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L’encaste Urquijo-Murube

Aujourd’hui quand on parle Murube on pense rejon et on oublie Urquijo. Pourtant ces deux noms sont indissociables de l’histoire de la tauromachie à pied et se son évolution. Premiers toros modernes, ils sont associés aux triomphes de toutes les grandes figuras de Joselito à Curro Romero. C’est un secret de polichinelle, mais des élevages d’autres encastes, ont du sang Murube-Urquijo (exemple Lisardo Sanchez).

Création de l’encaste Murube

La légende raconte que Francisco Murube est devenu riche en trouvant une caisse remplie d’or en labourant ses terres. La réalité est probablement plus prosaique. A cette époque, les agriculteurs gagnaient bien leur vie. A son décès, en 1856, Francisco laisse à sa nombreuse famille 5 500 000 reales et des propriétés dont « El Toruño » qui accueillera plus tard les différents fers de la famille Guardiola.

Trois fils de son second mariage ont des visées ganaderas, mais il faudra attendre 1863 pour que Doña Dolores Monje (veuve Murube) achètent du bétail brave. Elle acquiert la ganaderia de Manuel Suarez Jimenez constituée à partir de Vistahermosa de Jean Pedro Picavea Lesaca en 1829.

Comme souvent ce lot de braves avait des origines diverses, mais la lignée majoritaire était bien Picavea Lesaca, la version toriste de Vistahermosa. Très rapidement la nouvelle ganadera ajoute au lot initial 309 têtes de bétail de provenance de la ganaderia Arias Saavedra y Ulloa, la branche toriste de Vistahermosa. Ce premier lot a été rejoint, l’année suivante,  par 221 vaches et 50 toros du même fer.  Ainsi commence l’histoire de l’encaste Murube.

L’histoire de la ganaderia Murube
Les premières sorties

Les Lesaca fourniront quelques sementales. Le développement de l’encaste s’est donc fait à partir des Barbero-Saavedra. Dans l’histoire de ce fer, persisteront les deux influences des deux origines. La plus toriste donnent de toros aux cornes blanches, l’autre des toros aux cornes noires. C’est un des Saavedra, Marismeño, qui sera le premier très bon toro du nouveau fer. Le colorado, reste des influences navarraises sur Vistahermosa, a pris 51 piques tuant 14 chevaux. Epuisé et exsangue, il est mort lors du second tercio. Sa prestation à Ronda fera connaître la nouvelle ganaderia aux aficionados.

L’ère Joaquin Murube

C’est un des fils de Doña Dolores, Joaquin, qui a commencé le travail de sélection et d’affinage du toro de Murube. A la mort de sa mère, en 1884, il devient seul propriétaire de l’élevage. Son frère Faustino récupère sa part de l’héritage et Felipe vend la sienne à Ybarra. Seule capitaine du navire, il remet en cause les pratiques, et manies, ganaderas de sa mère. Il intensifie la sélection et apporte des compléments alimentaires au bétail. Rapidement le Murube prend du volume, de la force et gagne en noblesse. Les Murube sont à la fois braves et nobles, certains écriront dociles. Le ganadero a initié l’évolution du toro rustique vers le toro moderne. Ses produits sont suaves au capote mais peuvent aussi poser des problèmes aux toreros. En 1887, Mazantino est grâcié à Séville après avoir expédié tous les toreros à l’infirmerie.

Les premiers succès

La présentation à Madrid a lieu le 02 mai 1897. Le renom de la ganaderia grandit mais Joaquin meurt le 16 mai 1901. C’est son épouse Tomasa Escribano qui prend la direction, ou plutôt le commandement, de la ganaderia avec l’aide de son fils Joaquin. En 1907, elle vend une partie de ses bêtes, à Juan Contreras. Si les Murube sont dans le « top 10 » de l’escalafon ganadero, les finances de la famille ne sont pas au beau fixe. En 1909 Escalapero remporte la corrida concours de San Sebastian.

De Murube à Urquijo

Tout semblait aller dans le meilleur des mondes possible, et quand, de manière unilatérale, Tomasa Escribano prend la décision de vendre toros et vaches en 1917, même les membres de la famille ont du mal à en comprendre les raisons .

