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Séville, corrida encastée de Santiago Domecq

Séville, corrida encastée de Santiago Domecq


Sans atteindre à mon sens le niveau de la corrida de la feria 2024, le fer andalou a proposé, pour le premier jour de la feria officielle, un lot encasté qui aura maintenu un intérêt majeur du début à la fin. Un régal pour l’aficionado. Sans trophée coupé, ce n’est pas faire offense à la terna du jour, de penser qu’elle est passée à côté d’un résultat plus retentissant.


Résumé

Les toros


Bas, fins, musclés ce qu’il faut, sans gras superflu, armés offensifs et astifinos, le lot est de présentation irréprochable. Un peu plus disparate sur la balance, de 508 à 571 kg (moyenne 545 kg). Côté moral, les toros de Santi Domecq ont tous, sans exception, fait étalage d’une caste permanente qui s’est manifestée de façon différente et parfois trahie par de la faiblesse chez certains exemplaires (3, 4 et 5). Pour ce qui concerne les piques, rien d’exceptionnel. Aucun ne rechigne au cheval et pousse régulièrement selon ses possibilités. Le châtiment est souvent dosé pour ne pas compromettre la suite, surtout en présence d’un torero banderillero.

On retiendra cependant, les belles arancadas du premier Duquesito et la magnifique première pique donnée par Tito Sandoval à Almirante sorti en 6.
Anárquico, sorti en 2, cinqueño colorado de 558 kg, a été le plus en vue. Sa grande classe et ses charges vibrantes et répétées sur les deux pitons lui valent les honneurs posthumes. Duquesito le 1 er , est un toro exigeant mais qui baisse de ton en fin de combat. Pour ma part, le toro de la course aura été le dernier, Almirante. Le seul véritable brave, de caste vive, surveillant tout ce qui bouge en piste, mettant en déroute la cuadrilla de Jiménez et faisant preuve d’une charge agressive tout en restant abordable sur les deux pitons. Cet Amiral, tombé au combat dans la nuit sévillane, n’a pas été reconnu à sa juste valeur, par un public affamé, pressé d’en finir, à presque 22h.


Les toreros

Manuel Escribano


Auréolé des deux oreilles coupées lors de la corrida de Victorino, Manuel Escribano est attendu. Muni de son capote à revers blanc, il va s’agenouiller devant la porte du toril. Geste valeureux, mais venant de lui, il n’est plus réellement une surprise. Il s’ensuit des véroniques serrées, le bicho freinant dans le capote. Placé à distance, Duquesito prend deux belles piques en engageant le galop, se payant même le luxe de désarçonner le lancier sur la deuxième. Ovation au picador Juan Francisco Peña. Beau quite de Perera par chicuelinas avant un tercio de banderilles allant a mas, pour finir par un superbe quiebro al violin, le long des planches.

Début plaisant par statuaires avec changement dans le dos. Le toro a une charge violente qui ne demande qu’à être canalisée, ce que parvient à faire l’Andalou avec sa main droite, par des séries liées mais sans réel engagement. Lorsque Manuel prend la gauche, le toro a perdu de son allant et les retours sont brusques. La faena va a menos. Manuel n’insiste pas. Entière tendida après pinchazo. Silence et ovation à l’arrastre.

Un quiebro puis..


La quatrième toro, Manipulado, est un superbe negro liston de 571 kg armé fin et agressif, applaudi à son entrée. Hélas, dès les premiers capotazos, il nous semble avoir l’arrière-train ankylosé. Le toro est économisé en deux piques peu poussées. L’animal est faible et ouvre la gueule dès le tercio de banderilles mené par Manuel. Son point culminant intervient à la dernière paire dans un quiebro parti assis de l’estribo, le silence est émouvant, juste interrompu par le sublime solo de trompette du paso Davila Miura. Ovation debout, partagée par le torero et le musicien. Le reste est anecdotique. Le Gerenense s’évertuant à vouloir faire charger un toro cabeceo qui avance sans jamais engager le galop. La faena est dépourvue d’émotion. Pinchazo et entière caída. Silence et sifflets à la dépouille.

Miguel Ángel Perera


M. A. Perera dont on peut souligner ici, qu’il est une des rares figures du top 10, à ne pas se cantonner aux élevages dits de garantie, hérite de la pépite de la course, Anárquico, superbe colorado de 558 kg. Les véroniques initiales avortent par la perte du capote. Il s’ensuit deux piques non poussées et un quite de Borja Jiménez par chicuelinas, quelconque. Le tercio de banderilles est tout aussi banal. L’Extremeño, qui a senti les possibilités de son adversaire, brinde à tous et pose délicatement sa montera au tiers.

