Actualités TaurinesReseñas

Séville, Miura: deux oreilles de poids pour Pepe Moral

Pepe Moral a coupé deux oreilles de poids lors de la corrida de Miura à Séville. Il a su imposer son intelligence et sa douceur à deux toros exigeants qu’il a très bien tués. Il est passé à deux doigts d’ouvrir la Porte du Prince. Espérons qu’après avoir vu sa prestation sévillanne, les organisateurs penseront à lui.

Esau Fernandez a perdu à l’épée le trophée gahné après une bonne faena à un toro très encasté.

Manuel Escribano a connu une après-midi difficile.

Pour les statistiques, six toros, six portas gayolas.

Les Miura ont été très exigeants, avec de la transmission mais il était possible de les toréer comme l’ont montré Pepe Moral et Esau Fernandez. Et on ne s’est jamais ennuyé.

Les toreros

Deux silences pour Manuel Escribano qui a touché deux toros compliqués qui n’avaient pas dans leur dictionnaire le mot collaborer. En difficulté lors de ses deux faenas, il n’a jamais trouvé la solution aux problèmes posés. Le Sévillan a mal tué à chaque fois. De son après-midi, on retiendra le tercio de banderilles au quatrième ovationné par le public debout.

Si Escribano n’a pas été en mesure de résoudre les problèmes posé, Pepe Moral a lui trouver la solution.  Ses adversaires étaient exigeants. Avec beaucoup d’intelligence, il a construit en se croisant, opposant la douceur à la violence, deux très grandes faenas dominatrices et non dépourvues d’élégance. Deux grandes épées, on n’est pas passé loin de la Porte du Prince.

Esau Fernandez a touché le meilleur toro de la tarde. Sorti en troisième position, il est venu de loin au cheval mais n’a pas poussé. Exigeant, avec de la transmission mais noble, il a permis au torero d’instrumenter une faena avec de très bons passages à droite comme à gauche. L’oreille était presque gagnée mais Fernandez a mal tué. Il essayé de faire passer le dernier mais la faena est très vite allée à menos par la faute du toro.

Les toros

Ils n’ont pas été terrifiques les Miura de cette dernière corrida sévillane. Mais ils étaient présentés comme des Miuras et avaient du caractère . Très exigeants, ne permettant aucune erreur, il fallait les toréer avec intelligence. Mansos au cheval, ils demandaient à être lidiés et alors ils permettaient de construire comme l’a fait Pepe Moral des faenas avec beaucoup de transmission. 

Fiche technique
  • Arènes de Séville ,  dernière  corrida de Féria Toros de Miura
    • Manuel Escribano : silence (avis), palmas (avis)
    • Pepe Moral : oreille, oreille
    • Esau Fernandez : salut (avis), silence
  • Treize piques
  • 575, 569, 585, 561, 575 et 589 Kg
  • Présidente : Macareña de Pablo Romero Raynaud
  • Trois quarts d’arène
  • Ciel bleu

Toro à toro

Pañolero Manuel Escribano 

C’est sa marque de fabrique. Manuel Escribano attends son premier Miura à Porta Gayola. Le torero aguante puis doit céder le terrain au toro.  Il reprend par des véroniques. Suelto, l’animal n’humilie pas dans la cape. Il sort seul d’une première pique trasera.  Il charge avec violence à la seconde rencontre mais il s’échappe de nouveau au contact du fer. Le picador fait ce qu’il faut pour le châtier à la troisième, le toro se défend. Fernando Peña est applaudi.  Trois paires de banderilles du torero de Gerena, les deux premières sont à cornes passées.

Il commence sa faena à droite. Le toro a un comportement imprévisible. Il se défend avec une violence certaine. Escribano le change de terrain et, passe à passe, tire des derechazos méritoires compte-tenu du contexte. A gauche, l’animal est compliqué et dangereux. Molinete, derechazos le Sévillan tente une série puis va chercher l’épée de muerte. Plusieurs pinchazos prudents, le toro envoie à chaque fois un coup de tête visant le bras d’Escribano. Un avis sonne, et le toro se couche sans avoir été vraiment estoqué.  Le calvaire du torero prend fin. Silence.

Adobero Pepe Moral

Pepe Moral attend lui aussi son toro à porta gayola.  Il enchaîne par une larga afarolada. Le Miura fait une incursion dans le callejon tel un cocardier. Panique dans la contrepiste, à son retour en piste Moral lui sert des véroniques allurées. Premier puyazo, le toro se défend et sort flageolant de cette première rencontre. La seconde pique se limite à un simple picotazo. Dès le second tercio, le Miura est dangereux. Début de faena par doblones, le toro est court de charge et se défend dans la muleta. Pepe Moral arrache deux derechazos et un pecho.