Parmi les toreros de l’époque, il était un vrai visionnaire Joselito, qui avait contribué au développement de la ganaderia Contreras. Il a compris que des fers de Murube et Parladé (qui avait acheter les Murube cédés à Ybarra en 1884) naitrait le toro et la tauromachie du 20ème Siècle.

Il persuade le banquier Juan Manuel Urquijo d’acheter les bêtes, le fer et les terres de la famille Murube. Le nouveau ganadero met l’élevage au nom de sa femme Carmen de Federico . Commencent pour la nouvelle ganaderia , soixante années de succès retentissants.

60 ans de règne de la ganaderia Urquijo
Les premiers pas de la ganaderia Carmen de Federico.

Juan Manuel Urquijo était un bourgeois de l’époque. Il était aficionado parce que cela faisait partie de la norme de l’époque. Son ami Joselito apprécie les toros de Murube et c’est pour cela qu’il a incité Contreras puis quelques années plus tard Urquijo a acheté les bêtes de la veuve Murube. Il a aidé Urquijo dans la sélection du bétail dès que le nouveau propriétaire a pris possession de la nouvelle ganaderia. Huit jours après la signature de l’acte de vente, il tue seul six toros de Carmen de Frederico dans les arènes de Séville. La corrida fut triomphale. Gallito a coupé 5 oreilles et s’est évertué à faire briller tous les toros. Aux côtés de la nouvelle ganadera, deux personnes veillent aux destinées de la ganaderia. Le matador sévillan Joselito gère la sélection, l’administration est confiée à Manuel Sierra.

Par la suite se joindra au « comité de direction » Tomas Murube Turno. Le jeune homme, petit-fils de Dolores Monje et un neveu de Joaquin Murube, épouse en 1930 une des filles de Juan Manuel. Trop jeune et de santé fragile, Antonio, un des fils du ganadero, est pour l’instant laissé de côté. La famille Urquijo impliquée dans de nombreuses activités des secteurs primaire et tertiaire, s’enrichira, investissant dans les secteurs en pointe de l’époque. Elle contribuera ainsi à la modernisation de l’Espagne.

Elle contribuera aussi à la modernisation de la tauromachie en produisant un toro adapté à l’évolution de la corrida amorcée par Joselito, Belmonte puis Chicuelo.

Après la mort de Joselito.

Au sortir de la Première Guerre Mondiale, deux arènes fonctionnent à Séville à savoir la Maestranza et la Monumental. Joselito s’investit beaucoup dans la seconde. Prudent et avisé, Juan Manuel fait en sorte de triompher dans les deux plazas. En 1920, Joselito meurt à Talavera de la Reina. La ganaderia perd son conseiller technique mais de solides fondations ont été posées. Carmen de Federico s’est fait un nom dans le mundillo. Elle dispose d’un cheptel de 500 mères sélectionnées et qui donnent des produits de qualité. Antonio étant trop jeune, c’est Tomas qui prend la main sur la sélection. Les Urquijo ont des moyens financiers, ils achètent de nouvelles terres jusqu’à constituer une propriété de 3000 ha.

Le toro de Murube est un toro noble mais il a gardé un bon niveau de bravoure. La ganaderia connait de grandes tardes de 1921 à 1930 année où un grand toro, Soñador, sort à Madrid.

Toro de Carmen de Federico
Les belles années

En 1928, Antonio intègre l’équipe de direction de la ganaderia après s’être fait la main avec la ganaderia Rincon (cf Encaste Nuñez) que son père lui a achetée en 1925 avant de la revendre trois ans plus tard.

Antonio, au contraire de son père, est un passionné de l’élevage du toro bravo.

L’Espagne évolue, elle s’industrialise et l’euphorie règne sur le pays. Cette euphorie baigne aussi le monde des toros et en particulier la ganaderia de Carmen de Federico. Ses toros foulent le sable de nombreuses arènes avec succès. Parmi les grands moments de 1930 à 1934 l’Aficion se souvient de Flamenco à Salamanque, Desertor à Bilbao, Tapabocas à Madrid (double vuelta al ruedo), Octavito à San Sébastian. Les Murube sortent en général bien présentés, bonitos et braves. Ils correspondent à ce que désirent les toreros et à l’évolution du toreo post-belmontien. La notion de classe dans le comportement d’un toro est née avec les toros d’Urquijo.

