Madrid San Isidro, une puerta grande et un miracle
Madrid San Isidro, une puerta grande et un miracle.
La veille de ce 9 mai, ouverture de la grande fête paienne annuelle de la tauromachie à Madrid, Las Ventas et son parvis quasi-désert roupillaient. A peine quelques bruits de marteaux des ouvriers, qui mettaient une dernier coup de propre à l’imposante arène, troublaient cet étonnant silence. Les guichetiers attendaient le chaland, et les revendeurs chez eux calculaient le juste prix qu’ils demanderaient aux imprévoyants qui n’avaient pas encore pris leur billet pour l’ouverture de la San Isidro. Rien ne laissait à penser que le lendemain dans l’enceinte madrilène, un des toreros ferait face à son destin.
Clément Dubecq après une carrière prometteuse de novillero, entama une terrible traversée du désert après une alternative prise en 2016 à Zamora. Condamné à l’oubli, il ne dut qu’a son obstination et sa capacité de résilience de rester torero. Oui mais voilà, si la France a pleinement adoubé un des siens, l’Espagne ne lui ouvre que timidement ses portes. A 19 heures quand résonnèrent tambours et clarines, il devait bien s’en passer des choses dans la tête du girondin.
Résumé
Au final, si tout ne s’est pas passé comme rêvé, Clemente avec son toro de confirmation a fait preuve d’entrega et de courage. Sa volonté de garder sa position malgré quelques étrangetés de charge lui a valu une terrible voltereta dont on se demande encore comment il s’en est sorti indemne. Talavante a touché le toro de l’après-midi et en a profité pour s’offrir la première grande porte du cycle isidril même si la 2ème oreille s’est fait attendre du président. Juan Ortega est venu, on l’a vu mais il n’a pas vaincu.
Les toros
586 kg de poids moyen. Quatre d’entre eux (1°,2°,5°,6°) de 5 ans et plus. Noirs de robe. Les Victoriano s’étaient fait beaux pour l’ouverture de la San isidro. Au comportement, on retiendra l’exigeant premier et le noble et enracé quatrième. Les quatre autres déçurent.
1°palmas 2°pititos 3°silence 4°grande ovation 5°pititos 6°silence
Les toreros
Alejandro Talavante
Un beau bestiau de presque 600 kg lui échoit comme 1er adversaire. Au capote et sous la puya, il ne démontre pas de grandes qualités ni une très grande personnalité. Le Victoriano dès l’entame de la faena rend les armes. Talavante besogne quelques séries dans l’indifférence. Une épée basse en finit avec l’ennui.
Le 4ème est armé supérieurement. Il ne s’accorde guère avec le capote de Talavante avant de faire juste son devoir avec le groupe équestre. Baisser la tête coûte au Victoriano qui meugle sur chaque passe que lui donne Talavante. Néanmoins, il la met en permanence sur chaque sollicitation. Talavante va en profiter des deux bords dans une faena sans temps mort. Madrid est enthousiasmé et l’extremeño a gusto. Esthétiquement c’est beau. Ça manque peut-être d’un poil d’âme. Les gauchères seront supérieurement données L’estoconazo final blanchit Madrid et le président finit par céder à la pression populaire en sortant deux mouchoirs.
Juan Ortega
C’est à partir des piques que le toro prend deux fois en mettant la tête mais avec une force limitée, que ses qualités se font jour. Il met la tête dans le capote de Talavante venu au quite et bisse dans celui d’Ortega dont le remate par une belle media lève Madrid. Le sévillan gagne le centre. Les séries droitières s’enchaînent mais il manque un peu de tout et surtout d’engagement au torero. Quand il prend la main gauche le Victoriano s’est vidé..une entière en termine avec la vie publique de Cangrejero.
A part ses 640 kg le quinto ne se fait remarquer en rien dans tous les tiers. Après diverses arrancadas sans classe et avec un coup de tête terminal, Ortega abrège enfin essaie car l’usage de l’épée est très defectueux (6 pinchazos 2 descabellos). Sifflets.
Clemente
Le toro de confirmation est supérieurement présenté. Il se jette dans le capote du français. Violent sous la 1ère puya puis subissant lors de la 2ème. Brindis à tous. Bon début par le bas. Le Victoriano n’humilie pas. Il n’est pas clair dans ses intentions surtout à gauche mais défend chèrement sa peau. L’effort du français est plus que méritoire et les series droitières engagées sans rectifier la position, jusqu’à une terrible voltereta heureusement sans conséquence apparente. Clément a le pundonor de revenir servir, pour finir , deux séries de gauchères qui montrent qu’il a pris le dessus sur le Victoriano. Lastima, deux mauvaises épées viennent gâcher l’effort.
Le dernier de l’envoi fait toutes les choses du manso en trois contacts dont un au réserve. La lidia est un peu cahotique. Belle entame par doblones pour discipliner le Victoriano. La suite est plus difficile, le toro ne se livrant pas dans ses charges. Sans démériter, le tricolore ne va pas trouver la solution mais y’en avait-il une, pour donner de l’ampleur à son travail. Difficultés au descabello.
Fiche Technique
- Madrid. 1ère corrida de la San Isidro. Toros de Victoriano del Rio pour
- Alejandro Talavante : silence, 2 oreilles
- Juan Ortega : silence (avis), sifflets ( avis)
- Clemente (confirmation) : saluts (avis), silence
- 13 piques – cuadra Equigarce
- Président : José Maria Fernandez Egea
- Public : lleno de » no hay billetes »
- Météo : fraîcheur soutenable
Philippe – vu du tendido 6 – file 4