Bayonne, la non piquée tient aussi ses promesses
Bayonne, la non piquée tient aussi ses promesses
Le résumé
Prenez cinq erales encastés de différentes ganaderias du Sud-ouest. Prenez quatre jeunes novilleros, pleins d’envie, aux personnalités et styles affirmés; Saupoudrez d’un peu de contestation présidentielle à mi-course et de pluie pour lier le tout en fin de course. Vous obtiendrez une savoureuse non piquée entretenue d’un bout à l’autre.
Une nouvelle fois la non piquée bayonnaise a été très intéressante. Le triomphateur a été Clovis Germain auteur de deux bonnes faenas. Hugo Tarbelli a coupé une oreille après une faena pleine d’enthousiasme et de courage conclue par un grand coup d’épée. Pablo Hernandez , qui a confirmé qu’il était en progrès, a perdu l’oreille à l’épée.
La révelation de la matinale a été Julio Aparicio. Descendant d’une dynastie de toreros importants, le jeune garçon semble en avoir hérité une maîtrise et une suavité toute andalouse en particulier au capote . A la muleta, il est parfois brouillon puis surgissent des détails de grande classe qui devraient en faire un des novilleros à suivre lors de la temporada à venir.
La novillada vue par l’objectif de Philippe Latour (à venir)
Les erales
Très bien présentés, les erales des ganaderos du Sud-ouest ont largement contribué au succès de cette novillada matinale. Le Camino de Santiago et l’Alma Serena ont permis par leur noblesse aux novilleros de s’exprimer. Le Lartet, le plus imposant du lot, a été encasté et exigeant. Le La Espera de la finale a lui aussi fait preuve de race et de noblesse. La palme revient au novillo de l’Astarac qui bien compris par son novillero est allé à mas et a pu exprimer les qualités de charge et de répétitition des Pedrajas, cet encaste, hélas minoritaire.
Les toreros
Pablo Hernandez
Pablo Hernandez a gagné en maturité. Face à un Alma Serena noble mais avec une corne droite compliquée, il instrumente un faena appliquée avec de bons moments en particulier à gauche tant au plan technique qu’artistique. L’usage du verdugo le prive de trophées. Salut.
Novillo de Alma Serena
Pablo Hernandez reçoit le premier à porta gayola. L’eral met la tête dans la cape de Pablo Hernandez. La corne droite est compliquée. Hugo Tarbelli se fait secouer en réalisant un quite. L’élève d’Adour Aficion brinde au public. Il double avec efficacité. Il enchaîne par des derechazos. Le novillo est noble mais juste de forces. Les naturelles sont templées. Le novillero torée depuis le début par le bas ce qui lui permet de lier à droite et à gauche des séries de qualité. Le novillo va « a mas » et la corne droite est corrigée. Des pechos de rodillas concluent la faena. Pablo Hernandez entre à matar et place une demie, le novillo tombe au troisième descabello. Palmas au novillo et salut du torero.
Hugo Tarbelli
Beaucoup d’envie chez Hugo Tarbelli qui torée avec entrega un Camino qui ne baisse pas la tête. L’épée est engagée et efficace. Une oreille.
Eral du Camino de Santiago
Hugo Tarbelli reçoit le second par deux largas et des véroniques « autoritaires ». Clovis fait un quite serré par chicuelinas. Le novillero pose les banderilles, les meilleures paires sont la première et la dernière. Brindis au public, la faena commence par des doblones. L’eral ne baisse pas la tête. Tarbelli essaie de l’obliger à droite par la bas. A gauche, il le cite de loin mais se fait accrocher. Le torero s’arrime mais le toro ne s’emploie pas totalement. Le novillo devient de plus en plus complexe. Les manoltinas portent sur le public. Le Camino de Santoago est difficile à fixer au moment de tuer. Hugo s’engage et tue d’une belle entière légèrement contraire. Oreille et palmas au novillo.
Clovis Germain
Clovis Germain coupe une oreille après une faena efficace à un eral exigeant du Lartet. Les meilleures moments sont les naturelles données en milieu et fin de faena. Vainqueur de la compétiton, le nîmois a lidié le cinquième novillo, un eral noble de La Espera. Malgré la pluie, le nîmois a instrumenté une faena intéressante avec de très bons passages à droite.
Eral du Lartet
Le novillo du Lartet est très bien présenté. Les véroniques de Clovis sont efficaces et élégantes. Julio Aparicio fait un bon quite. Clovis pose les banderilles, les deux premières paires sont les meilleures. Le nîmois brinde au public. Début de faena par doblones puis derechazos, le novillo est violent. Clovis le cite de loin pour une série à droite où le torero court bien la main. Quand il réduit la distance le Lartet donne des coups de tête. A gauche, même de près le Lartet s’emploie et permet d’enchaîner des naturelles templées. A droite, le novillo a tendance à vouloir aller aux planches en fin de faena. Le final par naturelles de face et ¾ est très sincère. L’épée est entière, légèrement tombée et efficace. Oreille avec pétition de la seconde, palmas au novillo.
Eral de La Espera
Déclaré vainqueur de la compétition, Clovis Germain se voit attribuer la lidia du cinquième eral. Il l’attend le La Espera à porta gayola puis enchaîne par deux largas et des capotazos donnés avec temple. Hugo Tarbelli fait un bon quite par chicuelinas. Clovis est bousculé au moment de poser la première paire de banderilles. La dernière paire est superbe. Le nîmois commence sa faena par le haut. L’eral est noble. Les premiers derechazos sont posés et templés. A gauche, la muleta est accrochée. Sous la pluie, Clovis reprend la main droite pour un final près des cornes. Les luquesinas portent sur le public. Plusieurs pinchazos précèdent une épée trasera et tombée. Oreille
Julio Aparicio
Le “biznieto” de Julio Aparicio ne peut pas trahir ses origines. Face à un Astarac qui est allé à mas, il a instrumenté une faena variée et parsemé de détails andalous. Dommage que l’épée ait tardé à faire effet. Vuelta
Eral de L’Astarac
La réception du quatrième par Juilo Aparicio est sincère et ne dément pas les origines du jeune novillero. Brindis à Oivier Barratchart, le Sévillan, récent vainqueur des non piquées de la Maestranza, commence sa faena par des doblones. Le novillo est noble mais juste de forces. Le vent gêne le torero. Encore vert Aparicio alterne des muletazos de grande classe avec d’autres plus brouillons. La troisième série à gauche est excellente. La suivante à droite connecte avec le public d’autant plus que le novillo met bien la tête. Le torero, comme le novillo , va « à mas » et le final est très andalou même si Aparicio ne se croise pas toujours. L’épée est entière et contraire, un avis sonne. Elle tarde à faire effet, un deuxième avis sonne. Le premier descabello est le bon. Vuelta.
Fiche technique
- Arènes de Bayonne, Corrida de cloture de la Féria de l’Atlantique. Erales dans l’ordre de sortie de Alma Serena, Camino de Santiago, Le Lartet, L’Astarac et La Espera
- Pablo Hernandez : salut
- Hugo Tarbelli: oreille
- Clovis Germain : oreille, oreille
- Julio Aparicio : vuelta (deiux avis)
- Présidente : Corinne Suhas
- Clovis Germain a rafflé la quasi totalité des trophées mis en jeu par les différentes peñas bayonnaises. Hugo Tarbelli a reçu celui de la meilleure estocade.
- Un quart d’arène
- Ciel gris, la pluie s’est invitée au dernier eral.
Thierry Reboul