L’ére Antonio Urquijo

Tomas Murube Turmo, qui a mené la ganaderia vers les sommets, meurt au combat lors de la guerre civile. Commence alors l’ère Antonio Urquijo.

Depuis 1934, Juan Manuel Murube soutient l’action menée par Pagès et Belmonte contre l’UCTL. Il fait combattre ses produits par Belmonte dans les arènes gérées par Pagès qui sont boycottées par l’Union des ganaderos.

Le 21 octobre, à Las Ventas, dans une corrida où les places se sont arrachées, Belmonte coupe la queue d’un toro de Carmen de Federico. De 1936 à 1943, Martial Lalanda, Manolete (un rabo à Barcelone et un autre à Pamplona)  Domingo Ortega triomphent face et grâce aux Murube.

Le rafraîchissement Pedrajas

Carmen de Federico décède en 1946. A partir de l’année suivante les toros sont annoncés sous le nom de Antonio Urquijo.

Lors de la Féria de Pamplona 1947, Semillero tue deux coureurs de l’encierro, permet à Julian Marin de couper deux oreilles et fait la vuelta al ruedo.

En 1950 le ganadero identifie le besoin de rafraîchir le sang de son élevage. Il le fait en achetant vingt vaches à Gamero Civico de pure souche Ybarra. Immédiatement Urquijo est black-listé par les matadors. Pour calmer le jeu, avec malice et diplomatie, Antonio revend ces vaches tout en gardant, sous le manteau, huit d’entre elle et les becerras de l’année. Pour le mayoral de la ganaderia cette opération était nécessaire et les 6% de sang Pedrajas ainsi apporté ont permis à la ganaderia de rester en haut de l’affiche.

Le rafraîchissement a été opéré et la hache de guerre avec les professionnels de l’arène enterrée

Les années cinquante sont aussi exceptionnelles pour la ganaderia que les précédentes. Cinq novillos font la vuelta à Bilbao lors de la même tarde. Les Urquijo sont déclarés, entre autres triomphes, meilleur lot de toros de la San Isidro 1953 .

L’après Juan Manuel Urquijo

Juan Manuel Urquijo meurt en 1956. L’Espagne perd un grand banquier et capitaine d’industrie et la tauromachie un investisseur avisé. Homme prudent et prévoyant, il a organisé sa succession en faisant en sorte que seuls les héritiers mâles puissent hériter des toros.

Carlos Urquijo, son autre fils, devient co-ganadero et toros et novillos sortent, à partir de 1957, sous l’appellation Urquijo frères.

Durant les années soixante les Murube élevés à Juan Gomez sont en totale adéquation avec les désiderata des toreros. Leur charge et leur lenteur permet cette tauromachie de face, citée de loin et allongeant le toro qui succède à celle profilée de Manolete. Changement de manière de toréer mais les Murube conviennent encore et toujours.

En 1962 Antonio meurt laissant son frère Carlos seul à la tête de l’élevage.

Carlos Urquijo

Les années soixante voient les Urquijo continuer à triompher ou à faire triompher les toreros qui les affrontent. Pedres coupe trois oreilles à Séville en 1963 tout comme Diego Puerta l’année suivante. En 1966 El Faraon de Camas coupe huit oreilles aux Murube à Séville. Ordoñez ouvre la Porte du Prince en 1967 pour son retour à Séville après avoir perdu le rabo en voulant tuer à recibir.

Les premiers nuages

Cependant les nuages commencent à obscurcir le ciel au-dessus de la ganaderia. Un ancien phalangiste, ministre de 1957 à 1965, relance un projet de loi républicain de réforme agraire. La Loi des Fincas Améliorables est promulguée favorisant les productions agricoles intensives par rapport à des élevages extensifs comme celui des toros bravos. La ganaderia se voit privée de 900 ha par expropriation.

