et est le vainqueur de la novillada de 2024. Il nous a été conseillé l’an dernier par Tomas Cerqueira parce qu’il a participé avec Christian Parejo au Certamen organisé au Mexique et parrainé par Padilla. Ils étaient tous les deux en finale et Francisco avait été très bien. Il a un parcours atypique en particulier à cause de la COVID. Parejo a continué et Francisco n’a pas pu avoir ses novilladas pour passer en piquée. Il est resté à végéter à ce niveau.

Tomas nous l’a proposé, mais nous voulions laisser la priorité aux Français. En 2024, les Français que nous voulions mettre à l’affiche n’étaient pas disponibles. Nous avons donc pris trois Espagnols qui eux étaient prêts à venir. On a engagé Francisco et il a été excellent, malgré son manque d’oficio, face à un Durand de grande qualité et exigeant. Il devait passer à l’échelon supérieur. Cela n’a pas pu se faire et donc logiquement nous l’avons répété. »

Tertulias : « Qui complètera le cartel? »

Benoit Pince : « En second, il y a Isaac Galvin de San Fernando. Nous l’avons vu très bon à Saint Martin de Crau cette année. C’est un torero très sérieux avec beaucoup d’oficio. Il est partout en Espagne où il prend de grosses courses. Isaac a aussi beaucoup toréé en France où un petit groupe le suit. Il correspond au novillero, sérieux et apte à prendre ce que nous proposons, que nous recherchons. Pour fermer le cartel, nous avons tout fait pour avoir un Français. Ce sera Matias Sauvaire. En France, c’est, pour nous, celui qui a le plus progressé. Il a été très bien à Hagetmau, à Alès. Denis Loré s’occupe de lui. C’est un challenge pour nous et pour le jeune torero.

Nous ne nous éparpillons pas. Pour monter notre cartel, nous choisissons trois novilleros. Ils savent, puisque les erales sortent par ordre d’ancienneté ce qu’ils vont toréer. La négociation s’en trouve facilitée. Après ils acceptent ou pas.  »

Affiche novillero
Embestida Programme
Embestida Cartel (1)
Embestida Cartel (2)
Embestida Cartel (3)
Embestida Cartel (4)
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Tertulias : «  Quel est le programme de la journée  ? »

Thierry Allez : « Le matin, à 10h30, il y a une capea pour les élèves des Ecoles Taurines du coin. Elle se fera avec des vaches camarguaises de la Manade Roumanille. Ensuite il y a un apéritif et le repas. Dans la foulée, il y aura la novillada qui sera, elle, suivie d’une remise des prix à la salle de la Bergerie. Nous terminerons la journée par une soirée festive.»

Tertulias : « Qu’est ce qui fait que vous serez contents au soir de la novillada? »

Thierry Allez  : « Déjà nous serons contents s’il n’y a pas de blessés. Et ensuite, nous serons aussi contents s’il y a un peu de monde sur les gradins, que l’on ait du beau temps et que les gens se régalent. Pour ce qui est des erales, nous avons tout fait pour qu’ils soient bien présentés et intègres. Il faut que les gens qui viennent et reviennent à Bouillargues voient que l’éthique de la non piquée y est respectée. Pour le comportement des erales, on jugera le jour même. On maîtrise ce qui est maîtrisable. »

Merci à Thierry et Benoit pour ces échanges. Tertulias souhaite aux organisateurs que la journée du 11 octobre soit une réussite.

La réservation est ouverte au 06 20 81 20 41 ou au 06 61 84 08 59. Le prix des places est de 15 euros (gratuit pour les moins de 16 ans accompagnés), celui du repas est fixé à 20€ . La journée complète (repas + novillada) est à 30€.

Propos recueillis par Thierry Reboul

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