Dommage l’épée…

L’œuvre peut débuter par statuaires calmes et cadencées, achevées par une passe de dédain qui déclenche les olés et surtout qui révèlent la charge franche du bicho. Le vent est un peu gênant mais peu importe, les séries classiques, d’un goût exquis sans une once de vulgarité, vont s’enchaîner. La main est basse et Anárquico répond en humiliant dans des charges vibrantes et profondes des deux bords. Difficile de ressortir une série plus qu’une autre, mais je retiens la sublime série de naturelles, conclue par un immense pecho comme la signature de ce faenon. Les deux oreilles sont assurées. Hélas, le maniement des aciers en décide autrement. Entière en place lente d’effet. 1 avis. Descabello inefficace. Deuxième avis. Salut appuyé, et mouchoir bleu pour la noblesse vive à la dépouille de Anárquico.


Le cinquième, Celestino, est un impressionnant castaño applaudi. Il sort abanto. Perera le conduit au centre par un capoteo plus technique qu’esthétique. L’animal manque de force et sort à genou des deux picotazos. Le toro s’affale à nouveau lors de la première série de muletazos. Le trasteo est distillé sans ligazon, uniquement destiné à maintenir le toro debout. Le public demande au diestro d’abréger. Entière dans la croix. Silence et sifflets nourris pour le moins bon du lot.

Borja Jiménez


Lui aussi revient après avoir coupé les deux oreilles d’un Jandilla quelques jours auparavant. Zahareno est harmonieux et astifino. Bonne série de véroniques en avançant vers le centre. Le toro est brave en une première pique prise en carioca et soulevant le cheval, la deuxième en suivant sans mise en suerte est également poussée. Le quite de Escribano est sans intérêt. Borja débute de belle façon en doublant son adversaire de façon efficace genou ployé. Le natif d’Espartinas décide de lui donner de la distance mais le toro a une charge violente qui se resserre à chaque passe.

Sur la troisième série de la droite, Jiménez trouve le bon sitio mais le toro sort distrait fixant les tendidos. À gauche, le trasteo manque de rythme, la jambe d’appui est en retrait et comme le toro baisse d’un ton, Borja décide d’en finir. Pinchazo suivi d’une demi-lame en place, avis, deux descabellos. Silence et applaudissements à l’arrastre.

Place au dernier


Pour finir, sort des chiqueros, Almirante, joli negro bien armé. Borja Jiménez a décidé de l’attendre à la porte. Il s’ensuit une bonne série de véroniques conclues par une demi de rêve. Grande pique de Tito Sandoval qui préserve le toro, qui charge par devant et soulève la monture de façon impressionnante. La deuxième pique ressemble à un picotazo poussé. Almirante a-t-il été suffisamment piqué ? Quoiqu’il en soit, il règne en maître en piste, attentif à tout ce qui bouge, et met en difficulté la cuadrilla pour les banderilles, amenant le président à changer de tercio alors que seulement 3 bâtonnets sont en place.

Jiménez décide de débuter à genou, mais Almirante lui fait vite comprendre qu’il veut, face à lui, un adversaire debout ! Et là, ça change tout. Le toro offre une excellente corne droite avec une charge profonde déclenchant illico la musique. Ce toro exige une muleta autoritaire et dominatrice que Borja est incapable de lui offrir. Les naturelles sont brouillonnes, ne respectant pas les temps et résultant « tirebouchonnées ». Ce toro de caste vive, sort vainqueur du combat en gardant la gueule fermée, et aurait mérité autre lidia. Pour couronner le tout, un infâme bajonazo. Avis. Silence et ovation à Almirante, qui sort dans l’indifférence générale de la nuit sévillane.


Conclusion

Bonne corrida de Santiago Domecq, dont les pupilles ont conservé, pour des raisons diverses, toutes leurs oreilles.


Olivier Castelnau

Fiche technique :
  • Séville. 10 ème de feria. Toros de Santiago Domecq, bien présentés, encastés, et de jeux variés. Vuelta au 2, Anárquico, n° 116, colorado, 558 kg, né en février 2020 pour
    • Manuel Escribano : silence, silence
    • Miguel Ángel Perera : ovation (2 avis), silence
    • Borja Jiménez : silence, silence (1 avis)
  • 12 piques
  • Public : lleno
  • Météo : soleil revenu, température printanière agréable

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