Avant de mourir, Antonio avait déjà réduit le nombre de vaches à 300. Pour ajouter au problème, la construction du Canal du Guadalquivir coupe la propriété en deux, les toros d’un côté, le Cortijo de l’autre. La gestion du bétail devient un vrai casse-tête. Carlos Urquijo gère le bétail brave mais, au contraire de son père, est pieds et poings liés pour ce qui concerne les investissements. Il doit acheter des terres pour y mettre ses vaches. Pour cela il acquiert la finca de Las Navas à Felipe Batolomé où il installe les vaches.

Le déclin

Puis il change de stratégie et achète les terres et le fer de la ganaderia de La Navarra. Avec des produits de sa ganaderia, il créé une nouvelle ganaderia au nom de sa femme. Pilar Heraiz de Urquijo. Les terres de La Navarra, où sont les vaches, sont pauvres. Il faut compenser le manque de nourriture par des apports de pienso. La rentabilité et la trésorerie de la ganaderia en souffre. Carlos réduit le nombre de vaches puis vend la ganaderia de sa femme à José Murube Ricart arrière-arrière-petit-fils de Dolores Montje et arrière-petit-fils de Joaquin Murube. La trésorerie s’en trouve provisoirement confortée mais la ganaderia Urquijo Frères est entrée dans la spirale négative du déclin.

L’horizon s’obscurcit pour la famille Urquijo. La banque familiale n’a pas su évoluer. Le cours de ces actions et ses résultats s’effondrent. Les coûts de l’élevage augmentent, la réforme agraire et l’absence d’aides pour en accompagner les conséquences sur la cabaña brava vont conduire Carlos Urquijo à contre cœur à se séparer de l’élevage familial en 1980 alors qu’il continue à triompher en particulier à Séville avec Curro Romero.

D’Ordoñez aux ganaderias d’encaste Murube-Urquijo actuelles

C’est Antonio Ordoñez qui s’en porte acquéreur. Le torero de Ronda conservera la ganaderia pendant quatre ans. Il vendra à José Romero en 1983, 133 vaches, 36 mâles et cinq sementales. La ganaderia ainsi constituée sera revendue en 1988 à El Niño de la Capea. Le reste des Urquijo et le fer d’origine de la ganaderia deviendra la propriété de José Murube qui récupère ainsi le bien familial. La boucle est bouclée.

Ordoñez gardera encore quelques temps la ganaderia inscrite au nom de Pilar Lezcano, sa seconde épouse, avant de le vendre à Juliette Fano.

De la lidia à pied au rejoneo

Les années 70 sont aussi celles de l’évolution de l’exigence du public en matière de présentation du bétail. On veut des toros de plus en plus lourds et qui humilient avec des armures commodes mais développées. Cela ne correspond pas à la morphologie naturelle et originelle des Murube (dixit Pepe Murube). Si les Murube sont hauts, l’excès de poids ne leur convient pas. De plus la recherche de la noblesse , celle qui convient bien aux toreros, et la réduction des espaces consacrés à l’élevage, s’accompagne d’une faiblesse de plus en plus présente, un manque de capacité à humilier et de transmission. Le Murube n’est pas un Parladé-Tamaron . 

Heureusement, le Murube se prête merveilleusement bien à la corrida de rejon qui est alors en plein renouveau grâce à Alvaro Domecq, aux frères Peralta puis Hermoso de Mendoza et Gines Cartagena. Si les Murube ne sortent plus à pied que dans les arènes de troisième catégorie, ils deviennent incontournables dans les corridas de Rejon y compris, et surtout, dans les arènes de première catégorie. C’est sur ce type de marché qu’à partir des années 80, les derniers dépositaires de l’encaste Murube vont se positionner.

Elevages majeurs élevant actuellement des toros d’encaste Murube-Urquijo.
José Murube

Le descendant des créateurs de l’encaste a transporté son élevage dans la finca de Cobatilla à Utrera. Le père de Pepe Murube possédait déjà une ganaderia constituée avec du desecho d’Urquijo. Quand il s’est agi de liquider la maison Urquijo, Carlos ne voulait pas vendre le fer à un Murube. Antonio Ordoñez a, en quelque sorte, servi d’intermédiaire. La famille a pu récupérer ce que ses ancêtres avaient créé.