L’homme oppose un trasteo en douceur à la violence de l’animal. Cela lui permet de lier une bonne série qui déclenche la musique. Il arrive à lier une autre bonne série à droite avant de prendre la main gauche pour une série méritoire. Faena courte,courageuse intelligente  et efficace de la part d’un torero qui n’a torée qu’une fois en 2024, et pas encore en 2025. Pepe Moral s’engage à la mort et tue d’une entière contraire, perpendiculaire mais efficace. L’oreille est largement méritée.

Tahonero Esau Fernandez

Pour ne pas être en reste, Esau Fernandez attend le troisième à la sortie des chiqueros. Le toro, un superbe sardo,  hésite, fait mine de repartir  puis charge. Le torero enchaîne sur une belle série de véroniques ovationnées par le public. Placé loin (entraînement pour Vic ?) , bien piqué le toro ne s’emploie pas lors de ses deux rencontres avec la cavalerie. Le picador est applaudi. Fernandez brinde au public. Cité de loin, le toro galope et répète. Si on peut parler de noblesse pour un Miura, il est noble. Le torero lie des derechazos appliqués. La série suivante est templée et déclenche la musique.

Le toro est encasté et transmet. A gauche, c’est moins bien. Le torero ne trouve pas le sitio sur ce piton. La corne droite est vraiment la meilleure corne comme le prouvent les derechazos suivants. Fernandez change à nouveau de côté. Il baisse la main et lie une bonne série de naturelles. Ce serait parfait si le torero n’était pas cassé en deux sur chaque muletazo. Mais ne boudons pas notre plaisir, il n’a pas laissé passer un bon toro de Miura. La demie, trasera et verticale, tarde à faire effet. Un avis sonne, le toro tombe au second descabello. Ovation au toro, salut du torero

Pañolero Manuel Escribano 

Nouvelle porta gayola, le toro saute dans la cape et ne s’emploie pas dans la cape de Manuel Escribano. Première rencontre, le Miura pousse mais la pique est trasera et carioquée. La seconde est light. Le Sévillan pose trois bonnes paires de banderilles. La dernière, al violin al quiebro et por dentro, est supérieure. Le public est debout. Escribano brinde au public. Il met rapidement le toro, qui a une charge violente  , au centre. Premier derechazo, c’est compliqué. Il prend la main gauche , le Miura a une charge courte, se retourne vite et garde la tête haute. C’est rapidement complexe. Sur l’autre piton le bicho se freine. Escribano insiste puis renonce et va chercher l’épée. Le toro est difficile à cadrer, il envoie un coup de tête à chaque entrée à matar. Escribano pinche à plusieurs reprises avant de mettre une entière « habile » juste avant que ne sonne un avis.

Inopinado Pepe Moral

Ne perdons pas les bonnes habitudes, Pepe Moral s’avance vers les toriles pour recevoir de rodillas le cinquième. Le public se lève pour applaudir une belle série de véroniques conclue par une superbe demie de rodillas. Belle mise en suerte par chicuelinas marchées, le toro transmet. Il prend deux puyazos en s’employant un peu à la première rencontre. Bonne paire de Pacual Medina, pour Fernando del Toro c’est plus compliqué. Pepe Moral commence par des doblones, le piton droit est menaçant. Comme à son premier, il se croise, torée en douceur et canalise l’agressivité du Miura.

Bien positionné, il embarque son toro dans deux bonnes séries de derechazos. La musique joue. A gauche, les débuts sont difficiles. Il emploie la même méthode, toréant avec le vuelo, il lie de très bonnes naturelles. La faena va à mas. Enchaînement droite, gauche le Miura a rompu (dans la mesure où un Miura peut rompre). Beaucoup d’officio et toreria, la faena est d’importance. Nouvelle grande estocade, le toro tombe rapidement. Le public debout agite les mouchoirs.  Une oreille, forte pétition de la seconde. Bronca au palco

Chocero Esau Fernandez

Pour ne pas être en reste, Esau Fernandez s’agenouille devant le toril pour recevoir le sixième et dernier Miura. Il aguante puis se fait arracher le capote une fois relevé. Son toro a tout d’un animal exigeant. Mal piqué, il pousse sur la corne droite à la première rencontre. La seconde est donnée pour la forme. Esau Fernandez met le toro au tercio et entame sa faena par des derechazos. Il passe à gauche, le Miura est noblote  mais manque d’alegria.  Il est deslucido. Le torero s’applique, torée bien mais la faena ne transmet pas. La faena va a menos et Esau Fernandez abrège. L’estocade est desprendida et en avant. Le toro tombe au premier descabello. Silence

Thierry Reboul corrida vue sur Canal Sur

Verified by ExactMetrics