Pepe, pour qui la sélection menées par les Urquijo, avaient conduit à produire un Murube-Urquijo très et même trop lourd et édulcoré, se met à l’ouvrage pour retrouver les lignées et les caractéristiques de l’encaste. Ganadero romantique et en possession des livres de tienta de la création de l’encaste, il cherche un toro avec le poids qui convient à sa morphologie, brave au cheval et exigeant au troisième tiers. Il veut revenir au Murube originel, de cuesta arriba, en sélectionnant ce qui correspond à ce morphotype pour la reproduction et les courses « a pie ». Il vend pour le rejon ce qui lui convient moins.

Toro de Murube
Castillejo de Huebra

C’est probablement aujourd’hui la ganaderia la plus proche du Murube d’origine séparée de l’influence Urquijo depuis 1960 et constitué d’un lot initial de qualité. Felix Cameño a alors acheté du bétail à son ami Juan Manuel et le succès est rapidement au rendez-vous. Il revend sa ganaderia en 1986 à un rejoneador colombien qui tant bien que mal exporte le bétail en Colombie. Ce qui reste en Espagne est revendu aux frères Lozano qui le vendent ensuite à José Manuel Sanchez de la famille Agustinez. Juan a épousé Pilar Sanchez-Cobaleda propriétaire avec les membres de sa famille de plusieurs fers d’origine Vega-Hermosa. Il annonce ses Murube sous le nom de Castillejo de Huebra et des toros issus d’un croisement Murube et Atanasio Fernandez sous son propre nom.

Juan Manuel décède prématurément en 2014. L’élevage est repris par ses filles Teresa et Maria José. Cette dernière, très aficionada comme sa sœur, prend la direction de la ganaderia. Elle lui redonne un souffle nouveau. Comme Pepe Murube, au contraire de son père, elle accepte de sortir en novillada ce qui lui permet de reprendre position dans le marché de la corrida à pied. La majorité du bétail est encore aujourd’hui lidié en corrida de rejon.  

Castillejo de Huebra , Gamarde 2019
La Capea-Pedro Guttierez Moya-Carmen Lorenzo

L’ancien matador El Niño de la Capea  a acheté la ganaderia d’Antonio Ordoñez à José Moreno. Parmi les bêtes achetées, il y a un toro nommé Montecillo et qui donnera comme semental des produits de très grande qualité. El Niño de la Capea crée plusieurs ganaderias à partir de son achat initial. Il privilégie dans sa sélection la branche Saavedra plus conforme à sa vision toreriste du toro de combat. Il en sortira un toro manquant de forces impropre à la corrida avec picadors. Les produits des trois fers sont lidiés quasi exclusivement en corrida de rejon.

Fermin Bohorquez

Fermin Bohorquez Zarco, homme de loi, décède en 1883 laissant à ses fils de nombreuses propriétés et un élevage de chevaux dont le fer deviendra celui des toros de Bohorquez. En 1906, Bartholomé achète la ganaderia d’Olea qui correspond à la branche de Vistahermosa que n’est pas passée entre les mains de la veuve Murube. Son fils Fermin, à la fois politicien, agriculteur, éleveurs de chevaux et toros de renom dans toutes ces activités lui succède. En 1946, il achète à Juan Manuel Murube une des sous-marques d’Urquijo inscrite au nom de Luis Vallejo Alba.

Son fils Fermin Bohorquez Escribano devient le grand rejoneador que l’on connait. Il consolidera sa ganaderia par l’apport de sementales d’Urquijo par Felix Cameno. Un des reproducteurs majeurs du fer est un toro de la famille des Montecillo et issu des 6% du rafraîchissement Pedrajas. Le rang social de son propriétaire et le sang Urquijo permettent au nouveau fer de se faire un nom et une place dans le monde des toros.

Quand la maison mère plonge dans le bâche, Bohorquez reste le seul fer d’origine Urquijo à tenir son rang. Pour continuer à lidier ses toros sans subir les exigences particulières des figuras, il les fait lidier en corrida de rejon. La ganaderia y devient incontournable. Fermin Bohorquez Domecq, son fils, également rejoneador a repris la direction de la ganaderia. Il s’efforce de revenir vers la corrida à pied d’autant plus que le marché du rejoneo commence à s’étioler. La tâche est ardue car il faut faire machine arrière après des années de sélection pour produire un toro adapté aux exhibitions des cavaliers.  

Toro de Fermin Bohorquez
Herrederos d’Angel Sanchez y Sanchez

En 1934, Angel Sanchez y Sanchez hérite d’une partie de l’élevage familial d’encaste Veragua. Il remplace les Veragua par 50 vaches et deux étalons de Carmen de Federico. Rapidement ses toros deviennent les favoris des figuras. La renommée de la ganaderia est telle qu’en 1947 Juan Pedro Domecq lui achète la quasi-totalité de ses vaches qu’il intègre dans sa ganaderia. Angel repart quasiment à zéro et reconstruit une ganaderia à partir des 30 vaches restantes. Des problèmes sanitaires limitent la taille des camadas. Quand Angel décède, son petit-fils Félix Garcia Cascon reprend la direction de la ganaderia. Avec un achat à El Capea en 1993 et une sélection très rigoureuse, Félix remet l’élevage sur les rails et se spécialise dans les corridas de rejon.

Caractéristiques morphologiques principales
  • Toros hauts, longs, et aleonados (avant plus volumineux que l’arrière)
  • Lourds et parfois ventrus
  • Robes noires
  • Cornes abrochadas, noires chez les lesaca, blanches chez lez saavedra
  • Têtes volumineuses et frisées, profil convexe ou droit, grands yeux
  • Morillos proéminents, cou variable selon les toros
  • Ensellés avec des extrémités longues et fortes
Comportement en piste
Premier tiers
  • Sortie normale répétent dans le capote
  • Se livrent au contact du cheval
  • Poursuivent le rejoneador avec alegria avec un galop régulier
Second tiers
  • Poursuivent les banderilleros sans les mettre en danger
  • Sont brillants au rejon
Troisième tiers (lidia a pié)
  • Souvent justes de forces, ils humilient peu et finissent souvent éteints
  • Charges longues suaves et répétées
  • Sont très nobles
  • Manquent de transmission
Toros marquants de l’histoire de l’encaste
  • Manzanito: negro zaino lidié par Salvador Sánchez “Frascuelo” dans la Maestranza de Séville le 9 juin 1887 et indulté
  • Playero: lidié par Antonio Reverte dans la Maestranza de Séville le18 juin 1897et indulté.  Le 20 juin 1898, il a été lidié dans la plaza de toros de Campo Pequeno de Lisbonne et à nouveau indulté.
  • Soñador lidié le 21 avril 1930 à Madrid
  • Ochavito remporte la corrida concours de Saint Sébastien
  • Billetero lidié à Barcelone le 07 avril 1940 par Manolete qui coupe un rabo
  • Morisco lidié à Pampelune le 08 juillet 1943 par Manolete qui coupe un rabo
  • Semillero, le 10 juillet 1947 , a tué deux coureurs lors de l’encierro à Pampelune. Lidié par Julian Marin, il fait une vuelta al ruedo
  • Cinq novillos de la novillada du 29 juillet 1951 à Bilbao font la vuelta.
  • Alférez: toro lidié par Andy Cartagena le 21 avril 2014 à Arles, toro de vuelta al ruedo.
Autres ganaderias de l’encaste en Espagne
  • Los Espartales
  • La Castilleja
  • Flores Tassara
  • Castilblanco
  • Santa Maria
  • Campos Peña
Principales ganaderias de l’encaste en France

La ganaderia Alma Serena a été créé avec des Murube de Viento Verde. Ce bétail a été éliminé. Juliette Fano a acheté les Murube de l’épouse d’Antonio Ordoñez. Elle a éliminé cette partie de son élevage à l’exception d’une vingtaine de têtes achetées par Paola Martin également propriétaire de la ganaderia El Palmeral.

Sources : www.terresdetoros.fr, Corps des Présidents et Alguaciles de corridas, Chaine You Tube « Les Encastes », Terres Taurines.

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